Chapitre 47

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L'odeur de moisissure et d'huile brûlée m'irrite les narines. L'obscurité de l'entrepôt est à peine percée par quelques rares faisceaux d'éclairage filtrant à travers des vitres poussiéreuses et cassées. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, mais les secondes qui s'écoulent sont interminables. Mes poignets ligotés sont douloureux, mes jambes tremblent non seulement de peur mais aussi d'épuisement.

La femme au sourire aussi coupant que le claquement de ses talons contre le sol bétonné, me dévisage de haut en bas comme si je n'étais pas déjà plus bas que terre. Elle arbore une allure nonchalante comme si elle venait de finir une longue journée de travail arasante. Ses cheveux noirs corbeau tombent en cascade sur ses épaules, et elle porte des lunettes qui donnent à son regard une intensité insoutenable. Mais qui peut-elle bien être, et que me veut-elle !

- Je craignais que mes hommes t'aient trop malmené, dit-elle, sa voix chargée de moquerie. Mais il faut croire que tu es plus solide que tu en as l'air. Elle marque une pause pour me laisser digérer l'ironie de ses mots. Ne t'inquiète pas, la soirée ne fait que commencer.

Je déglutis difficilement, ma gorge sèche comme du papier de verre. La terreur me paralyse. Ses mots sont comme des lames qui s'enfoncent dans mon cœur. Elle semble se délecter de ma peur, et je sais que pour elle tout ceci n'est qu'un jeu. Je le vois dans ses yeux.

- Qu'attendez-vous de moi ? Ma voix tremble malgré mes efforts pour paraître courageuse.

- Des questions, toujours des questions, répond-elle avec un sourire en coin, tu n'en as pas assez, Guiliana ? Elle penche la tête sur le côté, ses ongles manucurés effleurant le bout de sa lèvre comme si elle pesait le pour et le contre, ou que la situation l'amusait. Hum, je suppose que je peux te donner un petit aperçu. Elle s'avance vers moi, son sourire s'élargit. Tu vois, ce n'est pas vraiment toi que je veux. Toi, tu es juste un moyen d'atteindre mon objectif.

Elle se détourne et je la regarde fouiller dans une vieille armoire métallique. Elle en sort un objet lourd que je ne peux distinguer clairement. Puis, la porte s'ouvre à nouveau et deux hommes traînent un corps à moitié conscient à l'intérieur. Mon cœur manque un battement.

- Jim ? Je murmure, paniquée par l'aspect de son corps ensanglanté, strié d'ecchymoses, de ses vêtements déchirés et de son visage méconnaissable.

- Oh, tu le reconnais ? S'exclame-elle en riant. Ne t'inquiète pas, il va bien...enfin, pour l'instant !

Jim gémit faiblement alors que les hommes le jettent sans ménagement sur le sol. Je peux voir la douleur dans ses yeux, même s'il est à peine conscient. Je veux crier, lui dire de tenir bon, mais les mots restent coincés dans ma gorge.

- Tu vois, ma chère, Jim ici présent a commis quelques erreurs, continue-t-elle, ses yeux brillants d'une lueur sadique. Et maintenant, c'est à toi de l'aider à les réparer. Mais d'abord, voyons combien de temps tu peux tenir avant de craquer. Elle s'approche de moi, un couteau scintillant dans sa main. J'ai toujours aimé les films d'horreur, pas toi ?

Je secoue la tête, les larmes coulant librement.

- S'il vous plaît, ne faites pas ça !

- Ah, tu vois, c'est justement là que tu te trompes, elle rit de plus belle. Je suis douée pour ça. En plus, c'est tellement amusant !

Elle commence à tracer des lignes légères mais précises sur ma peau avec la pointe du couteau, juste assez pour provoquer de la douleur sans vraiment me blesser. Chaque coupure est une agonie, mais je refuse de crier. Je ne veux pas lui donner cette satisfaction.

- Tu sais, j'adore faire des blagues, ça aide à détendre l'atmosphère. Alors, selon-toi, pourquoi les squelettes ne se battent jamais ? Elle attend ma réponse, mais je reste silencieuse, mon souffle rapide et saccadé. Parce qu'ils n'ont pas les tripes. Elle rit à sa propre blague, et je me demande comment quelqu'un peut être aussi timbré !

Jim grogne à nouveau, et je tourne la tête pour voir les hommes le relever. Il essaie de se défendre, mais il est trop faible. Un des larbins lui donne un coup de poing dans l'estomac, et il s'effondre à nouveau, crachant du sang.

- Arrêtez, laissez-le tranquille ! Je hurle, ma voix brisée par le désespoir de le voir aussi mal en point.

- Tout dépend de toi, ma chère, dit-elle en se penchant vers moi, ses yeux noirs plongeant dans les miens. Ton petit-ami a quelque chose que je veux, et je suis sûre que tu vas m'aider à l'obtenir. N'est-ce pas ?

Je secoue la tête, envahis par la peur :

- Je ne sais rien, je vous le jure !

La femme sourit, mais cette fois il n'y a rien de joyeux dans ce sourire.

- C'est ce qu'on verra. Elle se tourne vers ses hommes. Conduisez-le dans la pièce adjacente.

Ils traînent Jim hors de ma vue, et je me sens encore plus impuissante. Je suis terrifiée, seule, et je ne sais pas combien de temps je pourrai résister. La femme se redresse et fait quelques pas en arrière, son regard toujours braqué sur moi.

- Où en étions-nous ? Ah oui, je me souviens ! Nous étions sur le point de passer un très mauvais moment.

Je ferme les yeux, anticipant ce qui va suivre. Mais rien ne peut vraiment préparer quelqu'un à une telle horreur. Douleur, peur, et incertitude forment un cocktail de terreur pure.

Et pendant ce temps, elle continue de sourire, comme si tout cela n'était qu'un jeu. Un jeu où je suis le dommage collatéral.

 Un jeu où je suis le dommage collatéral

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BE MINE IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant