Chapitre 13

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Rahim poussa un soupir désespéré. Je me renfrognai sur ma chaise en le fixant d'un air mauvais. Si sa sœur était bonne pédagogue, malgré mon niveau de connaissance en sciences botaniques proche de zéro, ce n'était pas son cas à lui. Le fils de Vaëlle ne faisait pas preuve d'une grande patience à mon égard, c'était le moins que l'on puisse dire.

– Bon, je vais reprendre depuis le début. Arrête-moi si mon discours te paraît trop compliqué.

Je grimaçai en signe d'approbation. Armila, la jolie plante pas très futée, voilà ce que j'étais.

– Très bien. Dans notre monde coexistent deux espèces douées d'intelligence, de langage et de culture : les humains et les Faés.

– N'abuse pas, mon cas n'est pas si catastrophique.

– Les humains, créatures mortelles à l'espérance de vie courte, mais à la reproduction rapide, ne possèdent aucun don lié à la magie du Grand Tout, notre créateur. Tu suis ?

Je levai les yeux au ciel. Était-il obligé de prendre ce ton condescendant ?

– Les Faés sont, quant à eux, plus anciens. Ils sont venus presque en même temps que le monde. Pour assurer sa viabilité, le Grand Tout légua une partie de la magie des quatre éléments à des êtres suffisamment sages et réfléchis pour en faire bon usage.

– Sages et réfléchis ? C'est une blague !

– Disons que c'était la théorie. Bref. Les Faés ont reçu le don d'immortalité, et dans chaque famille, un élu plus puissant que les autres, fut appelé à régner sur son peuple. Mais hormis cela, Sylphes, Korrigans, Ondins et Démons n'ont pas grand-chose en commun. Enfin, si... ils manipulent leur élément et communiquent avec les esprits qui leur sont associés. Mais c'est à peu près tout.

– L'amour de la guerre ? Le goût du conflit ?

– Ne sois pas méprisante, tu es l'une d'eux.

– Ça reste à prouver.

– C'est prouvé. Je poursuis, si tu acceptes de me laisser parler. Leurs différences et leur tempérament belliqueux ont fait qu'ils ont très vite choisi de partager l'île en quatre royaumes. Ewaden à l'Ouest, peuplé par les Ondins et construit autour du lac sacré des nymphes. Ce sont les terres de ton père, et donc les tiennes.

– Guillem pense que je serai une Sylphe.

– Une Sylphe ? s'étonna Rahim. Comme ta mère ? Voilà qui expliqueraient les quelques reflets violets de tes iris.

Je haussai les épaules.

– Les Sylphes sont liés à l'Air et communiquent avec ses esprits : les spectres. Ils habitent au Sud de Derams, à Fytalie. C'est là d'où nous venons, Monessa et moi. Leur politique de contrôle des dotés est très... stricte.

– Vous en gardez des souvenirs ?

– Moi, oui, quelques-uns. Mais Monessa n'était qu'une toute petite fille qui marchait à peine. Grâce à Vaëlle, nous avons pu fuir une mort certaine en nous réfugiant ici, à Maleda, royaume des Korrigans, les Faés de l'élément Terre. On nomme « gnomes » l'ensemble des esprits associés à cet élément et présents en quantité dans les vastes forêts de ce territoire. Les Korrigans sont les plus secrets des immortels, mais aussi les plus extrêmes dans leur réaction.

– J'ai entendu parler d'une guerre où ils auraient déchiré Derams pour isoler les Démons.

– Oh, tu connais l'histoire de la faille de la colère, creusée il y a mille cinq cents ans par les Korrigans après un accès de rage. Radical. Ils ont ainsi mis fin au conflit qui fut par la suite nommée guerre de la grande colère. Tu n'es pas si inculte que ça finalement !

Elementals - la saga d'Armila (livres 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant