Chapitre 3 - livre 2

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Je restais hébétée, en attente d'une confirmation de Guillem. Azrel, à Fytalie, demain ? Mais... comment cela pouvait-il être possible ? Je venais d'avoir la preuve de la sincérité de ses sentiments et des traitements ignobles qu'il subissait. J'étais à la fois bouleversée de le savoir victime des tortures de son père, et incrédule quant à sa présence à cette fichue cérémonie.

– Remokus nous a appris la nouvelle il y a deux semaines, expliqua Guillem d'une voix douce. Dans un premier temps, j'ai essayé de convaincre le seigneur Alan que c'était une bien mauvaise idée. Outre le fait que je veuille le tuer pour ce qu'il a fait à mon frère, tu vas mal, ma fille, très mal. Je n'ai pas envie que tu te retrouves confrontée à son indifférence. De plus, je trouve sa venue étrange. Après tout le tort qu'il a causé, son père ne peut ignorer que sa présence sera mal vue. Cela ressemble à un piège. Qui sait ce qu'Azrel pourrait entreprendre en profitant de ta fragilité ?

Mon cœur se retourna. Mes poings se serrèrent et je sentis mon corps se contracter.

– Je ne suis pas faible, marmonnai-je en contenant ma colère. Et je suis sûre de ce que j'ai entendu et ressenti grâce au rituel de Rahim. Soit il a réussi à fuir, soit son père doit encore le tenir avec un serment élémentaire ou je ne sais quelle manœuvre perverse !

– D'accord, d'accord, calme-toi. Rahim, qu'en penses-tu ?

– J'ai respecté toutes les étapes de l'ouverture des voies. Je n'ai rien repéré d'anormal qui pourrait permettre de douter de la véracité des impressions d'Armila. Cependant, certaines choses m'étonnent.

Rahim gratta sa barbe naissante en plissant le front. Puis il reprit à mon encontre :

– Tu dis avoir vécu un épisode passé, alors que tu aurais dû voir le présent. Soit, il s'agit peut-être d'un léger défaut dans ma formule. Ce n'est pas tout. Il est normal d'entendre des voix, mais très étrange qu'elles soient associées à des ressentis physiques. Et... ton cabot, il semble avoir servi de catalyseur.

Je regardai Faucon du coin de l'œil. J'ignorais ce que signifiait ce dernier mot. Cependant, il était hors de question de l'avouer, et j'hésitai à parler du changement de couleur des iris de mon compagnon à quatre pattes. Comme s'il devinait mes pensées, Faucon colla sa truffe humide à ma joue et me lécha affectueusement le visage.

– Quelles sont tes conclusions ? demanda Guillem.

– Il faut garder Azrel à l'œil. Armila, ne tente rien auprès de lui, je te suggère plutôt d'observer son comportement à distance, pour essayer d'y déceler un indice sur son état physique et émotionnel.

– Tu es un bon premier sorcier, s'exclama Monessa en tapotant l'épaule de son frère. Tu ne devrais pas le renvoyer, Armila.

Mon oncle tiqua, et la petite blonde écarquilla les yeux en réalisant sa bourde. Sidurg la tira à lui en m'adressant une moue désolée.

– Il est hors de question que tu te sépares de Rahim, fit l'Ondin en dissimulant maladroitement sa colère. À moins que tu aies l'intention d'embaucher Monessa, ce qui déplaira fortement à Vaëlle.

– Je n'ai pas besoin de premier sorcier ! m'emportai-je. Je me débrouille très bien toute seule ! Si c'est pour recevoir un conseil de temps en temps, Lucina ou toi pouvez très bien faire l'affaire !

– Je vais repartir quelques semaines, s'énerva Guillem. Et Lucina a beaucoup de travail puisqu'elle doit rattraper ce qu'elle a raté ces trois dernières semaines tout en assumant les tâches de Coralina. Ta grand-mère est trop souffrante pour remplir ses fonctions.

– Je m'en fiche ! Je n'ai besoin de rien ni personne ! Tout ceci n'est qu'une mascarade !

– Armila ! J'ai tout risqué pour te mener ici, dans un lieu où tu es en sécurité ! Arrête de...

Elementals - la saga d'Armila (livres 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant