Chapitre 13 - livre 2

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– Mais où avais-tu la tête !

Faucon me lécha le visage en signe de soutien tandis que Rahim me remontait les bretelles. Monessa soignait tant bien que mal la profonde morsure dont Sidurg avait écopé dans la bataille. La faute à ma boule de poil ingérable, évidemment.

– Moi qui voulais rester quelques jours ici, c'est fichu, poursuivit le rouquin. Bonjour la discrétion ! Ton homme a hurlé comme un possédé en essayant de te tuer !

– Il n'essayait pas de me tuer ! Il a paniqué parce qu'il ne se rappelait plus qui il était et ce qu'il faisait là.

– Oui, partons vite, me coupa Monessa. Tout le monde me regardait de travers quand je suis descendue demander de l'onguent cicatrisant.

Faucon me lécha la main. Il est moi. Qu'est-ce que cela signifiait ? Qu'était Faucon exactement ? Avait-il été envoûté par Azrel ? Est-ce qu'il pourrait le sauver d'une quelconque manière ? J'essayais de me remémorer ce que mes amis m'avaient appris sur la magie supérieure. Les Ondins hypnotisent, les Korrigans vident un individu de son essence, les Sylphes... hum... une histoire de manipulation de l'esprit. Et les Démons ? Non, ça ne collait pas, les Démons brûlaient l'essence élémentaire d'autrui pour se l'approprier. Azrel avait-il demandé à sa sœur de pratiquer un deuxième sort de sang ? Impossible, elle était déjà morte quand son père l'a forcé à conclure le serment inviolable me concernant.

– Tu écoutes ?

– Hein ?

– Armila, je t'adore, vraiment. Mais... ce que tu peux être agaçante parfois !

Rahim était énervé, et je le comprenais parfaitement. Pourtant, il me couvait du regard avec une mine soucieuse digne de Guillem. À cette pensée, une sensation de vide me donna le vertige. Mon oncle me manquait horriblement. Et même si j'étais heureuse que mes amis soient là à me soutenir de manière indéfectible, je n'en demeurai pas moins un poids pour eux. Sans parler d'Azrel qui avait tout perdu par ma faute. Le pauvre s'était réveillé complètement sonné et incohérent. Nous étions repartis pour un tour. Mais cette fois-ci, j'étais plus confiante que jamais. Il avait été lui-même pendant plusieurs minutes, bien que sa mémoire fut défaillante et qu'un tel effort l'avait mené tout droit vers une nouvelle crise.

J'aidai mes amis à plier bagage, ce qui fut rapide puisque nous n'en avions pas, et nous retournâmes aux paddocks extérieurs sous les regards appuyés des humains présents. Je gardais les yeux baissés et ma capuche rabattue, mais je sentais leur méfiance à notre encontre me piquer comme des milliers d'aiguilles. Notre départ anticipé nous valut un surplus de quelques pièces, mais nous étions trop pressés pour nous plaindre. Je me remis à respirer librement quand le village fut hors de notre vue.

J'avais répété aux trois dotés ce qu'Azrel m'avait raconté sur Faucon, et ces informations les laissèrent pantois. Nous étions partis si vite que nous n'avions pas fait de réserve de nourriture ni racheté de vêtements alors que le froid se faisait plus mordant. D'un commun accord, nous avions décidé de retenter l'expérience à la prochaine ville.

– Je suppose que cette fois, je ne pourrais pas espérer être détaché, soupira Azrel.

– Non, en effet, gronda Sidurg.

– Toi, tu es le compagnon de la blonde insupportable.

– Sidurg, précisai-je. Il s'appelle Sidurg. Comment te sens-tu ?

– Comme un monstre sur le point d'être bâillonné. J'imagine que c'est le prix à payer pour ta sécurité, Romiya.

– Qu'est-ce qui s'est passé Azrel ? Qui t'a fait ça ?

Elementals - la saga d'Armila (livres 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant