Chapitre 39

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– Ce chien est trop bizarre, grommela Monessa.

– Je croyais qu'il était mignon ? demandai-je en me regardant sous toutes les coutures dans le miroir de la chambre que je partagerai provisoirement avec mon amie.

Lucina m'avait apporté une robe fendue horizontalement au niveau du dos afin qu'elle ne se déchire pas la prochaine fois que mes ailes sortiraient. Si elles ressortaient un jour, car depuis qu'elles s'étaient rétractées, c'était comme si elles n'existaient plus. Je ne sentais absolument pas leur présence.

Le reste de la tenue était plus classique. Couleur émeraude, le tissu des jupons était léger et vaporeux. Le bustier épousait à la perfection ma nouvelle taille d'une finesse à faire pâlir d'envie toutes les petites bourgeoises de Lazula. De magnifiques broderies dorées ornaient le décolleté et les tours de manches. Lucina avait voulu tresser mes cheveux, mais j'avais refusé, pas encore prête à partager un moment si intime avec ma tante. Du coup, ils s'étalaient de part et d'autre de mes épaules en de jolies ondulations. Je n'arrivais toujours pas à regarder mes yeux : d'un violet vif, ils étaient la preuve la plus évidente de ma nature Sylphe. Mes oreilles étaient aussi un problème. J'étais contente de les savoir moins longues que celles des Faés de l'Air, mais elles restaient plus étirées que celles des humains et je ne pouvais m'empêcher de grimacer en touchant leurs pointes... acuminées.

– Est-ce que tes nouvelles oreilles t'intéressent plus que ma vie amoureuse ? s'offusqua Monessa.

– Elles me contrarient, contrairement à ton histoire avec Sidurg. Je t'écoute, Monessa, raconte-moi tout.

– Je ne vais omettre aucun détail !!! Par le Grand Tout, j'ai honte de l'avouer, mais ton départ a considérablement participé à notre rapprochement.

– Eh bien, ça aura au moins servi à quelque chose.

– J'étais tellement horrifiée quand je me suis réveillée et que Guillem était à moitié fou. J'ai cru qu'il allait perdre la raison, il répétait en boucle qu'il tuerait le... hum... je ne sais pas si je peux le dire... le salaud, bon tu vois, je l'ai dit. Donc, il voulait tuer le salaud qui lui avait enlevé sa fille. Il ne rigole pas, le Guillem, il se prend vraiment pour ton père. C'est tellement miiiiignon !

– Bon sang, Monessa, tu as l'intention de faire nuit blanche ? Je t'assure que certains détails peuvent être tus !

Je me refusais de l'avouer, mais la candeur de la petite blonde me faisait du bien. Elle était si pétillante, naturelle, enjouée ! Encore une fois, je ne pus que constater à quel point nous étions diamétralement opposées, et en même temps si complémentaires.

– Mademoiselle Rabat-Joie est de retour ! s'excita mon amie sans se vexer. Tes sarcasmes m'avaient manqué. Bon, évite de m'interrompre si tu veux avoir une chance de dormir une heure ou deux.

– Monessa !

– J'étais donc vraiment, vraiment au plus mal. Sidurg est venu me réconforter. Il m'a dit qu'il avait été envoyé par le seigneur Alan pour assurer ta sécurité, et qu'il te retrouverait. Le problème étant que le susnommé Alan a débarqué quelques heures plus tard. Nous étions en pleine réflexion sur la tactique à adopter. Guillem souhaitait que Sidurg nous escorte, maman, Rahim et moi, jusqu'à la cour de Fytalie, mais évidemment, mon Sidurg voulait participer à ta recherche. C'était tellement...

– Mignon ?

– Non, courageux.

Je levai les yeux au ciel en retenant un sourire. Monessa poursuivit sans rien perdre de sa verve :

– Arrête de m'interrompre ! Je disais donc qu'Alan est arrivé. Il regardait ma mère et Rahim d'un œil mauvais, mais quand Guillem lui a expliqué la situation, ce sale type a complètement oublié sa rancœur envers ma famille. Il a explosé comme un grain de maïs dans l'âtre. Pop !

Elementals - la saga d'Armila (livres 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant