Chapitre 24

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J'avais perdu connaissance. C'était la première fois que j'en arrivais à un tel extrême. Je ne savais pas si cela était dû à l'aggravation du mal qui me rongeait ou au choc des révélations de Guillem. Ou un mélange des deux. Bien qu'à présent réveillée, je me sentais dans un état second. Les voix graves et furieuses d'Azrel et mon oncle me donnaient la nausée. Rahim m'aida à me redresser, ce qui eut pour effet de faire taire les deux Faés. Ils se précipitèrent vers moi et s'agenouillèrent chacun d'un côté, Azrel en profita pour éjecter ce pauvre Rahim sans aucun ménagement.

– Comment te sens-tu ? Tu as mal quelque part ? m'interrogeait-il d'un ton inquiet. Rahim ! Ramène-lui de l'eau au lieu de gober les mouches ! Tu as faim ?

– Armila, on va trouver une solution, renchérit Guillem.

– En l'emmenant à Fytalie ? s'énerva le Démon. Personne ne pourra rien pour elle chez ces dégénérés !

– Alan se tient pour responsable de la fuite et donc de la mort de sa fille, il mettra Armila en sécurité.

– Mon père pourra l'aider.

– Et comment ?

– À Vourl, nous avons des dotés bien plus puissants que ta misérable sorcière !

Guillem lâcha ma main pour bondir sur mon compagnon en poussant un rugissement effrayant. Les deux hommes entamèrent un combat au corps à corps que j'observai d'un œil distant, toujours sous le choc de... par le Grand Tout ! J'étais à la fois héritière de Fytalie et d'Ewaden, deux royaumes dont les relations étaient relativement tendues. Eryne, sorcière vengeresse, avait abusé de la confiance de mes parents et de mon oncle en profitant de l'accouchement de ma mère pour l'assassiner. Elle devait avoir une rage immense en elle pour ainsi oser duper trois Faés. Je songeais tristement qu'une venue au monde aussi catastrophique devait certainement me destiner à un avenir funeste. Pourtant... je ne pouvais m'empêcher de penser qu'Azrel représentait un espoir. Mon espoir, malgré tout le mal qu'il se donnait pour me faire croire le contraire.

– Assez ! hurla Vaëlle tandis que les deux invités de mon oncle avaient rejoint la bagarre. Ce n'est pas ainsi que nous allons aider Armila. Hen, Sidurg, vous êtes ici afin de l'escorter en toute sécurité jusqu'à la cour du seigneur Alan.

Ah bon ?

– Nous ne prendrons pas le risque de désobéir à un grand Faé. Alan Paskey a déjà de nombreux griefs à mon encontre, et je souhaite faire partie du voyage.

– Mon amour, non..., gémit Guillem.

– J'étudie ce sort depuis deux mois. J'ai beaucoup avancé dans mes recherches, et je pense que la cérémonie de l'appel des Éléments fonctionnera encore mieux dans un lieu imbibé de la magie de l'Air.

Plus de protection, ils arrivent...

– Plus de protection, ils arrivent, répétai-je.

– Que dis-tu ? fit Guillem en retournant à mes côtés.

– Ce sont les spectres...

Ils veulent ta mort, Armila !

Je n'eus pas le temps d'ouvrir la bouche qu'Azrel m'empoigna par le bras pour me tirer à lui. Il était si rapide que je crus vomir sur son épaule, et en un clin d'œil, je me retrouvais à l'étage.

– Reste ici, m'ordonna-t-il. Je reviens. Ne t'approche pas des vitres.

Et il plaqua ses lèvres sur les miennes pour m'offrir un baiser qu'il approfondit avec ardeur. Il se détacha trop vite à mon goût et repartit en fermant la porte. En bas, des bruits de verres brisés suivis du cri strident de Monessa me firent frissonner. Faisant fi des consignes d'Azrel, je courus à la fenêtre pour tenter de comprendre ce qu'il se passait. Des hommes et des femmes, une bonne dizaine, tous vêtus de tuniques d'un bleu sombre agrémenté d'une vaque pâle : la tenue d'Ewaden. Ils lançaient des sortes de flash lumineux en direction du manoir. Des dotés, sans l'ombre d'un doute. Des soldats de Flora. Ils me cherchaient. Je vis alors Guillem s'élancer dans le tas, une longue épée à la main. La lame qui venait de se matérialiser était en apparence faite d'Eau, et pourtant, elle décapita sans mal le premier attaquant. Non loin de lui, Azrel se battait en corps à corps avec un homme de carrure impressionnante. Mon cœur eut un raté quand il fut projeté hors de mon champ de vision. Je me penchais au maximum, mais une jeune femme aux yeux allongés me repéra et appela ses collègues. Et zut !

Elementals - la saga d'Armila (livres 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant