Chapitre 18

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Après deux grosses heures de repos forcé et une série de tests (allant de gestes réflexes à des questions de logique), je fus autorisée à quitter ma chambre. Je déboulais donc comme une folle furieuse sur la carrière où Azrel s'entraînait en solitaire. Mon corps, ce traître, se couvrit d'agréables frissons.

– Toi ! rugis-je en le pointant de mon index.

– Tiens, ton sorcier a réussi à te réanimer ? Je suis étonné qu'il ne t'ait pas gardé au chaud plus longtemps.

– Tu sais que je peux utiliser ma magie, tu m'as vu faire ! Mais tu les as laissés mener leur expérience.

Azrel se retrouva en un claquement de doigts à mes côtés, la main plaquée sur ma bouche.

– Tais-toi donc !

– Hum hum !

– Ce que tu peux être agaçante ! Oui, j'ai constaté que tu pouvais manier les éléments. Mais j'ignore comment tu as procédé, tu étais toi-même convaincue de n'avoir rien fait.

Il me libéra et se pencha pour reprendre le bâton faisant office d'épée factice. Il se remit à enchaîner les postures comme si je n'étais plus là. Je l'étudiai un moment, fascinée par la précision de ses mouvements. Chaque muscle se gonflait et se distendait sous les efforts répétés du Démon. Tout son corps était un spectacle.

– Vas-tu continuer longtemps à me couvrir de ton regard lubrique, ou veux-tu t'entraîner ?

Je baissais les yeux sur ma tenue : une robe tissée grossièrement, néanmoins bien coupée, au bustier intégré dans les tons aubergine tandis que le décolleté, les manches et les trois jupons se paraient d'une couleur bleu pâle. Absolument pas adapté à de l'exercice physique. Mais je n'en avais pas fini avec Azrel, aussi, je m'avançai jusqu'à lui pour me mettre en position défensive. Il me suivit du regard, amusé par mon entêtement.

– Comment expliques-tu que j'ai pu utiliser ma magie en ta présence ?

Azrel attaqua par surprise. En moins de deux secondes, j'étais à terre. Il m'aida à me relever, mais au lieu de lâcher ma main, il me tira à lui et souffla :

– Parce que je te fais vibrer, petite sauvageonne. Tu perds tous tes moyens avec moi.

À cet instant, je sentis que son sourire hautain dissimulait autre chose. Je n'étais pas réputée pour mon sang-froid, et pourtant, aucun phénomène de ce genre ne s'était jamais produit. Azrel avait un rôle, mais lequel ? L'attaquer frontalement ne mènerait à rien. Je devais me montrer plus maline. Je ravalai un grognement de frustration et me libérai pour me remettre en position.

– Si je suis vraiment responsable des tourbillons de cendre et de la bulle d'eau, cela signifie que ma magie touche deux éléments. Or, Guillem m'a expliqué que c'était impossible.

Nouvelle attaque, mais cette fois-ci, je l'avais prévue. J'esquivai d'un bond et voulu riposter, mais je m'entravai dans ma robe et tombai dans les bras de mon interlocuteur. Ce dernier affichait encore son fichu sourire arrogant. Il resserra sa prise sur mon corps.

– Ton oncle a raison. Personne n'a jamais vu aucun Faé manifester un lien avec deux éléments. Lorsqu'il y a brassage, ce qui n'est déjà pas commun, l'enfant à naître n'est jamais un métissage. Tu es fille de Sylphe et d'Ondin, tu aurais dû être soit l'un, soit l'autre. Les reflets dans tes iris rappellent la couleur d'yeux des Fytaliens, sans être réellement identique. Il semblerait que ce sort ait provoqué quelques dérèglements chez toi.

Il me lâcha.

– Que sais-tu exactement sur mes parents ? Quels liens as-tu avec mon passé ? Où voulais-tu m'emmener avant que Guillem me trouve ? Est-ce Flora qui t'a envoyé me chercher ?

Elementals - la saga d'Armila (livres 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant