Elementals - la saga d'Armila (livres 1 et 2)

Chapitre 17 - livre 2

Après la chaleur du Feu, le froid de l'hiver s'immisça dans tous mes pores. Mon corps était secoué de sanglots, de grelottements, d'une tension trop longtemps accumulée. Malgré tout, je tenais Azrel fermement dans mes bras, mon visage enfoui dans son cou. Sa respiration était faible, les battements de son cœur lents. Mais il était en vie, et c'était tout ce qui comptait. Guillem m'appelait d'une voix douce, mais il était trop tôt pour que je parvienne à faire le moindre mouvement. J'avais envie qu'ils disparaissent, tous, qu'ils me laissent avec mon âme sœur, qu'il nous accorde un peu d'intimité. La neige se mit à tomber, faiblement. De simples flocons épars qui tourbillonnaient avant de se poser sur nous. Peut-être nous recouvreraient-ils entièrement si je m'abandonnais à ma tristesse.

Tout à mes pensées, je ne l'entendis pas approcher, et quand un truc chaud et humide vint lécher mes larmes, j'ouvris les yeux en sursautant. Je n'arrivais pas y croire, je devais sans doute rêver. Faucon était là, devant moi, le poil blanc et immaculé comme s'il n'avait jamais brûlé, mais il me paraissait plus petit, la truffe plus aplatie. Ses iris étaient différents, d'un bleu plus pâle, moins expressifs. Il jappa joyeusement avant de passer sa langue le visage d'Azrel. Ce dernier gémit, se contracta et grimaça d'inconfort puis ouvrit les yeux sur moi. Il battit des cils trois fois, puis se redressa brutalement pour me serrer contre lui.

– Romiya, souffla-t-il.

Et il réapparut dans toute sa splendeur : le Romyx. Notre lien d'âme si faible depuis nos retrouvailles. À travers lui, je sentis toute sa peine, ses regrets, sa souffrance. Oh oui, sa souffrance. Car sa mémoire était revenue, et toutes les horreurs que lui avait fait subir son père envahirent son esprit. Alors, il me pressa davantage contre lui. Je n'arrivais pas à parler, à trouver les bons mots, comme d'habitude. Mais ce n'était pas grave : le Romyx était plus fort que jamais, et par ce biais, il saurait à quel point je l'aimais, à quel point j'étais désolée de l'avoir abandonné aux griffes d'un monstre, lui jurant qu'à présent, plus rien ne nous séparerait.

– Romiya... tu as froid, prends mon manteau. Si tu tombes malade, ne compte pas sur moi pour te moucher. Mais je parie que cet idiot de Guillem pourrait aller jusqu'à t'essuyer le derrière tellement il te couve.

J'éclatais de rire. Faucon aboya, et Azrel sourit, faiblement, mais il sourit. Puis il se leva, m'enveloppa de sa cape Korrigane prêtée par Huko, et me tendit la main. Je regardai avec émerveillement cette paume offerte, comme un cadeau que j'avais trop espéré et que je n'attendais plus, et je la saisis. Cet idiot de chien sautait partout autour de nous, manquant de nous renverser. Azrel grommela quelques noms d'oiseaux à son attention et je ris de plus belle. Alors, il se tut pour m'embrasser sous la pluie de flocons qui redoublait, et il n'y eut plus que lui et moi, et Faucon, trois êtres revenus d'entre les morts.

– Vous êtes de retour ! hurla Monessa en se jetant sur nous.

– Fichue sorcière, je t'interdis de poser tes mains sur moi !

– Azrel, toujours aussi désagréable, fit-elle dans un sourire. C'est un plaisir de vous retrouver, ton antipathie et toi.

– Hum.

Je donnai un coup de coude à mon Démon. Il soupira et reprit :

– Merci, sorcière. Je ne suis pas mécontent de te revoir.

– Tu peux répéter ? s'amusa mon amie.

– Ta tête de gamine immature m'avait presque, je dis bien presque manqué, marmonna-t-il avant de se retourner vers le reste de notre groupe. Et merci à vous tous d'avoir veillé sur Armila. Maintenant, je crame les cheveux de celui qui me forcera à répéter, est-ce bien clair ?

Aucun ne répondit, mais tous avaient l'air amusés, sauf Huko qui semblait épuisé par le rite. Il n'avait pourtant pas eu grand chose à faire. Faucon tournait sur lui-même pour essayer de se mordre la queue, comme le faisaient les chiens normaux.