58. Chapitre 55

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PDV Lexie ;
Samedi 9 Janvier 2020
Domicile Kylian & Lexie - Saint Germain
en Laye
{ Île-de-France } 16:00

Je me décide à le rouvrir pour regarder le contenu de celui-ci et tombe automatiquement sur cette image...

Je m'assoie sur le bureau pour être posé afin de me replonger plus en profondeur dans ce dossier. Page par page, je défile les photos, les contre-rendus de tout le personnel médical qui a pu s'occuper de moi durant ces quarante-huit heures d'hospitalisation à l'hôpital Cimiez à Nice. Je sens les larmes me monter aux yeux et m'échapper à chaque ligne de ce fichu contre-rendu écrit et je ne peux m'empêcher de me dire que ce n'est que des conneries, qu'il y avait forcément une solution derrière ça, mais qu'ils avaient juste la flemme de la trouver et qu'on a choisi la facilité pour se débarrasser « du problème » au plus vite ? Maintenant, je le sais quand ils ont reproduit le même schéma pour mon genou et que, même en étant dans le métier certain, ils prennent la facilité pour, je cite, « ne pas avoir de torture psychologique et infliger des choses encore plus douloureuses », mais j'aurais été capable de vivre ces choses beaucoup trop douloureuses pour l'esprit, et ce, même s'il aurait fallu m'amputer d'un membre ou, même pire, m'arracher.

Pendant des semaines, j'ai souffert, je me suis sentie prise au piège avec ces émotions qui n'ont cessé de me traverser chaque jour : la colère, la tristesse, le dégoût, la solitude. J'étais en deuxième année quand c'est arrivé et la seule chose qui m'est passée par la tête, c'était de me plonger à fond dans mes cours et mes révisions, mais c'est sans compter sur Kylian et Brooke qui ne m'ont pas laissé ouvrir un seul bouquin pour me noyer dans mes révisions. Entre mon copain qui passait son temps à m'appeler quand il ne pouvait pas être avec moi ou quand il avait un jour de repos, il se débrouillait pour venir et faire l'aller-retour Paris-Nice. Ou sinon, j'avais Brooke qui venait me bouger tous les jours pour m'inciter à sortir, me parler de ces histoires avec Marcus jusqu'à me parler de leur vie sexuelle si ça pouvait me faire penser à autre chose, et je confirme qu'elle m'a tant fait rire que j'ai réussi à oublier ce qui se passait.

Mon regard arrimé à cette image que je tiens dans ma pomme, j'en oublie tout ce qu'il se passe autour, enfermé dans ma bulle. C'est limite si j'entendais les mouches voler quand la porte du bureau s'ouvre d'un seul coup, me faisait sursauter sous le coup quand elle tape le mur. Je m'empresse de me retourner pour tourner le dos à Kylian qui vient de faire irruption dans la pièce. Je referme les dossiers et les pose sur le bureau en faisant mine de continuer mon rangement tout en effaçant les quelques larmes qui m'ont échappé à l'aide de mes pousses.

– Tu ranges ? Me demande-t-il en franchissant les quelques mètres qui nous séparent.

– Oui, je fais un tri des dossiers, je lui dis en forçant un sourire.

– Il est quelle heure ? Je lui demande en débarrassant le bureau des dossiers restants.

Une fois le bureau débarrassé de quelques dossiers qui étaient encore posés dessus, je m'empare de mon Mac Book et me retourne pour y retrouver Kylian dans l'entrée qui inspecte mon regard d'un air suspicieux, les sourcils froncés. Je force un sourire pour tenter de lui montrer que tout va bien et qu'il arrête enfin de me fixer avec autant d'intensité, mais visiblement ça ne fonctionne pas... Il franchit les quelques mètres qui nous séparent pour se retrouver à un pas de moi et cale ses mains sur mes joues, examinant les moindres traits de mon visage pour tenter de lire en moi avant qu'il ne prenne la parole et me demande :

– T'as pleuré ?

- Non, y avait de la poussière et je me suis frotter les yeux, je lui ment.

Je vois à son regard qu'il ne me croit pas et il faut que je trouve un truc pour changer de sujet, comme je ne veux pas passer d'interrogatoire, comme je suis têtue et je sais obtenir ce que je veux, mais lui aussi est le roi à ce sujet et s'il veut me faire parler, il finira par y arriver et je ne préfère pas ressasser le passer et le laisser où il est pour qu'on continue d'avancer.

Broken • KM7Où les histoires vivent. Découvrez maintenant