Le coeur d'une armure {tome 3}

41.

Le lendemain matin, quand ma fille pointa le bout de son nez avec son pouce dans la bouche et son doudou trainant la patte derrière elle, je posa ma tasse sur l'ilot central de la cuisine pour l'accueillir. Je me baissa à sa hauteur en voyant ses yeux encore bien fatigué et ouvrit ses bras pour l'inviter à venir près de moi. Elle se colla à moi sans réfléchir et posa sa tête contre mon épaule en refermant les yeux.

"Olala tu es encore toute endormie... Soufflais-je en la portant."

L'asseyant sur ma hanche, je regarda sa bouille en remettant une mèche de ses cheveux derriere son oreille. Je vais prendre rendez vous avec mon médecin pour etre plus tranquille. Je n'étais pas là quand il l'a vu il y a quatre jours et je préfère l'entendre de vive voix me dire que ce n'est qu'une grippe et réajuster son traitement si besoin.

M'approchant de l'ilot central avec ma fille dans mes bras, je sorti le sirop avant de poser la petite sur le plan de travail.

"Tu vas prendre une cuillère de sirop et je vais te donner des vitamines aussi. Ça va te faire du bien.

-Hum non... Rechigna t-elle.

-C'est pour te soigner mon ange.

-C'est pas bon.

-Tu rigoles ? J'adorais ça quand j'avais ton age ! m'exclamais-je avec un grand sourire. Ta grand mère était obligée de surveiller que je n'en prenne pas une cuillère de trop.

-Mamie Elisabeth ?

-Oui... Soufflais-je sachant qu'elle ne l'avait jamais connu..."

Ouvrant la fiole de sirop, je perdis mon sourire une seconde. C'est dur de se dire que ma mère ne rencontrera jamais ses petits enfants. J'aurais aimé qu'elle soit là pendant ma grossesse et même après... Les conseils d'une mère sont si précieux dans ces moments là.

"Papy Dany me manque..."

Tournant la tete vers elle, je la vis regarder son doudou en pinçant les lèvres.

"Moi aussi il me manque..."

M'approchant d'elle, je posa ma main sur sa joue avant d'embrasser son front. Puis un bruit sourd venant de mon téléphone me fit tourner la tete vers celui ci. A coté de la bouteille de sirop, l'écran me laissait voir le nom de Tony apparaitre. Il m'a laissé un message...

Je me re-concentra sur ma fille et lui donna du sirop et un bol de céréales. Elle commença à manger doucement pendant que je coupais une banane en rondelle à coté d'elle.

"Dis-moi chérie... Je sais qu'on en a jamais vraiment parlé mais à la maternelle, tes copines doivent te parler de leurs papa parfois non ?

-Oui, parfois. Le papa d'Elena vient tout le temps la chercher.

-Hum..."

Je ne sais même pas pourquoi je lui parle de ça et surtout, je ne sais pas du tout ou je veux en venir.

"Mais moi j'ai pas de papa."

Pincant les lèvres, je posa mon couteau en tournant la tete vers elle. Elle a dit ça nonchalamment sans comprendre réellement ce qu'elle venait de dire. Enfin, à la voir continuer de touiller ses céréales et les manger en battant des pieds sous la table, ça n'a pas l'air...

Je contourna l'ilot central de la cuisine et vint m'assoir à coté d'elle en essuyant mes mains dans un torchon. Puis, j'appuya mes coudes sur le plan de travail en cherchant mes mots.

"Tout le monde à un papa... Soufflais-je.

-Ah oui ?"

Hochant la tete, je remarqua tout de suite ses yeux qui s'illuminaient. Elle croyait qu'elle n'avait pas de papa, c'est une question qu'elle à déja du se poser sans m'en parler. Je n'aurais pas du penser que son petit age l'aveuglerait sur le fait que toutes ses amies aient des papas qui font partie de leur vie et qu'elle était l'une des rares à devoir répondre qu'elle n'en avait pas...

"Ton papa à toi ne vit pas avec nous parce qu'il travaille beaucoup... Mentais-je à moitié.

-On peut aller le voir à son travail sinon ?

-Le travail de ton papa est compliqué...

-Qu'est ce qu'il fait ?"

Poussant son bol de cereale, ma fille se tourna complètement vers moi. Je me rends compte à quel point l'idée d'avoir un père l'enchante. Elle n'attendait que ça et ça me fend le coeur.

"Il travaille avec les policiers pour sauver des gens.

-Papa est un héro ?! S'enquit-elle toute contente."

Contaminée par son sourire, je me revis il y a quelques années quand je voyais Tony comme mon héro. Il ferait la fierté de sa fille, j'en suis sure mais... Je ne suis pas sure qu'il soit assez stable pour etre un pilier pour notre enfant.

"Quand est-ce que je pourrais le voir ? Demanda t-elle surexcitée.

-Tu veux le voir ? Fis-je soudainement inquiète.

-Oui ! oui ! oui!"

Pincant les sourcils, je me dis que ce n'était pas une bonne idée de lui en parler. Tony n'est même pas au courant de son existence, si il le prend mal ou qu'il prend peur et décide de s'en aller comme il sait si bien le faire, j'aurais brisé le coeur de ma fille. C'était vraiment stupide mais au moins ça m'oblige à aller voir Tony pour lui dire. Sans ça, j'aurais pu me défiler encore et encore...

"Je vais voir ce que je peux faire... Mais pour l'instant, manges ta banane..."

Me relevant de ma chaise, je parti chercher mon téléphone et ouvrit le message de Tony. Il m'invite à diner demain soir... Si ma fille se sent mieux, je ne vois pas de raison de refuser mais ce qui m'inquiète le plus c'est de lui dire ou non pour la petite fille d'un mètre vingt qui mange sa banane devant moi. Je ne sais pas comment il peut réagir et j'ai peur d'avoir le coeur brisé une énième fois...

"Maman, on va chez le médecin quand ?

-J'ai pris rendez-vous dans une heure."

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