Le coeur d'une armure {tome 3}

6.

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Theme song : Cloud - Elias

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Rentrant au QG, je retira ma veste et la laissa sur le porte manteau à l'entrée. Je savais que ce ne serait pas facile, qu'il ne m'accueillerait pas à bras ouvert mais je ne pensais pas que ce serait avec autant de violence. Si je n'étais pas parti, je crois qu'il m'aurait battu à mort...

Marchant vers les salles communes, je vis Natasha dans le canapé du salon. Quand elle releva la tete vers moi, elle grimaça en voyant mon visage tuméfié.

"Est ce que ça va ?"

Ne lui répondant pas, je détourna simplement le regard en me dirigeant vers le bar. J'ai besoin d'un alcool sacrément fort, ça me fera passer la douleur et la culpabilité... Me servant un verre, j'ignora la grande rousse qui me rejoignait.

"Est-ce que tu veux que je t'aides à la retrouver ?"

Secouant négativement la tete, je vida un peu de ce liquide brun dans mon verre en essayant de rester impassible devant elle. Je n'ai pas envie de parler et je ne sais vraiment pas ce que je vais faire maintenant. Je devrais peut être les laisser définitivement tranquille... Mais j'ai peut etre un enfant quelque part alors... Non... Non... Je serais effroyable comme père.

"Steve et Bucky rentreront demain, je leurs ai dis qu'on resterait ici un peu plus longtemps que prévu... Quand on est séparé, on est vulnérable. Il ne faudrait pas que les rôles s'inversent et qu'Hydra reprenne l'avantage."

Avalant une gorgée de cet alcool pur, je grimaça en hochant la tete. Natasha à raison, on pousse les super soldats à se séparer pour les attaquer plus facilement. Si on fait la même chose de notre coté, on finira par tous mourrir.

"Tony ?"

Natasha pencha la tete devant moi pour chercher mon regard. Je n'ai pas envie de parler, je n'ai pas envie de la voir ou de lui expliquer cet énorme bleu sur ma joue.

"Laisse tomber. Soufflais-je."

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Quand la lune était à son paroxysme, je m'avança difficilement vers les salles communes. Une bouteille vide à la main, je la fis tomber en plein milieu de l'entrée. Elle s'éparpilla en de centaines de petits morceaux de verre tandis que je la regardais sans rien faire.

Je suis bourré.

Me frottant le front, je tituba jusqu'aux portes et entra sans discrétion dans le salon. Je suis un putain de déchet mais j'ai pas envie de m'arrêter là. J'ai envie de m'écrouler au sol et de ne jamais me relever.

"Tony ?"

M'arrêtant dans ma lancée, je manqua de tomber en tournant la tete vers la cuisine. Debout devant l'évier, la grande rousse me regarde en froncant les sourcils. Je suis redevenu l'ado débile et auto-destructeur que j'étais. Le dos courbé et le pas hésitant, je pris une grande inspiration en fermant les yeux une seconde. Tout vacille autour de moi mais je ne veux pas tomber, je ne tomberais pas.

"Eh ? Ça va ?"

D'un coup, Natasha apparue à mes cotés. Sentant sa main se poser sur mon épaule, je recula en basculant légèrement sur le coté. Mes épaules penchent d'un coté et de l'autre, je n'arrive plus à contrôler mes gestes et ma posture. Le sol m'attire mais je ne veux pas, il est hors de question que je tombe.

Ecarquillant les yeux en fixant le sol sous mes pieds, je tenta de me concentrer pour paraitre aussi sur de moi que je le pouvais.

"Tu devrais t'assoir Tony, je vais t'apporter de l'eau.

-Non. Raillais-je la voix pleine d'alcool. Je veux pas d'eau.

-Alors assis toi.

-Non..."

Natasha tenta une nouvelle fois de s'approcher de moi mais je ne veux pas. Je veux qu'on me laisse tranquille. Je sens mes nerfs qui montent, je suis en colère contre moi, contre elle et le monde entier. Je veux qu'on me laisse tranquille, je ne veux plus jamais avoir la possibilité de faire du mal à quelqu'un qui compte pour moi.

Je veux qu'on m'abandonne une fois pour toute.

"Tony... Souffla t-elle."

Passant à coté d'elle, je repoussa sa main en fixant le sol pour ne pas tomber. Le carrelage froid sous mes pieds ne devrait pas bouger comme il le fait à cet instant. J'ai la sensation que si je le quitte des yeux, je tomberais. Mais putain dès que ma tête penche d'un coté ou de l'autre, je tends à m'écrouler brutalement.

M'arrêtant au milieu de la salle à manger, je me mis à grogner, à marmonner et enfin à hurler. Ma rage sort de mon ventre comme un monstre qui me rongeait de l'intérieur. Je ferme les yeux si fort que je sens mon visage se pétrifier. Tous mes muscles se contractent et je sens la douleur qui arrive petit à petit.

Je sais que Natasha derriere moi entends mon hurlement, qu'elle assiste à cette scène pitoyable et que je suis une nouvelle fois un putain de fardeau pour quelqu'un. Vacillant légèrement, j'étouffa mon cri dans un sanglot qui venait de nul part et je me rattrapa à la table sans savoir comment. Je ne savais même plus qu'elle était là, juste à coté de moi.

Serrant les dents, je me sentis suffoquer. Ma poitrine se sert et je me force à inspirer. Ma main sur ma poitrine heurta cet anneau de fer au milieu de mon torse et je rouvris les yeux. Ma putain de douleur, ce putain de coeur... Ce putain de coeur... C'est elle qui me l'a construit, c'est à elle qu'il appartient...

Appuyant sur la vitre, je tourna légèrement le poignet et cet objet précieux sorti de ma cage thoracique. Un poids en moins sur le coeur, je regarda ce rond de lumière dans ma paume.

"Tony, qu'est ce que tu fais ?"

Ce putain de coeur lui appartient...

"Tony ?"

Les larmes ne coulent plus, la terre arrêta de tourner autour de moi. J'ai l'impression que le temps ne court plus, je ne respire plus, je n'entends plus Natasha. Je vois seulement ce coeur d'énergie qui me maintient en vie injustement depuis trois ans. Elle l'a fait pour me sauver la vie mais est-ce qu'aujourd'hui, je le mérite encore ?

"Oh Tony !"

Entendant les pas de Natasha qui se rapprochaient de moi, je serra les dents et jeta ce réacteur sur le sol de toutes mes forces. Il s'écrasa sur le carrelage et la lumière s'éteignit peu à peu. L'anneau de cuivre passa du bleu au noir et le silence revint.

Cette sensation de vide revint.

"Pourquoi tu as fais ça... Souffla Natasha."

Ne répondant rien, je fixa le dernier objet qui était capable de me garder en vie. Il est réduit en miette, il ne servira plus jamais.

Je ne servirais plus jamais....

"Où est ton stock de réacteur ? Demanda calmement Natasha."

Relevant la tete vers les grandes baies vitrées devant moi, je souffla un grand coup en sentant cette masse disparaitre dans ma poitrine. C'est comme si mes poumons s'étaient libéré d'un poids, que je pouvais enfin respirer...

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