Tommaso

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- Il ne veut rien comprendre. Rien, j'ai tout tenté.

Je suis installée sur un siège à côté du bar de mon appartement. Cette fille, Stella, de la Sacra Corona Unita, a élu domicile ici. Elle vient de plus en plus souvent, même quand je ne suis pas là, et elle ne me sert à rien. Je comptais sur elle pour convaincre le chef de la Sacra Corona Unita, comme elle m'avait garanti qu'elle le ferait, mais au final, c'est une déception.

J'observe mon verre de whisky sec avant de me concentrer sur elle. Stella porte une robe blanche façon tailleur, qui couvre le haut de son corps et dévoile ses longues jambes. Elle fait les cent pas dans le salon, d'assez bonne taille, et le bruit de ses escarpins se répercute dans mes oreilles à intervalles réguliers. Il y a quelque chose de fascinant, presque beau, à regarder une femme élégante marcher. Chaque pas est fait pour captiver le spectateur.

L'élégance et la sensualité qui se dégagent de chaque mouvement sont certainement plus envoûtantes que le chant d'une sirène. Quand j'en ai l'occasion, je regarde Gayle marcher dans la rue, quand elle porte une tenue qui dévoile ses jambes. Libérant son bracelet de cheville des entraves des tissus, il capte les lumières du soleil. Cette fille est trop belle pour ce monde et certainement trop parfaite pour Riccardo Gaviera.

Elle n'en a pas conscience, mais son monde est trop destructeur pour quelqu'un comme elle. Comme les tentacules d'une pieuvre qui se referment sur leur proie, il referme son emprise sur elle, contrôlant à la fois son corps et son esprit, ne lui laissant aucune chance de s'en sortir. Elle pense vivre un rêve, mais c'est un cauchemar déguisé. Riccardo est un tueur, un tueur de femmes. Il s'est toujours acharné sur elles et Gayle n'aura pas un sort différent des autres. Il la tuera et reviendra vers Rebecca comme il l'a toujours fait.

C'est un cycle sans fin. Mais heureusement pour Gayle, j'ai toujour un oeil sur elle.

Stella dit encore quelque chose, d'une voix vibrante de colère. J'ai l'impression que cette fille est toujours en colère. C'est comme si elle en voulait au monde entier, et pas seulement à cause de la mort de son bien-aimé Franco. Ses cheveux bruns sont retenus au sommet du crâne, comme d'habitude. Elle a un rouge à lèvres rouge, presque sombre, qui dévoile sa cicatrice. On dirait presque qu'elle est fière de montrer cette abomination.
Comment réagirait-elle si elle savait que j'étais l'assassin de Franco ? Elle essaierait de me tuer, c'est certain, mais n'y arriverait pas.

- Tu as des idées ou tu préfères me reluquer comme un foutu taré ? Consciente de ses charmes, elle prend une pose suggestive.

- Sans vouloir te vexer, tu ne me plairais que si tu étais morte. Ou parfaitement dressée.

- Tu couches vraiment avec des cadavres ? Elle hurle comme si c'était incroyable. C'est parfaitement banal. Quand j'ai commencé à travailler avec Bellucci, j'ai compris que l'humain n'avait aucune limite. Nous avions différentes demandes chaque jour. Le client que je trouvais le plus fascinant était un scientifique russe. Il nous commandait des corps de petites filles en parfait état, et une fois en sa possession, il les décapitait et remplaçait leurs têtes par celles de poupées pour pouvoir coucher avec elles.

Tiens, je n'ai jamais essayé. Ça pourrait être intéressant comme pratique.
Un autre avait des pratiques plus poussées. Il était gay, mais en avait honte. Par contre, il n'avait pas honte de nous payer une fortune pour que l'on déterre des hommes dans un état avancé de décomposition, rongés par les asticots et les vers de tombeau, aussi gros que mon ongle. Dieu sait ce qu'il faisait avec, mais j'étais trop heureux de lui fournir sa marchandise, vu les sommes exorbitantes qu'il mettait sur la table.

- Oui, des cadavres de femmes et d'enfants qui ont moins de 48 heures. Elle ondule les hanches en se détachant les cheveux et vient se placer entre mes jambes.

L'ombre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant