Épilogue: Tony Rivera

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- Ne le prenez pas comme une offense ou un manque de confiance, Tony, mais j'ai l'habitude de toujours tester la marchandise avant de l'acheter.

- À ce prix-là, vous pouvez vous permettre beaucoup de choses. Wakefield, notre client potentiel, part d'un éclat de rire, ce qui m'agace, il n'y à absolument rien de drole. C'est un homme dans la quarantaine, brun, de forte corpulence. C'était un petit criminel américain, emprisonné pour plusieurs petits délits. Il s'est échappé de prison en creusant un tunnel avant de s'installer au Mexique, où il a bien sûr continué ses petits trafics. Aujourd'hui, Wakefield est le président d'un des clubs de bikers les plus influents du pays. En moins de 10 ans, il a réussi à créer un empire assez conséquent. Il est flanqué de deux jolies filles, sa régulière et une de ses chaudasses.

J'ai entendu dire que sa régulière et lui sont ensemble depuis leur plus tendre enfance. Elle s'assoit toujours à sa droite, et des "chaudasses", ils en changent comme de chemise pour alimenter leurs jeux sexuel. Installé sur un tabouret, il y a le vice-président du club à sa gauche, le road captain, responsable des livraisons du club de motards, et à sa droite, le sergent d'armes, responsable de la sécurité du club.

Pour finir, il y a avec nous un prospect, une nouvelle recrue qui n'a pas encore fait ses preuves. Il doit avoir à peine 19 ans. Il porte, comme tous les hommes autour de nous, un jean, un tee-shirt et une veste en vieux cuir brun, mais la sienne, contrairement à celles des autres, n'a pas l'emblème du club sur le dos. Il l'aura quand il aura fait ses preuves.

Moi, je suis venu accompagné de mon "ombré", qui est installé juste à côté de moi, une main posée sur ma jambe. Comme moi, elle est déguisée. Ses cheveux sont cachés derrière une perruque plus vraie que nature, de mèches rousses coupées court, et elle porte des lentilles de couleur bleue.

Wakefield lève la main, et aussitôt, l'un de ses hommes rapplique.

- Je vous présente Arès, c'est mon testeur pour reconnaître de la bonne came, il n'a pas son pareil.

- Et ça se voit ! marmonne Gayle assez bas pour que je sois le seul à entendre. Le nommé Arès est tellement maigre qu'on voit ses os à travers sa peau fine. Je me demande depuis quand il fait ce travail. Tout l'argent du monde ne vaut pas de finir comme ça. D'une démarche mal assurée, il vient jusqu'à nous avant de s'asseoir sur l'un des sièges libres.

Arès, de ses mains squelettiques, prend l'un des paquets contenant la cocaïne, faisant une légère incision d'une précision chirurgicale sur le paquet. Il recueille un peu de poudre sur son couteau et trace une ligne sur la table en verre, qu'il sniffe à l'aide d'un billet préalablement roulé. Je l'observe avec un certain ennui, pressé qu'il termine.

- C'est de la pure, dit le défoncé quelques minutes plus tard. Il a une trace de poudre sous le nez et les yeux tellement injectés de sang qu'on croirait qu'ils vont exploser d'une minute à l'autre.

Wakefield affiche un sourire satisfait. Il est confortablement installé sur son fauteuil, la tête de sa régulière sur son épaule. La "chaudasse", par contre, donne l'impression qu'elle se demande ce qu'elle fait là.

- J'adore faire affaire avec vous, les Italiens, vous n'essayez jamais de nous rouler. Mais dites-moi, Tony, vous connaissez un certain Riccardo Gaviera ?

Gayle se tend. Ce n'est pas assez évident pour que les autres le remarquent, mais la main posée sur ma cuisse se crispe légèrement, je prend sa main dans la mienne. Je m'en moque de paraître pour un faible devant des hommes qui estime que les marques d'affection sont à bannir dans notre monde. Je n'aurais jamais peur de lui montrer que je fais attention à elle même dans une piece bondé.

- Le Sicilien ? De réputation seulement, pourquoi ?

Je sais trés bien pourquoi. Wakefield fait la moue, son regard brillant désormais de colère.

L'ombre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant