On se gare sur une piste d'atterrissage où nous attend un hélicoptère. Riccardo m'ouvre la portière de la voiture sans jamais desserrer les dents. On dirait qu’on joue à celui qui croise le regard de l’autre creve !Je secoue énergiquement la tête. Quand il m'indique l’appareil, il n’est pas question que je monte sur ce truc. La dernière fois que j’ai pris un hélicoptère, j’étais pas assez consciente pour avoir peur. Maintenant ? Ces hélis peuvent me décapiter d’un mouvement précis. Et si on s’écrase ?
– Je ne veux pas monter dans ce truc. Je recule, mais Riccardo s’est placé derrière moi, prévenant mon mouvement de recul.
– Gayle, je vais te poser une seule question.
– Si tu veux me demander comment je veux mourir, la réponse est pas dans cet appareil. Je n’ai aucune confiance aux choses qui volent.
– Tu veux ta vengeance ?
– Ma vengeance… Mon regard s’éclaire et un énorme sourire étire mes lèvres. Je me dirige vers l’appareil en déclarant :
– Reste pas planté là, Gaviera.
Plus d’une heure de vol, c’est ce qu’il nous faut pour arriver dans la ville de Bari. Riccardo ne m’a rien dit d’autre que quelques mots avant de grimper dans l’hélicoptère. Je ne sais pas ce qu’il prépare exactement et ça n'a aucune importance ; je le suivrais au bout du monde s’il le faut.
L’appareil s’éloigne après nous avoir déposés sur un toit. On emprunte ensuite un ascenseur. En bas, un SUV noir aux vitres teintées nous attend. Le démon m’ouvre la portière avant de s’installer derrière le volant.
– Attache ta ceinture, ordonne-t-il avant de démarrer brusquement et de s’enfoncer dans la circulation.
– Comment tu les as trouvés ?
– La plaque d’immatriculation. Il fait partie d’un gang, on va les interroger.
– Juste les interroger ? Et moi qui m’attendais à un peu d’action.
– Quelqu’un t’a déjà dit que tu es une putain de sanguinaire ?
– Oui, tu viens de le faire. Que veux-tu leur demander ?
– Qui leur a donné l’ordre. Je connais ce gang, il ne fonctionne qu’avec des contrats. Une personne a sûrement mis un contrat sur ta tête.
Sur ma tête ou la sienne. Peut-être qu’ils comptaient tous nous tuer.
– Tu penses que c’est Tommaso ?
– Non, les attaques de lâche ce n’est pas son truc. En plus, il est ruiné depuis la mort de Bellucci ; il faut débourser des sommes faramineuses pour les services d’un tueur à gages. Si ce n’est pas Dominguez qui m’en veut assez pour mettre un contrat sur ma tête. La pieuvre a rayé de la carte la famille Leblanc ; Jawad est sûrement en train de mourir de faim dans le sous-sol. Rebecca ? Elle aime Riccardo et me considère comme une menace, mais au point de me tuer ? Je secoue la tête ; j’ai du mal à imaginer cette dernière dans un tel rôle.
– Tu as peur. Je le regarde brièvement, avant d’observer ma main qui tremble. Je la serre contre mon ventre.
– Oui.
À quoi bon le nier. Je suis au milieu d’une immense clairière, cernée de toute part par des ennemis invisibles. Une vie peut changer, mais la mienne a changé si brusquement sans me laisser de temps d’adaptation. Souvent, j’adore ça, cette adrénaline qui se déverse dans mes veines, cette intensité. Mais parfois, je me rappelle qui j’étais avant tout ça. Et jamais rien ne m’a préparée à ce cataclysme.
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L'ombre 2
عاطفيةRiccardo Gaviera est venu au monde pour être le bras armé de son frère. Il n'a jamais eu à faire de choix puisque toute sa vie a déjà été décidée pour lui. Mais de nature indomptable et irréfléchie, celui qu'on surnomme la pieuvre de l'ombre est le...