Gayle

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Je me masse la nuque en gravissant les marches. Tara n’est pas encore rentrée du salon, Pedro est également absent. Je donne à manger au félin avant de m’installer sur le canapé avec mon ordinateur.

Je profite du calme pour essayer d’écrire mais au bout d’une trentaine de minutes, je me retrouve avec des phrases sans queue ni tête. Je supprime tout avec un murmure de frustration avant d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur laquelle je lance une recherche sur la prison de Rome. Je m’étais jurée de ne plus faire ça. Mon obsession pour cette prison ou plus particulièrement pour l’un de leurs détenus est l’une des raisons pour lesquelles je ne fais rien d’autre de mes soirées que me faire du mouron. Je l’imagine parmi tous ces détenus qualifiés comme les hommes les plus dangereux du pays. Je l’imagine en sous-nutrition, en proie aux maladies causées par le manque d’hygiène. En faisant mes recherches, j’ai appris qu’en moyenne deux prisonniers sur quatre mouraient par semaine et je suis persuadée qu’il y a des choses qui sont inconnues des médias.

Je ferme mon écran d’un geste sec, j’en ai plein les yeux des images de prisonniers rassemblés dans une cour protégée par une grille gigantesque.

Je hais Riccardo, surtout depuis que j’ai appris grâce à Luca qu’il n’est absolument pas enfermé pour le meurtre de Belluci, qui est toujours activement recherché par la police. D’ailleurs, une prime d’un million d’euros sera offerte à toute personne ayant des informations sur l’homme d’affaires.

Je plains la police, dans ce genre de cas il y a toujours des tarés qui appellent pour dire tout et n’importe quoi.

Tara rentre comme un boomerang. Elle me fait un signe de la main et file à l’étage en se tortillant.

– Bonsoir, faut que je fasse pipi !

Sans commentaire ! J'enfile mes chaussures avant de sortir, il commence à faire de plus en plus froid.

Vivre à côté de l’océan n’est pas plus pratique, mais je n’ai aucune envie de rentrer chez moi. Les félins ont besoin de moi. Enfin, c’est ce que je me dis pour soulager ma conscience. En réalité, c’est moi, je préfère rester chez lui et attendre son retour.

Je ne sais pas si cette attitude fait de moi une idiote pathétique ou une idiote désespérée.

L’idiote désespérée que je suis traverse le jardin avant de soulever la trappe et de descendre dans le bunker.

– Bonjour Jawad, je t’ai manqué ? Jawad, qui est ficelé à un siège, lève la tête et plante sur moi son seul œil valide, l’autre est gonflé, raison pour laquelle il est dans l’incapacité de l’ouvrir.

– Salope.

Je ris avant de prendre place en face de lui. Méduse vient s’installer à mes pieds.

– La salope a passé une excellente journée, j’ai dédicacé mon livre. Tu sais qu’il y a un personnage inspiré de toi. Je stagne un peu pour le deuxième tome mais je suis persuadée que le Jawad du livre sera un eunuque dans le tome deux. Je vais te confisquer ta queue, je vais absolument tout analyser, et comme ça je pourrai écrire la scène où le Jawad du livre perd sa bite. Qu’en dis-tu ?

Silence, il est soudain blanc comme un linge parce qu’il sait que je suis sérieuse. Au début, ni lui ni Adrian ne me prenaient au sérieux, ce qui a décuplé ma rage.

– Pff Jawad, tu es d’un ennui mortel. Adrian, au moins, avait des raisons de ne pas parler, je prends une mine triste. Je présume que tu te sens seul depuis que ton patron n’est plus là ?

– Qu’as-tu fait du boss, espèce de tarée ?

– Comment dire… je marque une pause, le boss ne reviendra pas, il est tombé lors d’une partie de chasse.

L'ombre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant