Riccardo

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- Pas question que je rentre là-dedans. Je répète pour la troisième fois depuis que nous sommes enfermés dans la salle de bain. J'ai bien conscience de me conduire comme un gamin capricieux, mais elle n'est pas revenue depuis plus d'une heure qu'elle met déjà mes nerfs à rude épreuve.

- Oh, arrête de faire le difficile. Je ne bronche pas, les bras croisés sur mon torse massif, adossé au mur, j'observe Gayle, qui est installée sur le bord de la baignoire.

- L'eau est orange et parfumée !

- Ce n'est qu'une bombe de bain qui donne cette coloration à l'eau. Faudrait arrêter avec cette masculinité toxique ! Elle prend une profonde inspiration, comme si elle voulait se calmer pour se montrer raisonnable.

Je ne comprends pas, mais je me sens mal à l'aise devant la baignoire remplie d'eau. Une image est apparue brièvement dans mon esprit, je ne l'ai pas comprise, mais ce malaise ne cesse de grandir.

- Riccardo, pitié. On ne va pas passer toute la soirée à argumenter sur la couleur du bain !

- Elle est orange.

- Ce n'est qu'un bain. Allez, fais un effort, tu vas aimer !

- Non, je suis la putain de pieuvre de l'ombre. J'ai une reputation a converser.

- Eh bien pour moi, tu es Riccardo putain de Gaviera, un cas social que je me trimbale parce que mon maudit cœur est incapable de prendre les bonnes décisions. S'il te plaît, sois raisonnable pour une fois !

- C'est bon pour le moral, heureusement que j'ai une bite géante pour redorer mon blason.

Elle éclate de rire, les yeux brillants. Mon propre sourire apparaît naturellement. J'aime quand elle est heureuse, ce qui n'arrive pas souvent depuis qu'elle est avec moi.

- Yep, je ne vais certainement pas me plaindre, monsieur-j'ai-un-dragon-magique. En quelque sorte, je suis une Targaryen vu que je monte un dragon.

- Pour l'instant, tu passes ton temps à te disputer avec lui.

Elle pointe son bras en direction de ma queue comme une baguette magique en s'écriant :

- Dracarys !

- Va te faire foutre, Gayle Yvette Attal.

- Je t'interdis d'utiliser mon deuxième prénom. Bon, maintenant ça suffit, l'eau est en train de refroidir.

- Ça tombe bien, j'ai besoin d'une douche froide. Elle soupire, sa main court dans l'eau.

- Tu es vraiment pénible comme personnage. Elle se lève, farfouille dans les placards et en sort une boule violette qu'elle lance dans l'eau. Le truc commence à tournoyer et à pétiller. Au fur et à mesure, l'eau devient violette, mélangée à l'orange, on obtient une couleur vraiment horrible.

- Quel honneur, j'espère que tu es content maintenant, tu as niqué tous mes efforts.

Je me garde de faire le moindre commentaire. Je me débarrasse de mes vêtements et glisse dans l'eau.

- Viens ici ! J'ordonne en repliant mon doigt. Mon ton n'admet pas de réplique. Elle se débarrasse prestement de ses vêtements mais garde ses sous-vêtements en dentelle rouge. Bon sang, cette femme est la tentation incarnée.

Gayle s'installe en face de moi alors que je la voulais près de moi. Confrontés à nos deux poids, l'eau monte dangereusement.

Gayle n'arrête pas de sourire, elle a une idée derrière la tête et je sens que je ne vais pas l'aimer.

Elle saisit d'ailleurs une planche qu'elle met entre nous, en équilibre sur les bords de la baignoire, et commence à y poser différents produits.

- Qu'est-ce que tu fabriques ?

L'ombre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant