Riccardo

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Je soupire quand l'hélicoptère survole la résidence de la Pieuvre. J'ai déjà l'impression qu'une énorme corde commence à se resserrer autour de mon cou. Le premier qui me casse la tête avec des histoires à dormir debout, je lui explose la cervelle. Me conformer aux règles sociales n'a jamais été mon truc et, manque de bol, je n'ai même pas envie d'essayer.

La Pieuvre, toujours désireux de montrer au monde qui est le roi, a choisi sa résidence secondaire, là où j'ai passé la moitié de mon enfance. C'est une énorme villa romaine dont les ailes encadrent une cour centrale ornée de fontaines où se déroule la fête.

– Princesse, nous sommes arrivés ! Gayle relève la tête posée sur mon épaule. Elle plante ses yeux bruns dans les miens, les baisse lentement sur ma bouche comme si elle voulait un baiser, et me regarde de nouveau avec une intensité qui me prive du sens de l'orientation.

– Quand tu m'appelles comme ça, mon cœur bat à un rythme incontrôlable.

Elle regarde ensuite en contrebas, avant d'écarquiller les yeux. Oui, je sais ce qu'elle voit : une résidence sacrément belle, noire de monde.

Jack et elle émettent un sifflement.

– C'est une belle baraque, commente le premier.

– C'est noir de monde, je veux rentrer !

Moi aussi, et pas pour les mêmes raisons que Gayle. Cette soirée est une perte de temps, je ne vois pas l'intérêt de ma présence ici. C'est justement en raison de ma haine à peine voilée pour ce genre de mondanité que jamais je ne serai la Pieuvre. Tuer, c'est simple : il suffit d'appuyer sur la gâchette ou de trancher la veine qu'il faut en faisant surtout attention de ne pas laisser des indices partout. Mais ça, passer plus de deux heures à faire la conversation à des gens insupportables que tu ne peux pas déglinguer parce qu'ils sont de la famille !

Sur les trois côtés, un jardin parfaitement entretenu entoure la maison. L'hélicoptère se pose devant l'entrée. J'aide une Gayle récalcitrante à mettre pied à terre avant que l'appareil ne reprenne de l'altitude.

La façade de la maison donne sur un paysage de collines entre lesquelles est tracée une route qui mène vers l'entrée. Plusieurs hélicoptères et un nombre incalculable de voitures sont stationnés ici et là.

– Tu es sûr que c'est un anniversaire ? Je retiens de justesse un sourire. Ici, je ne suis pas son démon mais la Pieuvre de l'ombre. Les gens s'attendent constamment à ce que je sois à la hauteur de la réputation que j'ai créée. Certains s'attendent même à ce que j'apparaisse dans un nuage de fumée accompagné de plusieurs légions du septième enfer.

Qu'il est grisant d'être moi !

– Les Gaviera ne font pas les choses à moitié. La preuve, j'ai kidnappé l'amour de ma vie. J'arque un sourcil quand elle me regarde avant de lui faire un clin d'œil.

– Comment tu me trouves ? questionne Jack à l'intention de Gayle. Il ressemble à un banquier blasé par la vie qui carbure au café.

Gayle réajuste sa cravate et passe les doigts dans ses cheveux blonds qui virent légèrement au châtain, avant de lui tapoter la joue.

– Tu es parfait, un vrai gentleman anglais.

Le gamin rougit, et je rêve, mais il me regarde avec une lueur provocatrice. Cet imbécile sait que je déteste que l'attention de Gayle soit portée sur quelqu'un d'autre que moi. Je vais le tuer, c'est officiel.

Je dédie un signe de tête aux hommes qui gardent l'entrée. L'un d'eux sourit à Gayle, il se permet même de la complimenter sur sa tenue. Je fais un pas menaçant dans sa direction, mais elle me retient d'une main sur mon ventre.

L'ombre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant