23 heures 05Je me sers de ma tête pour frapper contre la vitre de séparation, mais rien, le chauffeur ne réagit toujours pas. Bientôt, une heure qu'on roule et je ne sais pas où nous allons. Nous avons traversé les quartiers favorisés de l'île, avant de traverser des zones plus industrielles, puis les quartiers populaires. À chaque fois, j'avais espoir qu'il s'arrête, mais il a continué à rouler dans un silence angoissant. Je donnerais mon rein gauche pour savoir qui est derrière le volant.
Désormais, il traverse une route étroite tracée dans une sorte de montagne, j'ai l'impression qu'on s'éloigne de plus en plus de toutes les habitations et c'est loin de me rassurer. Je frappe une nouvelle fois avant de laisser échapper un soupir de frustration. C'est une blague ? Il pourrait descendre cette maudite vitre. À moins qu'il n'ait de bonnes raisons de ne pas se montrer. Mais oui, si ça se trouve, le chauffeur, c'est le traître qui travaille avec Dominguez !
Je me laisse aller contre la banquette. Je remarque un panneau, mais avant que j'aie le temps de détecter ce qu'il y a d'écrit, le chauffeur négocie un virage en épingle à cheveux et passe la seconde. Mince, je n'ai aucun moyen de savoir où je me trouve, mais à quoi bon, ça ne me servira à rien de toute façon, je n'aurai aucun moyen d'appeler à l'aide.
Tu n'as pas besoin d'aide, jeune fille, tu te débrouilles toute seule ou tu crèves.
La voiture s'arrête brusquement dans un crissement de pneus, la respiration que j'avais réussi à calmer s'accélère et, bien malgré moi, j'ai des tremblements et je transpire. Je prends plusieurs profondes inspirations pour me préparer à ce qui m'attend. La portière côté passager s'ouvre, sur un homme mince vêtu d'une sorte de soutane grise.
Ok ? Il me pousse à descendre, mes chaussures s'enfoncent dans le gravier et l'air glacé soulève les quelques mèches échappées de mon chignon négligé, ramenant avec elle l'odeur de l'iode. La mer n'est pas loin, mais ça ne veut rien dire, nous sommes sur une île, la mer n'est jamais loin !
Le mec à la soutane me saisit le bras de force et me tire à sa suite alors que la voiture noire s'éloigne sans que j'aie pu savoir qui m'a conduit ici.
- Qui êtes-vous, qui était dans la voiture ? Aucune réponse, il continue d'avancer en traînant les pieds ce qui produit un son désagréable sur le gravier, il doit avoir 18 ans, il a la peau olivâtre et des cheveux bouclés et il me dépasse d'une bonne tête.
Je regarde autour de moi, un terrain vague baigné d'obscurité, quelques arbres ici et là et juste devant il y a ce qui semble être une grotte, c'est juste là que monsieur soutane me conduit.
Je ne comprends rien. Qui est ce type et qui était celui dans la voiture et celui qui m'a mis les menottes ? Des membres de la Sacra Corona Unita ? C'est une hypothèse qui se tient vu que Dominguez, en me faisant porter le chapeau de la mort de Franco, s'est allié avec eux.
On traverse l'entrée de la grotte qui est en forme d'arc de cercle et... J'ai tout de suite l'impression d'avoir traversé une porte magique du monde des ténèbres pour un monde plus lumineux. C'est quoi ce bordel ?
L'intérieur de la pierre est aménagé comme un palace, si les palaces ressemblent à des lieux de culte. Bien plus grand que je l'aurais imaginé étant donné que pour entrer j'ai dû me baisser pour ne pas me cogner la tête.
Dans un coin à gauche, il y a une statue humanoïde, elle est en bronze et sculptée, juste autour il y a plusieurs bougies de couleur sombre et je jurerais qu'il dégage une odeur de soufre. En face, il y a un lit rond posé sur une plateforme, le lit a des draps blancs et des oreillers, mais le détail le plus troublant ce sont les sangles en cuir rejetées négligemment au sol. Ce n'est pas un lit ordinaire, il sert à attacher la personne qui s'y couchera pour l'immobiliser. Je continue mon inspection, au centre contre le mur en pierre, il y a un énorme baril en acier inoxydable de taille humaine, je ne sais pas ce qu'il y a à l'intérieur, mais il s'en échappe de la vapeur blanche. Tommaso a installé au sommet des poutres en bois qui sont fixées au mur à travers lesquelles pendent des cordes.
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L'ombre 2
RomanceRiccardo Gaviera est venu au monde pour être le bras armé de son frère. Il n'a jamais eu à faire de choix puisque toute sa vie a déjà été décidée pour lui. Mais de nature indomptable et irréfléchie, celui qu'on surnomme la pieuvre de l'ombre est le...