Riccardo

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01 heure 45

Je tire une bouffée de ma cigarette avec un sourire et expulse l'air quand la salle à manger explose.

Les flammes, c'est l'un de mes petits plaisirs. J'adore provoquer des incendies, voir des gens brûler, c'est comme un exutoire à un excès de tension qui me soulage.

J'ai presque envie d'aller tremper une clope dans les flammes qui lèchent la salle à manger pour l'allumer.

Ça ne remplacera pas nos trois clubs, surtout pas Le Point, qui nous servait de quartier général, mais c'est déjà un bon début.

– Ric, grouille-toi, intime Luca, qui tient la porte du van ouverte. On s'était arrêtés là pour attendre que Bud, chargé d'activer le détonateur, revienne.

Je soupire et me détourne à regret de la maison avant de sauter dans le van deja en marche. Ce n'est pas fini, je doute qu'un incendie aussi bénin nous débarrasse d'eux, mais j'espère qu'un bon nombre a été bloqué à l'intérieur. Le but, c'était juste de leur faire comprendre qu'ils peuvent se fourrer leur accord de paix là où je pense. Ils pensaient vraiment qu'il suffisait de nous livrer Stella pour qu'on oublie la tentative d'assassinat sur Dante et mon père, ainsi que la mort de nos recrues dans la base de Rome ?

Père a été formel : nous mettrons l'île à feu s'il le faut, mais aucun membre de cette organisation secondaire ne doit passer la nuit. Je soupèse mon arme : il s'est adressé à la bonne personne pour provoquer le chaos. Je voulais me débarrasser d'eux quand Franco a osé prendre Gayle et que l'un de ses hommes l'a blessée.

J'ai juste beaucoup de mal à me concentrer et à prendre les choses avec détachement, comme à mon habitude. Je n'arrête pas de me demander si c'était une bonne idée d'avoir laissé Gayle seule avec Dominguez et si Rebecca n'avait pas mis les calmants dans son verre ?

Je secoue la tête. Je m'inquiète pour rien. Elle trouvera un moyen de s'en sortir, comme toujours, soit par la ruse, soit par la force physique.

Je regarde ma montre. C'est comme si cette nuit avançait au ralenti, c'est frustrant.

– Bordel, c'est quoi ça ! s'écrie Dante, qui est sur le siege côté conducteur, quand la voiture fait une manœuvre étrange, tanguant sur le côté avec un crissement de pneus assourdissant. Mon cousin s'agrippe au volant pour stabiliser le van.

– Quelqu'un nous vise, et si j'en crois la force de l'impact, c'est avec une arme sacrément puissante. Accélère, il faut s'éloigner de ces bois, c'est l'endroit idéal pour les snipers, ordonne l'un des soldats avec urgence dans la voix.

Je regarde par la fenêtre, il n'a pas tort. La forêt de ce côté de l'île est très dense, et ajoutée à cela, la nuit crée une couverture parfaite

– Merde ! je m'écrie quand plusieurs détonations trouent la carrosserie du van. Nous nous plaquons au sol d'un seul mouvement, sauf Dante, qui conduit désormais à un rythme effréné pour s'éloigner des arbres. Heureusement pour lui, les vitres sont blindées.

Je saisis mon Smith & Wesson. Ce monstre n'est pas l'arme la plus pratique du monde. Le recul est si puissant qu'il peut me tordre le poignet, et en raison de la grande quantité de poudre contenue dans le canon, l'arme peut exploser dans ma main. C'est déjà arrivé. C'est un flingue conçu pour la chasse au gros gibier, ce qui tombe bien, car pour moi désormais, la Sacra Corona Unita est un énorme gibier à exterminer.

Je suis sorti de la contemplation du Smith & Wesson quand quelque chose lancé à pleine vitesse, une voiture sûrement, percute le van. Il y a un bruit de tôle juste avant qu'on ne sorte de la route.

L'ombre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant