Gayle

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Par chance, le docteur Garcier habite dans le quartier résidentiel à 10 minutes de la maison sur la falaise où réside Giacomo. Quand on arrive devant la villa, Camille et Luca sont déjà sur place. Cette dernière tient un sac en cuir contenant tout ce qu’il lui faut pour faire un portrait-robot selon les informations que le médecin nous donnera, de gré ou de force.

J’ai un sifflement admiratif devant la villa blanche. J’aurais dû choisir la médecine à la fac ; j'ignorais qu’ils étaient aussi friqués. Riccardo, une main posée sur le bas de mon dos,  s’est allume une cigarette et souffle sa fumée sur mon visage. Je suis sur qu'il le fait exprès !

Non, j’aurais dû choisir la psychologie criminelle, ne serait-ce que pour comprendre ce fléau.

– Putain Gayle, j’ai tellement de choses à te raconter… Camille est interrompue par le démon.

– Ça peut attendre, on a des choses plus importantes à faire.

– Putain, ces types sont  d’un ennui, comment Arya et toi faites pour les  supporter ?

– Une question à un million de dollars !
On se tourne vers les garçons qui se tapent dans la main en riant avant de dire d’une seule voix :

– On est beaux !

Camille et moi faisons comme si nous n’avions rien entendu. Ils nous précèdent dans la maison. Dès l’entrée, je trouve qu’il y a quelque chose de bizarre. Riccardo aussi doit le penser car il se métamorphose, se mettant dans la peau du personnage inquiétant que les autres me décrivent souvent. L’heure n’est plus à la rigolade, me fait comprendre ce brusque changement d’attitude ; je continue mon inspection.

Premièrement, il n’y a pas de gardien, et ni le portail en fer forgé de couleur or, ni la porte ne sont fermés à clé. J’essaie de mettre mes inquiétudes sous le compte de ma paranoïa, qui est devenue une seconde nature depuis la nuit où Adrien Jr s’en est pris à moi, mais je n’y arrive pas. À force de côtoyer le danger, mon corps apprend à le reconnaître.

– Il doit sacrément faire confiance à ses voisins, ce médecin, commente Camille qui marche à côté de moi. Elle en profite pour me montrer la photo de son nouveau copain.

– Ça ne va pas durer. Comme d’habitude.

– Pitié, si j’ai besoin de négativité dans ma vie, j’irai voir Arya. Je hausse les épaules. Des « copains », j’en ai vu défiler ; elle finit toujours par s’en débarrasser au bout de quelques jours, sans aucune explication qui plus est.

On emprunte un petit sentier  bordé d’arbres. Le jardin du docteur Garcia est aménagé dans le style anglais. Dans un coin, il y a des arbustes taillés sous forme d’animaux. Comme le portail, la porte qui mène à l’intérieur de la maison est ouverte. Il règne en ces lieux un silence pesant. C’est comme si la villa n’était pas habitée.

– Vous êtes sûrs que nous sommes à la bonne adresse ? Je questionne en calant mon pas à ceux des garçons, nous évitant autant que possible de faire du bruit. Luca regarde son téléphone où est affiché Maps.

– Ouais, mais ce silence… C’est vraiment bizarre.

– En général, les riches ne font pas de bruit, dit Camille d’une voix discrète.

Luca et Riccardo, qui foncent toujours au-devant du danger sans réfléchir, ouvrent la porte, leurs armes dégainées. Ce calme m'angoisse. Il me rappelle le jour où j’ai mis feu à la maison de Dominguez. Je ne pouvais m’empêcher de penser que c’était un piège. Mais d’un autre côté, comment pourrait-il nous piéger ? À part Riccardo et moi, seuls Luca, Camille et Bud savent que nous sommes à la recherche du médecin.

L'ombre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant