Chapitre 29

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RIVER.

Qu'est-ce que je suis censée faire ? Je suis tétanisée et Kenan est inconscient sur le sol.

Je n'ai pas le numéro de personne, et ce serait une mauvaise idée d'appeler l'hôpital...

« Tue-le. »

Je jette un coup d'œil à Kenan, le jeter de la falaise me faciliterait la tâche, mais... il y a toujours un mais dans chaque situation.

– Qu'est-ce que je dois faire ? Murmurais-je.

Je m'approche, il est redevenu normal. Il n'est pas méchant finalement, il est juste triste et en colère. Comparer à moi, qui serait prête à le tuer pour des gens qui m'ont abandonnée, qui m'ont mise à la rue alors que j'avais besoin d'eux.

– Tu me rends folle. Dis-je froidement.

Je plaque mes mains sur mes yeux, incapable de le regarder encore une fois, une seconde de plus. Il m'a tellement fait mal depuis qu'on se connais, mais je n'ai qu'une envie, c'est de m'éloigner du Mexique.

Je pose mes mains sur sa poitrine, pour sentir son cœur battre. Il bat normalement, du moins c'est ce que j'en déduis. Peut-être qu'il dort ? Je commence à le secouer doucement.
Je suis tellement désolée de ne rien faire pour que tu ailles bien, mais tu dois mourir.

D'une certaine façon, je me suis attachée à lui. Même s'il me fait mal, et que parfois, je me sens en danger avec lui. Mais j'aime parler avec lui, j'ai besoin d'être devant ses yeux.

– Kenan, s'il te plaît, ouvre les yeux... Je suis désolée, que même dans ce moment-là, moi, je ne peux pas te sauver. Je ne peux sauver personne, car je suis faible. Tu me l'as assez répété et t'avais raison. Si mes parents ne me veulent plus, alors qui voudra de moi ? AVOUAIS-JE.

– Mais je dois te tuer. Continuais-je faussement en colère.

Je baisse la tête, même mon frère ne me contacte pas. Est-ce que je suis si horrible que ça ? Kenan me déteste, je ne veux pas qu'on me déteste. Je suis seule. Je repense au micro dans ma poche, Diego a sûrement du tout entendre. Je le saisi fermement et le dévoile à la vue de tous. Il est éteint. Un souffle de soulagement s'échappe d'entre mes lèvres.

– Qu'est-ce que c'est ? Surgit une voix.

Je me sens pâlir, je lève doucement le regard et découvre Kenan, les yeux ouverts et parfaitement en colère.

– Tu vas bien ? Répondis-je d'une voix voilée d'angoisse.

Je reprends directement avant qu'il ne le fasse :

– Je ne sais pas ce qui t'as pris, tu t'es évanouie et...

– Ne change pas de sujet, qu'est-ce que c'est dans ta putain de main ? Me coupe-t-il.

Je referme mes doigts dessus, une angoisse profonde agrippe mon ventre.

– De quoi tu parles ?

Il s'avance vivement, me saisissant par le cou. Je flanche à l'arrière faisant taper ma tête contre le sol.

— Je parle du micro. Tu comptais faire quoi avec ça, me trahir et nourrir la curiosité de... qui t'as donné ça ?

J'agrippe sa main, sentant l'air manquer dans mes poumons. Je tente de me défaire de sa prise, mais la force est manquante.

-L...Lâche-moi... Essayais-je de dire.

— Dit-moi qui te la donne, je te donne cinq secondes pour me le dire, sinon je te brise le cou.

J'agite les jambes, essayant de faire des coups de pieds, je tente de tourner de droite à gauche pour me libérer, mais impossible : ma tête s'enfonce presque dans la terre.

-Cinq...quatre...trois...deux...

-Di...Diego...Lâchais-je.

Il arrête tout mouvement et me projette à cinq mètres. Je m'écrase sur le sol sec et terreux, ma tête tape à nouveau contre celui-ci, mais cette fois elle heurte un cailloux créant une petite plaie qui saigne immédiatement. Il s'approche de moi et s'assoit presque sur mon ventre, il a une espèce de poignard pointu en or.

Je tente de poser mes coudes pour reculer au maximum et m'empêcher une mort certaine avec ce poignard qui m'a l'air extrêmement tranchant.

— Hé, ne crois pas que tu vas manquer à la mort muñeaita. Je ne sors ce poignard que pour les grandes occasions comme celle-ci. MENACE-T-IL.

Il élance son bras à une vitesse folle et abat la lame dans mon bras. Je pousse un hurlement de bête, avant de balancer la tête à l'arrière pour m'empêcher de regarder la plaie.

– Et je vois qu'elle est très spéciale, car je l'utilise sur toi. Continue-t-il.

Je me tord de douleur, je tente de lever la lame, mais impossible : il appuie fortement, faisant tournoyer le poignard.

– Une pauvre fille comme toi ose me trahir ? Tu ne sais pas à qui tu t'en es pris, River, je vais te torturer dans tous les sens du terme. Tu ne pensais quand même pas que je ne t'avais pas vue venir ?

Je sens des sueurs froides maquiller mon visage, son poids sur mon ventre m'empêche presque de respirer.

– C'est pour ça que tes parents sont en ce moment même dans un entrepôt à Mexico. Commence-t-il.

Il appuie plus fort.

— Par contre, ton frère est introuvable ; je me demande bien si tu m'as dit toute la vérité sur toi.

— De quoi tu parles, Bordel !

– Dit-moi maintenant sur quoi d'autre tu m'as menti, peut-être le fait que t'avais un autre frère ?

J'écarquille les yeux vivement, un autre frère. La douleur abominable de mon bras et ces putains de phrases incompréhensibles me font devenir folle.

-J'ai pas d'autre frères vient en au fait merde ! Criais-je.

– Tu as un autre frère, River, et il veut te voir morte autant que moi et Diego.

— Arrête de mentir, je n'ai qu'un seul frère !

Je ne peux pas croire à un tel mensonge, pourquoi m'auraient-ils caché ça ? Mes parents, pourquoi m'auraient-ils fait ça à moi ? Et si c'est réel, pourquoi voudrait-il me voir morte ?

– Kenan, arrête de me mentir. J'en peux plus, je ne sais même pas pourquoi je t'ai suivi ainsi. Je regrette d'avoir croisé ta route.
J'aurais voulu ne connaître personne, j'aurais voulu être morte avant de connaître quelqu'un de ce monde. Avouais-je à bout de souffle.

Je pleure à chaud de larme, elles coulent comme si elles attendaient ça depuis longtemps. Ce ne sont pas des larmes de peur, mais de tristesse et de chagrin profond.

– Si c'est vrai, si j'ai un frère quelque part au Mexique ou si mes parents sont dans un entrepôt à Mexico, je veux que tu m'enlèves cette lame et que tu me laisses tranquille, Kenan. Continuais-je.

Il enlève vivement la lame et empoigne mon visage mouillé par mes larmes épaisses.

– Ne commence pas à vouloir mourir, ne commence pas à pleurer, ne commence pas à me raconter ta vie. Tous les jours, ma vie est en danger, ma mère est morte lorsque je n'avais qu'à peine dix ans. Mes frères me détestent et veulent me tuer depuis des années, mon père se fou de qui va périr, je suis recherché et si j'ose me faire attraper, on me torturera ou bien pire, on me tirera une balle en pleine tête. Et tu me fais une leçon de vie ? Tes parents te mettent à la porte, mais pas le monde entier. Tu as tellement de solutions que les autres n'ont pas, réfléchis, essaye, et tu verras que tu n'es pas si seule. Tu verras que tu n'es pas la seule à souffrir, que tu as encore des gens à sauver.

Il baisse la tête avant de lâcher la mienne, je le regarde encore dans un silence. Il souffre autant que moi, alors pourquoi me fait-il subir tout ça ?

— Et ne me demande certainement pas pourquoi je suis comme ça, River, je vais te laisser vivre, mais tu verras que tu aurais préféré cent fois mourir ici que de continuer à vivre comme ça, ce n'est pas une chance, mais un châtiment.

D'une certaine façon, un gouffre sans fin s'est ouvert dans mon âme, pour que le sien se rebouche.

– Maintenant, c'est nous contre eux.

– Tu es contre moi, Kenan. Le reprenais-je sèchement.

– Non, je crois que tu te trompes, tu es contre moi. Tu n'as fait que mentir, et putain, t'allais me faire un coup de pute. Ça ne m'étonne même pas, parce que c'est ce que tu es.

— Je ne te donne aucun le droit de me parler comme ça, t'es qui, toi, un être cher pour l'humanité ? T'es qu'un homme, rien de plus, pas un être surnaturel, ton cartel de mierda, tu te le gardes. Je démissionne.

Il éclate de rire, et mon EGO en prend un coup. Ce putain de connard me tape sur les nerfs, je commençais à m'inquiéter pour lui, mais c'est un sombre connard égoïste. Un psychopathe qui mérite d'être interné.

— Tu démissionnes, beauté ? Me questionne-t-il d'un ton ironique.

Avant même que je puisse ouvrir la bouche, il poursuit d'un ton menaçant :

– Il semblerait que tu as une petite perte de mémoire, souviens-toi de ce que j'ai dit à ton arrivée.

Il s'approche, me faisant automatiquement reculer de quelques mètres.

– Je me retiens vraiment de t'éclater le crâne contre le sol, River, mais si j'ose te tuer, je rate l'une des plus grandes occasions de devenir le réel roi de la pègre.

Alors tu vas rester sagement avec moi, sinon je ne manquerai pas de passer un coup de file à un de mes gars pour liquider tes vieux.

— Mmh, je vois, et puis moi, je vais me faire foutre, c'est ça ? Kenan Je suis jeune, mais pas folle, je réfléchis et j'ai des idées. Crois pas t'en sortir comme ça en t'attaquant aux plus faibles.

– On dirais que la petite sort de sa zone de confort, en ce qui concerne aller te faire foutre, c'est exact, mais la suite, en revanche, m'affirme que tu es belle et bien une gamine immature. Dit-il sarcastiquement.

– La gamine immature t'emmerde. Crachais-je.

Au fond de moi, une crainte abominable est attachée à moi, mais si j'ai bien compris, il a besoin de moi et moi, j'ai besoin de lui.

– La gamine va surtout la fermer, parce qu'elle ne sait pas ce que je peux faire. On ne se connaît pas, du moins, tu ne me connais pas.

Je baisse la tête, je suis dans la merde. Bien plus qu'au début, je pensais que tout allait mal, alors que tout allait bien. Au fond, je savais comment ça allait finir, je vais mourir.

– Comment il s'appelle ? Le questionnais-je.

– Adam Felix Rodriguez, ou Adam Felix Mendes. Appel-le comme tu veux. Répondit-t-il la voix venimeuse.

– Mais si je me cache, il ne pourra pas me retrouver !

Il ricane, balançant sa tête à l'arrière en frottant ses yeux. Je reste perplexe, mal à l'aise.

– Félix n'est pas perdu. River, il te cherchera. Dans un sens, il t'a déjà, je n'ai plus qu'à partir. Et sans moi, tu meurts. Affirme-t-il.

— Non... non, je vais aller voir la police... Je...

— Mais tu t'écoutes parler ! ? Hurle-t-il. Tu travailles pour un cartel, c'est toi qui iras en prison et la River, je ne sais pas quelle sorte d'atrocité je te ferais.

Je crois que... je deviens folle.

— Tu es coincé entre moi et eux.

– Où il est ? Demandais-je.

– Il est en ce moment même à Los Cabes, à ta recherche, à la recherche de tes parents et de ton frère. Affirme-t-il.

— Alors il faut qu'on aille les chercher, Kenan, je ne peux pas les laisser là-bas !

J'ai vraiment du mal à y croire, mais si je veux savoir si c'est réel, il va falloir que j'aille sur les lieux du crime.

Il semble se rétracter et pincer des lèvres. Ça commence à vraiment me faire peur : ce comportement incertain et cette colère dans ses yeux, il semble fou.

– Il faut que je t'avoue quelque chose. River, ton frère, Eden, est mon otage. Dit-il avec froideur.

J'ouvre grands les yeux, Eden pris en otage ?

– Kenan, est-ce que tu me fais une blague ? C'est par ce que j'allais te trahir, c'est ça ?

Il rit froidement, me regardant avec méchanceté.

— Non, pas du tout, poupée, Eden est impliquée dans les affaires d'Adam. Eden a fait en sorte que tu quittes la maison. Du moins, c'est ce que j'en déduis.

Tout s'effondre autour de moi, cette balade en moto risque d'être mortelle. Mon corps se met à trembler, la douleur à mon bras me pique de plus en plus et Kenan vient de m'avouer un fait que je n'aurais jamais voulu savoir. Kenan me détruit, depuis que je l'ai rencontré, je n'ai fait qu'aller mal. C'est un cancer. Mes poumons se pressent douloureusement, une boule dans ma gorge s'installe, et je sens qu'elle y restera un bon moment.

— Tu me ments ! Pourquoi tout va mal depuis qu'on s'est croisé ? Laisse-moi partir ! Criais-je.

– Tu n'iras nulle part. Dit-il sèchement.

— J'irai où je veux, tu n'as rien à dire. Répondis-je sur le même ton.

— Tu dois rester avec moi, sinon tu meurt.

— Tu tues, tu es recherché, et puis merde. Kenan, tu es un narcotrafiquant. Qu'est-ce que je suis, moi, une fille ordinaire. Toi et moi à côté, ça ne marchera pas. De plus, je ne veux pas rester avec toi, tu viens de me planter. Putain de merde me planter un couteau dans le bras ! Personne ne veut d'un homme comme toi, tu es dégoûtant. Si chaque occasion se présente pour te tuer, je le ferai. Ne crois pas que le coup de pute n'est toujours pas d'actualité.

Il fronce les sourcils, il me terrifie, mais c'est la première fois que j'ai aussi peur de lui. J'en ai du mal à respirer.

– Et bien, part, ne reviens pas. Mais mets-toi à l'idée de perdre tout ce qui te semble cher, tu n'échapperas pas à la règle. MENACE-T-IL.

Je recule, je ferme les yeux essayant de trouver une solution, une solution qui pourrait me sortir moi et ma famille de cet enfer.

– Adam et Diego te chercheront, ils te trouveront, mais je ne serai pas là pour te sauver quand tu en auras besoin. En revanche, si tu pars, cache-toi aussi de moi, parce que si je te croise, je n'hésiterai pas.

– Si Adam ou Diego m'attrape, je n'hésiterai pas à mettre à exécution mon coup de pute comme tu dis. Si je vis un enfer, alors toi aussi.

Il Ricane amèrement et croise les bras.

– Ne prends pas ça comme une victoire, River, ni pour de la liberté. Tu entres dans une réelle prison, une prison où l'on ne dort pas la nuit. Une prison où l'on meurt à petit feu.

Maintenant, la question est : est-ce que j'allais vraiment partir dans cette prison du feu et de l'enfer ?






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