TRUST

Chapitre 24

~

KENAN.

— PUTA ! COLOMBIANA DE MIERDA !

Je dépose mes bras le long du rebord en passant mes mains dans les cheveux.

— Calme-toi, Kenan, on va la retrouver... Tente Alex.

Je me tourne.

– Me calmer ? Tu t'entends parler ! ? C'est une putain de jungle, la Colombie.

— Je le sais ça, mais ce n'est pas en paniquant qu'on va trouver un plan.

Je ricane nerveusement.

— Si ça ne tenait qu'à moi, Alejandro, je brûlerai tout le pays pour la retrouver.

— Et puis, qu'est-ce que t'en est foutre de River ? Sérieux, cette fille, c'est un frein.

Je me précipite vers lui, je le saisis par le colle de sa chemise, j'élance mon poing qui s'abat sur son visage. Il voltige.

— Reparle encore de River de cette façon, et c'est toi que je brûlerai.

— Hé ! J'y crois pas, qu'une gringa te mette dans cet état !

– Ferme ta gueule, Alex.

– Que je la ferme ? À cause d'elle, on a laissé tomber le premier plan. Tu l'aimes, c'est ça !

Je serre les poings.

– Alex, qu'est-ce qui te fait dire ça ? Ferme-là, je vais m'énerver. Je vais vraiment m'énerver.

— Alors tu l'aimes, c'est ça ?

Je m'approche, je prends le vase posé sur le meuble et le fracasse sur son crâne.

– Non, je ne l'aime pas !

La mort, l'amour et la destruction.

Destruction.

Je ne l'aime pas, non, je... J'ai envie... Enfin, je sais plus.

Qui a osé s'en prendre à moi ? Qui a osé défier le mal en personne. Je les regarde, et comme des fourmis, je les écrases, car c'est ce qu'ils méritent. Ils le méritent tous.

— Je dois les écraser... murmurais-je dans un rire étouffé.

Alex se lève lentement, comme s'il était effrayant, il recule.

– Je dois tous les tuer. Continuais-je le ton plus fort.

Ils ne peuvent pas la toucher, elle a signé, elle m'appartient. Et je déteste quand on touche à ce qui m'appartient.

ALEX.

Ce mec est un putain de fou. Et ce n'est pas de l'humour.

Il a été diagnostiqué maniaco-dépressif à l'âge de quatorze ans. Bien qu'il était déjà sujet de troubles du comportement étant plus jeune, Kenan est un putain de fou.

Je le regarde ricaner et marmonner des choses, il a arrêté de prendre ses médicaments depuis quelque temps, mais faut croire que River a un effet négatif sur lui.

Kenan a traversé des tas de choses traumatisantes. Dans sa vie, rien n'a été facile, mais avec cette maladie mentale qui le ronge de jour en jour, il broie du noir.

Le suicide ou l'assassinat de sa mère a déclenché ses bêtes noires. Mais il est loin de se douter de la vérité sur sa mort. Kenan croit que son père a tué sa mère.

Depuis, son désir le plus profond est de détruire ce que son père a construit pour en bâtir un empire de la Mort.

Mais telle est la question, de son âme noire, que désire-t-il atteindre réellement ?

Mais d'un côté, je ne peux pas l'arrêter. River est devenu sa proie, et bien pire que cela. Elle a réveillé ce qu'il avait enfoui en lui.

– Kenan, allons prévenir les gars de continuer à chercher à Medellin.

Il tourne le regard, froid.

– Ça fait trois jours qu'elle s'est fait kidnapper, si on la retrouve à Medellin, elle ne sera que morte.

Il s'approche encore.

— Alex, tu as intérêt à me la retrouver, sinon je te tuerais.

Elle a eu le malheur de partir, même contre son gré. Mais ça lui a déclenché quelque chose.

— Bien. Dis-je en m'éclipsant.

River, il faut à tout prix que je te retrouve, car non seulement, si tu meures, tout le monde y passera.

RIVER.

Je sanglote contre la paroi en béton, je ne sais pas depuis combien de jours je suis là. Peut-être des heures ou des semaines, j'en sais rien. Je ne sais pas combien de temps je suis resté endormi.

Je rampe doucement pour regarder, par le trou que j'avais repéré dans le mur, un petit rayon de soleil par celui-ci. Il faut à tout prix que je parte d'ici, je l'ai entendu dire, si Kenan ne se montre pas, ils allaient me tuer.

Dans ce petit trou rien n'est visible, seulement de la lumière. Je me mets à réfléchir comment sortir de là, je touche mon collier, le faisant tourner de stress dans ma main. Je sens cette angoisse monter en moi, non, je ne peux pas pleurer maintenant, il faut que je trouve un plan.

Au fond de moi, j'espère qu'il vienne me sauver.

Mais à voir comment il me traite, je doute sincèrement qu'il aie de la compassion ou un brin de gentillesse pour venir me sauver. Mais j'espère quand même. Sans l'espoir et la confiance, on ne survit pas.