RIVER.— River, tu es obligé de partir.
Je lève les yeux, pensant que c'est une blague. Je plante mon regard dans le sien, attendant qu'il me dise que c'est une plaisanterie.
— Papa... commençais-je à dire, le visage pâle et le regard vide.
Il réajuste ses lunettes et souffle comme pour me dire que je le dérange.
— On n'a plus assez d'argent pour prendre en charge deux personnes, ta mère et moi avions pris une décision.
Il marque une pause pour boire dans son mug. Je l'observe, avec une pointe au Cœur.
— Ton frère n'est pas en état, il est à l'hôpital en ce moment même, et on a payé une grosse somme d'argent pour qu'il le guérisse. On est fauché, River. Dit-il le regard sévère.
Mon souffle se coupe, des sueurs froides apparaissent. Alors, ils me mettent bien à la porte. Mes yeux s'humidifient, je pince des lèvres pour empêcher mes larmes de couler.
- Alors... Votre choix s'est porté sur moi... dis-je la gorge nouée.
- Contrairement à ta mère, je ne suis pas désolé. C'est les choses de la vie, on est seulement un obstacle. Tu as 18 ans et tu es en bonne santé, alors va faire ta vie. Déclare-t-il.
Ses mots sonnent comme des coups de poignard, un blanc s'installe alors que j'essaie de faire entrer la réalité dans ma tête.
Après un long silence, je décide de me lever et de partir prendre l'air. Je ne lui lance aucun regard, ce serait trop beau et trop cliché. J'entame une marche lente, et les yeux rivés vers le sol sans cligner. C'était trop facile, mon frère toxicomane et ma mère soumise aux ordres de mon géniteur.
Dans les rues de ma ville, je trottine pendant au moins dix minutes, sans trouver ce que je cherche. Une supérette. Je plonge mes mains dans mes poches et attrape mon seul billet. Je ne suis vraiment pas riche.
Je soupire et passe mes mains dans mes cheveux, je scrute les passants qui me bousculent presque, tous vont dans la même direction. Il doit se passer quelque chose.
Avec curiosité, je suit un gamin avec sa trottinette. Plus je le suit, plus j'entends du bruit. Des sirènes de police. Je fronce les sourcils.
Qu'est-ce qu'il se passe ?
Je m'avance en bousculant des gens pour avoir une vue plus nette de la scène.
Mes yeux s'écarquillent vivement, un haut, le cœur. Une envie de vomir me prend. Des femmes décapitées, du sang partout dans cette ruelle. Certaines n'ont pas de têtes et d'autres pas de bras, mais ce qui me choque le plus, ce sont deux enfants accrochés l'un à l'autre, les bras enroulés autour de leurs corps comme pour se protéger.
Je pose ma main sur ma poitrine, le regard luisant. J'observe la scène avec un grand dégoût. Qui a bien pu faire ça ? C'est horrible.Je porte mon autre main à ma bouche, scrutant la scène abominable. Une légère brise d'air m'envahit, ce qui me sort de mes pensées. Pendant que je me remettais de mes émotions, une vieille dame me regarde longuement. Ses yeux sont humides, tout autant que les miens.
Alors que le silence règne, un homme hurle dans la foule : tout le monde tourne la tête vers cette voix masculine. Ce qui lui vaut tous les regards, pendant un instant, on pourrait presque oublier ce qui se trouve derrière nous. Il hurle à s'en déchirer la gorge, un frisson me parcours. Peut-être que l'un de ces cadavres est de ses proches. Je ferme les yeux une seconde avant de partir, je ne peux pas continuer à regarder ça, c'est de la torture.
Je reprends la route que j'avais empruntée pour rentrer chez moi.
J'avais presque oublié ma situation, si ça se trouve, dans quelques jours ou semaines, je serai probablement morte. Avec tout le trafic qui se trame à Los Cabos et dans les villes du Mexique, je risque de ne pas tenir longtemps, livré à la réalité. Il faut que je me trouve un travail aussi, j'avais déjà donné mon CV dans plusieurs bars qui payent bien.
Une boule se forme dans ma gorge lorsque je passe le seuil de la porte d'entrée.Comment je vais faire ?
Je m'adosse le long du mur de la cuisine et me laisse glisser les jambes recroquevillées. J'ai nul part où aller, j'ai pas d'amis, pas de famille au Mexique.
J'ai même pas assez d'argent pour aller en Amérique.
Je n'ai pas envie de paraître faible, ce serait inutile, car même si je pleure, rien ne changera dans ma vie. Avec un peu de courage, je me lève. Je ne pouvais pas m'imaginer un seul instant que mes parents me feraient ça.
KENAN.
El Burdel, Los Cabos.La musique Eres Mia de Romeo Santos résonne dans tout le bar, Alex accompagné d'une fille danse collé serré, je le vois rapprocher ses mains des seins de la fille. Quel obsédé. Je rigole en repensant à la claque qu'il s'est prise par la fille d'avant.
Je bois une gorgée de ma boisson alcoolisée en observant tous les gens qui dansent. Bien sûr, Alex fait tache parmi eux, la chemise ouverte, un short rouge de bain et des claquettes. C'est seulement là pour les filles.– Sacré Alex... Murmurais-je.
Mes yeux se posent sur une fille qui dansote, une jupe très courte, je peux voir son string avec le mouvement de ses hanches. Tout en buvant, je regarde sous sa jupe le sourire aux lèvres, mes yeux remontent le long de son corps, accrochant sur son décolleté plongeant, ses cheveux collés à sa peau dû à la chaleur. Je passe ma langue sur mes lèvres, elle est super bonne, je mentirais si je disais le contraire.
Elle remarque que je la regarde, et un sourire se forme sur son visage. Elle s'approche de moi en bousculant tout le monde. La soirée s'annonce bien.
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TRUST
RomanceDans un bar du Mexique, une jeune femme travaille pour un puissant narcos qui règne en maître sur le pays. Contre son gré, elle se retrouve plongée dans le monde sombre et violent du trafic de drogue. Alors qu'elle tente de garder sa tête hors de l...