Chapitre 33

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RIVER

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RIVER.



Je laisse pendre mes bras le long de mon corps, une toute petite part de moi a honte d'avoir dit toutes ces choses, mais ces paroles comparées à lui... ce n'est même pas le quart de ce qu'il fait.

Je tourne dans une ruelle, assez sombre, mais les quelques personnes s'y trouvant ne m'inspirent pas confiance. J'ai eu une certaine réflexion de reculer, mais, trop prise dans mon élan, je continue d'avancer dans cette rue. À cet instant, mon cœur s'emballe brutalement. Je n'arrive pas à me sentir en sécurité où que je sois. Pas une fois depuis que j'ai quitté Kenan, je ne me suis sentie protégée. Certes, il est ce qu'il est, mais, de le revoir là aujourd'hui, je...

– Chica! Je t'ai déjà vue quelque part, je me trompe ?

Une voilée de frissons traverse mon corps, et mon cœur rate un battement. Je tente de continuer ma marche, malgré le fait que mes jambes tremblent comme une feuille. Soudainement, je me sens tiré violemment par l'arrière, me propulsant à quelques mètres derrière moi. Ma tête est vivement sonnée par la violence du mouvement.

– Mais si, je me souviens bien de toi. Peste-t-il en se penchant à mon niveau.

Je ne prends pas le temps de comprendre qui est cet homme, et je me lève vivement, ce qui le fait flancher à l'arrière. Je me précipite vers la sortie de cette rue, je court presque, je manque de trébucher, mais me rattrape à la volée.

— Reviens-là ! J'ai pas fini de parler. Hurle-t-il.

Je ne sais pas qui est cet homme, et mon plus grand souhait maintenant est de ne jamais savoir qui il est. Je continue d'avancer, voyant enfin le bout de cet enfer. De tout mon élan, mon corps entre en collision avec un autre. Sous l'effet de surprise, je tiens les épaules de cette personne pour éviter une chute très douloureuse. Mon cœur battant la chamade, je ne me rends pas compte que mes pieds ne touchent presque plus le sol et que je suis affalé sur cette personne. Un instant, j'ai une crainte, j'ai l'envie de me débarrasser de cet individu, mais cette odeur me force à rester agripper. Elle est familière, ce torse masculin est familier, ces mains posées sur moi sont familières. Je lève doucement les yeux, et c'est lorsque, sans aucun doute, je découvre le visage de Kenan comme si c'était la première fois que nous nous voyons. Mon cœur rate un douloureux battement, faisant trembler mon cœur entier, la peau voilée de frissons. Je force ma poigne sur ses épaules, mes yeux lancent des signaux d'alerte, tandis que mon corps cris à l'aide.

– Tout va bien, muñequita ? Me questionne-t-il inquiet.

C'est la première fois que je le vois éprouver une vraie inquiétude, et surtout envers moi. Ma poitrine se réchauffe soudainement, par ce surnom, et par sa voix.

Muñequita, m'as manqué...

– Tu es encore là ? Répondis-je sans m'en rendre compte.

À chaque fois que je suis en danger, il est là pour moi, il me sauve. D'une certaine manière, ce côté de lui me plaît, en fait, il me plaît. Mais c'est dur d'être avec lui. Alors j'espère de tout mon cœur qu'un jour il devienne quelqu'un de meilleur.

– Je serais toujours là pour te protéger, et tu le sais. Alors, maintenant, dit-moi ce qu'il se passe avec cet homme ?

— Je ne sais pas, il prêtait à me connaître, moi pas. Dis-je la voix légèrement tremblante.

Ma réaction semble dépasser les bornes, mais ceci est une goutte de trop.

– Attends-moi ici, je reviens. Dit-il en prenant la direction de cet homme.

— Non, s'il te plaît, je veux partir d'ici.

Il hausse les sourcils, une expression de soulagement.

– D'accord, où est-ce que tu veux aller ?

— Et bien, je n'ai plus de maison, en fait, je n'ai plus rien alors... dis-je en grimaçant, voulant lui faire comprendre d'aller chez lui.

Il Ricane doucement, sans se moquer, puis attrape tendrement mon épaule. Ça ne me dérange pas, c'est agréable d'être proche de lui. Je ne sais pas si, il y a deux mois, je trouvais ça agréable, mais maintenant...

– Tu veux qu'on aille chez moi, c'est ça ?

— Ouais... dis-je d'un ton qui laisse paraître ma gêne.

– Ne sois pas gênée, faut-il que je te rappelle que tu vivais chez moi il n'y a pas moins de deux mois ?

– S'il te plaît, arrête de parler comme ça, ça me gêne. Dis-je en plaquant mes mains sur mes joues.

— Aller, suit moi. On rentre à la Casa.



~


Je reste bouche bée par la beauté de cette maison, enfin plutôt de cette superbe villa. Le sol est noir et les murs en pierre blanche qui rendent très frais les couloirs.

— Tu veux peut-être manger, boire ou je ne sais pas. Dit-moi ce que tu as besoin. Dit-il en croisant les bras.

– Est-ce que tu as quelque chose pour que je puisse me changer, s'il te plaît ? Demandais-je.

— Oui, j'ai gardé ce que tu as laissé, suit-moi.

Il me mène jusqu'à un escalier qu'on monte pour arriver dans un grand couloir. Il ouvre l'une des portes, et j'y découvre une chambre.

— Vas-y entre, je t'attends devant la porte. Dit-il.

– D'accord, merci.

Après avoir entré, je ferme la porte. Aussitôt, mon attention se porte sur une belle robe rouge bordeaux, posée sur le lit. Je m'approche et la touche du bout des doigts. Elle est en satin.




~



– C'est bon. Dis-je en ouvrant la porte.

Il se retourne et, quelques secondes après, j'ai cru voir un sourire dans le coin de ses lèvres. Il me scrute longuement, sans pour autant me gêner.

– Jolie robe. Lance-t-il.

Je pouffe en levant les yeux au ciel, c'est lui qui a mis cette robe sur ce lit. Il savait que j'allais la mettre. Je hoche la tête, puis on se met en marche jusqu'à l'escalier, on le descend rapidement et on arrive là où nous sommes arrivés. En fond, j'entends une musique, Dos Gardenias d'Angel Canales, et quelques voix.

Je fronce légèrement.
Les sourcils, je ne m'attendais pas à voir du monde ici.

— Si tu étais attendu, ne fallait pas venir me chercher. Dis-je doucement, essayant de trouver un visage dans ce couloir qui donne dans le jardin.

Il ricane doucement et s'approche doucement de moi, il décale quelques mèches sur mes épaules.

– Non, ce n'est pas un problème ça. Si tu veux, on peut aller les rejoindre pour se détendre ? Après ce qu'il s'est passé aujourd'hui, je pense que tu en as besoin.

Je souris doucement puis, aussitôt, il prend mon poignet et me guide jusqu'au jardin. Un très beau jardin avec une grande piscine et quelques palmiers. En même temps, je découvre les quelques têtes autour d'une table : il y a des femmes et des hommes. Tous très bien habillés et je suis assez satisfaite de me mettre à changer et de ressembler à quelque chose. Ces femmes sont sublimes, des beautés mexicaines. Des cheveux aussi noirs que le charbon, une peau dorée et des yeux chocolat.

— Holà primo ! On t'attendait, où est-ce que t'étais ?

Un homme avec une barbe et un chapeau accompagné d'une bière. Tous les regards sont braqués sur moi, et je me sens nettement moins à l'aise.

– Quién es esta chica ? Ajoute-t-il.

Je recule de quelques pas, pour me cacher derrière Kenan. Sauf qu'il met sa main en bas de mon dos et me force à me positionner devant lui.

— Mi novia, lâche-t-il.

Aussitôt, je me braque et ouvre.
Grands les yeux. Les deux simples mots « Mi novia » résonnent difficilement dans ma tête.

– Attend, qu-

– Primo ! Tu nous présentes enfin une fille ! Me coupe cet homme en criant de joie.

Kenan se penche doucement en embrassant ma joue, mais il reste quelques secondes près de mon oreille pour chuchoter :

– Fais semblant.

Puis il relève la tête, un sourire attaché aux lèvres, il réajuste sa main autour de ma taille et me rapproche de lui.

– River, je te présente mes cousins et cousines. Dit Kenan.

– Bonsoir. Dis-je en croisant les bras.

L'une des femmes assises se lève, elle ne manque pas de planter son regard dans le mien, au fur et à mesure de ses pas. Pas une fois, elle n'a osé regarder ailleurs que mes yeux.

– Enchanté, Maritza. Dit-elle en m'offrant sa main.

Je m'empresse de la prendre en retour, je sert doucement ses doigts.

– Enchanté. Répondis-je.

Elle lance un regard à Kenan et poursuit en enlevant sa main de la mienne :

– Bienvenue, River.

Sa voix est froide, pas autant que celle de Kenan, mais on dirait bien que cette froideur et ce mépris est de famille. Elle tourne les talons et fait un signe de tête à toutes les autres femmes, toutes entrant dans la maison. Je me retrouve désormais entouré d'hommes.

– River, tu ne rejoins pas les filles ? Me questionne un homme d'un air soucieux.

Je me sens tout de suite oppressée, mais une grande main s'abat sur mon épaule me réchauffant.

– Elle y va. Dit-il en me poussant vers l'entrée.

Il me lance un regard de supplice, ce qui me force à entrer. Ce ne sera pas dur de les trouver, avec ces rires, je vais me guider. Je continue à marcher à l'écoute de ces rires, et je les trouve rapidement dans une cuisine ouverte. Alors que j'entre dans la cuisine, tout mouvement et bruit s'arrête, tous les regards se posent sur moi.

Et principalement celui de Maritza, toujours aussi glacial. Je les regarde toutes à tour de rôle, mais ne détache presque jamais celui de Maritza. Je ne me sens pas du tout à l'aise, et avec tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui, j'ai besoin de me reposer. Je tente de faire demi-tour, mais lorsque j'effectue quelques pas à l'arrière, le visage de Maritza s'adoucie et un radieux sourire se forme dans le coin de ses lèvres.

— Joint-toi à nous, River. Lance-t-elle d'un ton familier.

– Je peux ? Dis-je doucement.

Elle hoche la tête et dépose un plat sur un meuble à côté de la cuisine, elle s'avance vers moi et prend mon bras chaleureusement.

– Bien sûr, tu n'as qu'à prendre le plateau de fruits.

J'exécute presque aussitôt, je suis un peu trop habitué à le faire... Je remarque un couteau et une pomme à moitié coupée, je prends l'initiative de finir de la couper.

– Tu sais, Kenan est un garçon très gentil, mais parfois... Lance Maritza sous les regards inquiets de ses cousines.

Je sais très bien de quoi elle parle, de la violence et de ses humeurs étranges. Cela reste un mystère pour moi.

– Parfois ? Répétais-je.

Elles se lancent toutes un regard complice.

– Est-ce qu'il a été violent envers toi ? Dit-elle en regardant les alentours.

Mon corps se fige, comment dire ce qu'il s'est passé il y a deux mois. Ce coup de poignard qui semblait irréel, ça ne lui ressemblait pas. Il ressemblait à une bête sauvage, un vampire buveur de sang. Il était quelqu'un d'autre ce soir-là.

– Non. Répondis-je froidement.

Je souffle en posant le couteau fortement sur la table et poursuis d'un ton irrité :

– Pourquoi devrait-il l'être, est-ce qu'il a une raison à ça ?

Maritza pâlit, puis s'approche de moi encore plus prêt.

– Il y a de nombreuses raisons, les hommes de notre famille sont durs et apprennent dès qu'ils savent parler à se battre et à devenir ce qu'ils sont aujourd'hui. Je veux juste savoir si, toi, tu subis ses extravagances, Kenan a vécu différemment cet apprentissage, il est plus... sombre. Bien que toi et moi sommes des inconnus, je tiens tout de même à ce que tu restes en vie.

Elle inspire longuement puis dit rapidement, comme si c'était un secret :

– Il est malade...

– Maritza! C'est déplacé ce que tu dis ! Crie l'une de ses cousines.

Mais le temps d'une seconde, les yeux de Maritza ressemblaient aux miens. Le temps d'une seconde, elle me comprenait. Elle se redresse et réajuste sa jupe.

– Oui, pardon. J'ai dépassé les bornes.

– C'est moi qui suis désolé. Dis-je simplement en m'éclipsant.

Kenan est malade ? Extravagance ? Je suis perdue, je ne sais plus quoi faire, où vais-je ?

Je longe un long couloir blanc, je finis par trouver un second jardin. Calme, seulement une certaine fraîcheur qui s'installe. Je m'assois près d'une sorte de piscine, beaucoup plus petite que l'autre, mais tout aussi jolie.

Je ne sais pas si j'ai fait le bon choix de l'avoir suivi, de lui avoir demandé de venir. Je ne sais pas si l'aimer est bon pour moi. Depuis que mon regard s'est posé sur lui, des sentiments ont surgi en moi. Mais mon esprit est brouillé, il n'existe plus. Et puis cette histoire de petite amie me blesse profondément, mais je ne suis pas sûre pourquoi.

– River, qu'est-ce que tu fais ?

Je n'ai plus besoin de deviner qui me parle, cette voix joue en boucle dans ma tête tous les jours.

– Je prends l'air, Kenan. Dis-je.

Je sens sa présence dans mon dos, il ne dit rien, mais je sais qu'il meurt d'envie de le faire.

– J'ai une question à te poser.

– Oui ?

– Mais promets-moi de dire la vérité.

— Promis.

Je me tourne lentement et, vue son expression, je peux voir qu'il est un peu perplexe de la mienne. Je ne dois ressembler à rien, je sens mon visage tomber comme si j'étais fatigué.

– Qu'est-ce que tu as, tu es malade ?

Un semblant de malaise l'anime, puis un rire incontrôlable l'émet de lui. Un rire fou.

— Quoi, qui t'as dit une telle bêtise, River ? Dit-il d'un ton presque menaçant.

Il rie toujours, ça en devient presque effrayant. Je crois voir des yeux humides, très humides. Ce regard me met une barre au ventre et une boule à la gorge. Je n'ai pas le temps de répondre qu'il crie :

– Puta ! Qui est la putain de personne qui t'a dit ça ? Putain, je vais la tuer, je vais la tuer !

Et maintenant, je suis sûr qu'il souffrait vraiment, parce qu'en criant une larme coulait sur sa joue.

— S'il te plaît, dit-moi ce qu'il se passe. Dis-je malgré qu'il bouge de partout.

Il rie, tout en marchant en rong.

– Non, personne ne comprend ce qu'il se passe. Ils disent que c'est mon père, puis ma mère, puis mes frères et puis encore ma mère. Toujours elle, le prénom de cette femme revient sans cesse, mais je sais que ce n'est pas ça ! S'exprime-t-il affolement.

Il se frotte la tête et craque ses doigts, il ne cesse de bouger.

— Mais bon, cette personne t'a dit que j'étais malade ? Certes, oui, je suis malade. Je...

— Dit-moi ce que tu as, putain !

Je m'avance à grande vitesse et fais claquer ma main contre sa joue. Il se braque en attrapant mon poignet violemment.

– Ne me touche pas ! Dit-il d'un air de détresse.

Presque apeuré par mon geste. Il fronce les sourcils, puis semble peu à peu redevenir à son état normal. Ses traits sont beaucoup moins serrés, mais ils le sont toujours un peu. Sa respiration saccadée résonne, et il desserre sa poigne autour de mon poignet.

– Désolé, c'est... commence-t-il.

Il se coupe tout seul en me plaquant contre son torse, c'est comme un besoin, comme s'il en avait vraiment besoin. C'est avec tendresse qu'il me serre contre lui. J'écoute toujours sa respiration saccadée, et les battements de son cœur tout aussi saccadés...

– Reste avec moi, s'il te plaît. Dit-il à bout de souffle, la voix tremblante.

Son corps tout entier tremble, je peux même entendre des claquements de dents.

À cet instant précis, de le voir dans cet état, j'ai comme l'impression que mon cœur se déchire. Il a certes des problèmes, mais il ne semble pas vouloir en parler.

— Je suis là, commençais-je en passant mes bras dans son dos, je suis là maintenant.

Je hume son odeur longuement, tout en exerçant des petites caresses. Kenan a des gros problèmes, on dira qu'il est très colérique et en même temps très triste. J'espère qu'un jour il me dira ce qui le tourmente, et son histoire avec sa mère...

– Je suis là. Répétais-je.



 Répétais-je

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