Chapitre 10

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      KENAN

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KENAN.



Je vois la voiture s'éloigner petit à petit, je me retrouve enfin seule. Au loin, j'aperçois un rocher sur lequel je pourrais m'asseoir. Je jette ma cigarette dans les graviers, seul le bruit de mes pas et de l'eau qui cogne contre les rochers résonne, ça me rappelle ce jour-là. Peu à peu, le bruit des vagues devient insupportable, ça bourdonne dans mes oreilles, un bruit qui fait perdre la tête. Comme un marteau piqueur qui ne s'arrête jamais et qui ne cesse d'augmenter la puissance de ses coups.

En scrutant la mer déchaînée, mon regard se pose sur mon bateau, El Muerto, qui flotte au-dessus des vagues. Le nombre de cadavres qu'il a porté est incalculable.




~


La voiture arrive à toute vitesse, laissant de la poussière s'échapper de droite et de gauche. Elle s'approche de plus en plus et je peux voir qu'il y a toujours une petite tête blonde assise à l'arrière. Qu'est-ce qu'elle fou encore là ?

Alex descend en premier, l'air embarrassé.

- Qu'est ce que ta fait encore!? Le soupçonnais-je agacé.

Il pince des lèvres.

— Ce n'est pas moi... c'est elle... dit-il en pointant du doigt River à travers la vitre de la voiture.

Elle ouvre la porte, les sourcils froncés, et s'avance près d'Alex.

— J'ai rien fait, moi ! C'est toi qui a foncé dans les abuelas ! S'exprime-t-elle.

Elle se tourne vers moi et prend un air justificatif et ajoute :

— Je le jure que je n'ai rien fait, c'est lui ! Il a foncé dans un tas d'Abuelas qui se promenaient !

Il lance un sale regard à River et murmure :

– Sale traitre.

Encore un coup avec son pote Ashtray, celui-là, il est comme Alex, un duo de choc comme on dit, même le fait qu'il soit en Angleterre, il trouve toujours un moyen de faire des conneries avec Alex. Je pivote sur la côte.

— Alex, j'espère que ce n'est pas lié à Ashtray hein ? Demandais-je.

Il ravale sa salive, une colère noire monte en moi. J'ai l'impression de parler à un gosse putain.

— Euh... En fait, dans la voiture, il y avait un téléphone... Et Ashtray m'a appelé et... commence-t-il.

Je lâche un petit rire nerveux, je m'imagine déjà écraser sa tête contre un rocher.

— Nan, vas-y, continue, on va bien rigoler quand c'est moi qui vais t'écraser.

Il laisse retomber ses bras le long de son corps et prend une grande inspiration.

— Mais ce n'est pas ça le problème, Kenan, quand on est arrivé près de chez elle. Il y avait une dizaine d'hommes.

Mon sang se glace, pourquoi chez elle ? En quoi elle a un lien direct avec moi ? Certes, elle travaille pour moi, mais pas illégalement. Elle a un poste de femme de ménage, rien de plus.

— Et aussi... commence-t-elle.

Je la regarde en attendant la suite.

— Hier soir, quand je suis rentré chez moi, mon appartement était en désordre avec la porte ouverte. J'ai trouvé ça bizarre, mais je ne me suis pas plus inquiété. Et avec tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui, je viens de me rendre compte. Vous pensez que c'est lié à vous ?

– En quoi ce serait lié à moi ? Ton travail, c'est de nettoyer, rien d'autre, bien que tu aies accès à mon bureau...

Je fais une pause, mais oui, c'est ça, River est la seule à avoir accès à mon bureau avec Alex. Alors, ils se sont fait des idées. Tous les jours, elle avait le nouveau code et parfois, elle prenait la carte magnétique d'Alex. Donc, ils ont pensé qu'elle était au courant pour la clé USB.

- Je vois...murmurais-je.

- Je risque rien hein...?

— Tu risques beaucoup, mais vraiment beaucoup... prononce Alex.

— Alex, ne dramatise pas, on ne sait rien pour l'instant.

– Avec Diego sur le dos, je ne pense pas qu'elle puisse rester en vie seule. Déjà, en ce moment même avec toi, c'est un miracle qu'elle l'est toujours...

Je vais faire comme si j'ai rien entendu de ce qu'il me met sur les nerfs depuis ce matin. Quand ça va exploser, il va vite regretter d'être aussi à l'aise.

— Même en ne faisant rien, je me mets dans des merdes, pas possible... murmure-t-elle.

Une idée me vient en tête, pourquoi ne pas jouer de sa peur. Après tout, elle est là, sans défense et dans l'ignorance.

— C'est vrai que tu risquerais de vite te faire tuer ou violer si ça leur chante... Ce serait bête d'arriver là, non ? Dis-je en m'avançant près d'elle, ce qui fait augmenter son stress.

Je vois sa cage thoracique bouger plus vite, elle joint ses deux mains ensemble et me regarde avec peur.

— Ils feraient vraiment ça ?

Je me positionne derrière elle, mon torse touche presque son dos, et même malgré ça, j'ai une belle vue sur la mer, car je la dépasse énormément. Une minuscule petite bête dans la paume de mes mains.

— Ils feraient pire, commençais-je en plaçant mes mains sur ses petites épaules, mais tu sais ce qui serait encore pire ?

Elle se tourne légèrement, me laissant une vue de profil sur son visage, un parfait petit nez tracé en trompette faisant ressortir sa lèvre inférieure plus épaisse que l'autre. Et un grain de beauté sur le haut de sa joue qui lui rajoute un certain charme.

— Non, qu'est-ce que c'est ?

Je sens qu'elle a peur, ses épaules tremblent sous mes mains. À défaut d'avoir peur, je ne semble pas la gêner.

— C'est que si tu oses faire quelque chose qui me contrarie, qui trahit ou qui pose problème au cartel, je te tuerais. Ainsi que tout ce qui compte pour toi.

Je prends une pause pour me mouvoir face à elle. J'ai une vue directe sur son visage effrayé.

— Je ne ferais pas appel à Alex, je le ferais moi-même. Maintenant, tu es en danger : tout ce que tu ferai ou dirai aura des conséquences, et si tu veux rester en vie, tu dois suivre mes ordres à la lettre. Sinon, je serai obligé de te tuer là maintenant.

Elle recule d'un pas en arrière et place ses mains dans son dos. Son visage, autrefois plein de couleurs et d'émotions, devient blanc comme neige et comme seule animation, la peur. De la voir comme ça, dépendante de mes paroles, reculante face à moi, ça me donne envie de continuer jusqu'à ce qu'elle me supplie d'arrêter de parler. Je veux qu'elle aie peur et qu'elle me désire pour la briser encore plus. Peu à peu, mon cerveau enregistre tous ses gestes, l'imaginant à genoux devant moi.

— Je n'ai pas envie de mourir ! Commence-t-elle.

Elle prend un air pensif pendant quelques secondes, me laissant le temps d'admirer son beau décolleté et de voir un bout de son soutiens-gorge noir pressé contre ses seins. Son collier avec son initiale « R » tombe parfaitement dans le creux de sa poitrine. Je regarde son cou, imaginant mes mains autour de celui-ci, le pressant. La sensation de sa peau sous ma main.

Elle mordille ses lèvres avant d'avouer avec détermination :

— Alors, je ferais ce qu'il faut pour !

– Ça veut dire que tu travailles pour nous maintenant ? Demande Alex.

Elle hausse les épaules et répond :

— Je suppose, bien que je travaillais déjà pour vous.





~



- Ah ouais ça faisait longtemps qu'on étais pas venue...

Je pose les clés de la voiture sur un meuble à l'entrée de la maison. Je scrute la villa dans la pré-ombre, ça sent encore le plastique. Cette villa, je l'ai achetée quand j'avais 15 ans, la toute première propriété que je me suis offert. Personne ne sait qu'elle existe, on devrait être en sécurité ici.

– Pour les chambres, on va occuper le dernier étage, il y en a 4. Dis-je en déposant un sac noir à terre.

Ils hochent tous les deux la tête. Un long séjour allait commencer dans cette villa isolée du monde.

— Bien, maintenant dépêchez-vous de prendre une douche et de venir dans le salon. On doit créer un putain de plans pour coincer Diego.







 On doit créer un putain de plans pour coincer Diego

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