Chapitre 34

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RIVER

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RIVER.

- Kenan, est-ce que l'idée de me lâcher t'aurait effleuré l'esprit ? Demandai-je sarcastiquement.

Il souffle longuement, faisant semblant d'hésiter. Je sent son souffle sur le haut de mon crâne.

- Ça fait des mois que j'attends ce moment. D'abord, on rejoint les autres, ils vont trouver ça bizarre... dit-il d'un ton mesquin suivi d'un regard plein de sous-entendus.

Je pince immédiatement des lèvres, pour étouffer un rire.

- Bien sûr, puisque tu as dit que j'étais ta copine maintenant, ils vont se faire de drôles d'idées, et comme tu es fou et pervers, ils ont de quoi. Dis-je d'un ton perplexe.

- En quoi je suis pervers, tu essaies juste de me trouver tous les défauts pour pouvoir me détester. Répond-t-il en souriant.

Je lâche un léger rire.

- Alors pourquoi ta main est posée sur ma fesse, et à vrai dire, te détester, c'est un vrai fardeau, si tu savais. Lâchais-je en roulant des yeux.

Je sens sa main se tendre et remonter dans mon dos, il ne me lâche pas. Il lance un regard près de la baie vitrée, je fais de même et découvre l'une de ses cousines marcher vers notre direction.

- C'est juste que mi novia se ve sexy con esta vestida.

Je sens mes joues rougir, mais même si ce compliment me touche profondément, je sais au fond que c'est parce que sa cousine est là. Ce n'est qu'un rôle, je ne sais pas encore l'utilité, mais si Kenan se comporte comme ça avec moi, alors ça m'est égal.

Je baisse légèrement la tête, déçu que ce compliment n'est que faux.

- Arrête de dire ça, surtout quand c'est faux. Dis-je doucement.

Il relève mon menton à l'aide de ses deux doigts, je peux voir des yeux qui brillent et un radieux sourire.

- Je ne ment jamais. Dit-il avec évidence.

Je n'ai pas le temps de comprendre qu'il prend fermement la main et m'entraîne à l'intérieur de la maison.

- Il faut que tu vois comment Maritza danse la salsa avec mi primo, Toño, c'est une vraie danseuse.

Mon visage s'illumine, j'adore plus que tout la danse. Lorsque j'étais encore enfant, j'avais participé à de nombreux concours de danse, le flamenco, la salsa, la samba, et surtout la bachata.

- J'ai hâte de les voir danser, j'adore la danse.

- Tu aimes la danse ?

- Évidemment, j'ai fait beaucoup de danse. Mais ma préférée, c'est la Bachata ! Expliquais-je.

- Oh, moi aussi, la bachata Dit-il.

Un instant, je suis surprise, Kenan danse ? J'ai du mal à y croire.

- Attends, toi, tu danses ? Le questionnais-je perplexe.

- Bien sûr, quel mexicain ne danse pas ? Je suis meilleure que Maritza, je suis née dans les bars dansant.

- Moh, alors ça ne te dérange pas de danser avec moi, n'est-ce pas ? Plaisantais-je.

- Quel homme refuserait de danser avec toi ? J'accepte, mais je choisis la musique.

- D'accord, je te laisse choisir.

On arrive rapidement là où sont les autres, je vois qu'il y a quelques personnes en plus, ils sont peut-être vingt ou trente.

- Maritza, prête tes talons à River. Dit Kenan en coiffant ses cheveux à l'arrière.

Elle est confuse quelques secondes, mais semble comprendre presque immédiatement.

- Ça s'annonce plutôt bien pour toi, une danse, c'est ça ? demande-t-elle.

Je souris chaleureusement.

- C'est ça.

Elle enlève rapidement ses talons, sur sa cheville, je peux voir un tatouage en tête de mort : il appartient au cartel, elle me les tend.

- J'espère qu'ils tirent. Dit-elle avec un sourire.

Je les prends une main, j'observe rapidement la pointure, du 36, pile ma taille.

- Merci, je te les rends juste après. Répondis-je.

Je m'assois sur un petit canapé de jardin, j'enfile presque en accéléré ces talons, j'ai si hâte de danser. À vrai dire, en pensant à cela, à cette danse qui me rappelle mon pays, le Mexique, je suis un peu déçu d'avoir raté Dia de Muertos.

Je lance un bref regard à Kenan, près d'une enceinte avec quelques uns de ses cousins. Tous très souriant et heureux. Quelques secondes plus tard, la musique se lance, il la remet, Corazon Sin Cara de Prince Royce. Il s'avance près de moi à une vitesse incroyable : en à peine cinq secondes, il se retrouve déjà devant moi, à me traîner dans un coin où l'on peut bouger.

- Reste collé à moi, et ne détourne jamais le regard. Claro, muñequita ?

Je hoche la tête, je prends vivement sa main dans la mienne et l'entraîne dans une soudaine danse. Il ne faut surtout pas manquer la meilleure partie de cette musique. Il est un peu surpris, mais s'y joint presque de suite. Il place une main dans mon dos, me collant davantage contre lui. Malgré que cette chanson soit rapide, j'arrive tout de même à suivre le mouvement de son bassin contre le mien, j'aligne mes hanches comme je peux aux siennes, malgré qu'il soit beaucoup plus grand que moi.

- Tu danses plutôt bien, je t'ai sous-estimé. Dis-je en m'éloignant.

Il sourit mesquinement et me resserre contre lui, provoquant un choc émotionnel en moi. Le sentir bouger contre mon corps me provoque des frissons étranges. Il prend vivement mon autre main et me manipule comme une petite poupée, je me retrouve le dos collé contre son ventre.

- Ne pas se fier aux apparences. Lâche-t-il près de mon oreille.

Aussitôt, il me fait tourner, je suis un peu surprise, mais je ne suis pas à pas ses mouvements. Je sens mes cheveux claqués contre ses bras, puis la seconde suivante, je suis de nouveau dos à lui.

- Je me fis juste à toi, regarde comment tu sais être doux. Répondis-je en prenant son cou dans ma main.

Il lâche un léger rire et place ses deux mains sur mes hanches, m'obligeant presque à coller mon bassin au sien.

- Ah ça, c'est juste un petit kiff, si tu vois ce que je veux dire.

Je roule des yeux et me tourne enroulant mes deux bras autour de son cou.

- Je suis juste un petit kiff, moi ? Dis-je d'un ton faussement vexé.

Il sourit, dévoilant ses dents, et un mince trou dans sa joue, il encre son regard dans le mien avant que sa main ne quitte ma hanche pour se loger sur ma joue. Avec son pouce, il caresse doucement ma peau, me provoquant quelques frissons.

Il murmure à quelques centimètres de mes lèvres :

- Non, toi, tu es bien plus que ça... Tu es bien plus que tout.

Je n'entends plus que nos deux soufflent, et quelques échos de mon cœur. Ma peau semble se réchauffer et monter à mes joues, ça devient presque insupportable de ne pas sceller nos lèvres. C'est encore plus insupportable de séparer nos deux corps collés l'un contre l'autre.

- C'était une superbe danse, River. Ajoute-t-il en reculant à ma plus grande déception.

Il me lance un regard de défi, ce qui me force à répondre de la même manière. Je laisse tomber mes bras contre mon corps, je sourit d'un sourire aguicheur sans le lâcher du regard. Un défi intense s'installe entre nous.

- Mh, elle était superbe.

Je me baisse et regarde une dernière fois ces superbes talons, j'aimerais avoir les mêmes. J'enlève la chaussure et découvre la marque, Louboutin. Aussitôt, je retourne le talon et découvre une magnifique semelle rouge.

- Ils sont juste magnifiques... murmurais-je.

Les talons ont toujours eu un point fort, j'ai toujours aimé marcher en talons.

- Ça te plaît ? Surgit une voix.

Je relève immédiatement la tête, Kenan se tient juste au-dessus de moi, les mains dans les poches. Un air curieux.

- C'est jolie. Dis-je simplement.

J'enlève la deuxième et de deux doigts, je pends les deux chaussures, mes pieds retrouvent le sol. Et c'est maintenant que je ressent l'atroce douleur de ces Chaussures !

- Mais douloureux. Ajoutais-je en grimaçant.

Il me saisit le bras avec une force qui me fait frissonner, et me retient fermement pour m'empêcher de basculer dans le vide. Ses yeux s'immiscent dans les miens, créant un vide qui me fait ressentir une vague de sensations inconnues, comme si mon cœur allait se rompre sous le poids de son regard. Il rompt le silence :

- Je vais accompagner mes cousins à leurs voitures, si tu veux te changer ou même te doucher, tu sais où aller. Mmh ?

Je hoche la tête : il est toujours aussi froid, je l'admets, mais qu'est-ce qu'il est beau quand il est sérieux. J'aime non seulement sa froideur, mais aussi sa brutalité et sa façon d'être. Autoritaire, sérieux et sans oublier sa distance. Elle me force à rester là, j'ai beau partir, je finis tout de même par revenir et apprécier. Je crois détester cette face, mais c'est celle-là que je suis incapable de fuir et elle me rattache à lui.

- D'accord. Répondis-je simple.

Mais même s'il est affreusement sexy et que je rêverais de passer une nuit avec lui, il faut à tout prix que je sache ce qu'il a. Ça me ronge de ne pas savoir comment et pourquoi il est comme ça. Il a été très clair sur ça, il ne veut certainement pas en parler, mais c'est plus fort que moi... Je suis attiré par son histoire et tout le reste ! Je souffle bruyamment avant de me rendre compte que je suis seule et qu'il n'y a plus personne. Cette atmosphère familiale a rapidement disparu, laissant derrière elle, un endroit vide.

Je ne perds pas de temps et entre à l'intérieur. Je marche dans ces couloirs frais. Il serait peut-être le moment d'arrêter la climatisation, il ne fait plus si chaud. Je monte rapidement ces escaliers et ne manque pas de trouver la chambre dans laquelle je me suis changée. À vrai dire, j'ai l'impression d'être un peu perdue, mais Kenan est un repère pour moi ces temps-ci. C'est vrai, il me rappelle ma place, là où je suis.

Sans m'en rendre compte, je me retrouve déjà dans la salle de bain. Je pense qu'une bonne douche fera redescendre la pression, aujourd'hui a été une journée très stressante et j'ai besoin de décompresser ! L'ouvrit quelques placards pour trouver des vêtements, au moins un t-shirt et une culotte. Je fais demi-tour et cherche cette fois-ci dans la chambre où je trouve un long t-shirt et une culotte. Je les prends en main et les laisse pendre sur mon bras. Je me frotte rapidement la tête en fermant les yeux, exténuée.

- Quelle journée épuisante. Murmurai-je.


~


Je sort de la douche en épongeant mes cheveux avec la serviette, la buée sort de la salle de bain et envahit la chambre. Je commence à m'assoir sur le lit, en jetant la serviette dans un coin de la chambre. De toute façon, demain, j'irai la mettre au sale. Mais il faut que je réfléchisse à ce que je vais faire après, je ne peux pas éternellement rester avec Kenan.

Prise dans mes pensées, je descends les escaliers et mes jambes me mènent jusqu'à la cuisine. J'entre et je croise Kenan assis sur l'une des chaises hautes, les bras croisés. Je vois aussi qu'il est nettement plus sérieux que ses cousins sont partis. Alors tout ça ne faisait que partie de son rôle ? Mi novia !? Rien qu'en le regardant, je vois tout de suite qu'il n'est plus comme tout à l'heure. Peut-être est-il plus honnête maintenant.

- Kenan, qu'est-ce que tu fais ? Dis-je doucement en me frayant un chemin jusqu'à lui.

Il ne détache pas le regard du mur face à lui, je suis un peu gênée, l'atmosphère est tranchante.

- Rien, mais est-ce que toi aussi tu as vu Maritza nous espionner tout à l'heure ? demande-t-il froidement.

Je fronce les sourcils, un peu perplexe par ses dires.

- Quand est-ce que tu l'as vue ?

Il tourne enfin le regard sur moi, une pointe de mépris, comme à son habitude.

- Quand nous étions ensemble, seuls dans le second jardin. Dit-il en insistant sur son ton.

Je me remémore cette scène, et je comprends tout de suite son malaise. C'est assez gênant, surtout pour lui, qui s'est bâti un personnage froid, glacial.

- Tu... tu veux dire quand...

Je ne finis pas, pour ne pas l'embarrasser, il place ses coudes contre la table et laisse les mains envelopper son visage.

- Oui, c'est pour ça que j'ai fait ça. Ne crois surtout pas en ce que je t'ai dit, d'accord ?

Je sens mon cœur rater un battement, et mon corps se glacer tout entier. Mais je m'efforce à garder la tête haute, c'est juste moi qui ai cru en lui...

- Évidemment, alors dit-moi au moins ce qu'il se passe, tu sais que...

- Putain River, je ne veux pas en parler, si même en te faisant comprendre que ça ne fonctionne pas pour te faire fermer ta gueule, comment est-ce que tu veux qu'on fasse ! ? Me coupe-t-il.

Je recule de quelques pas, un peu choquée, mais je commence un peu à le cerner.

- Ne commence pas à me parler comme ça, Kenan, tes putains de crise, c'est... ça m'angoisse ! Criais-je.

Il se lève vivement de sa chaise et s'avance brutalement devant moi en criant :

- Mais qu'est-ce que tu veux savoir, tu veux vraiment savoir pourquoi !? Je n'ai rien à te dire !

- Arrête de dire ça, tu ne peux pas dire ça !

- Oh que si, parce que toi et moi, ça ne mène à rien alors ! Mêle-toi de ce qui te regarde.

Je reprends rapidement mon souffle, incapable de respirer normalement.

- Tu ne peux pas dire ça, Kenan, pas après tout ce qu'il s'est passé entre nous. Tu ne peux pas nier qu'on est plus, plus que tout !

Il frotte difficilement ses yeux, il s'éloigne épris d'une rage profonde et, par surprise, il jette un vase contre la baie vitrée qui se casse en mille morceaux. Je pousse un petit cris de surprise en reculant pour éviter un bout de verre.

- Putain de merde ! River, laisse-moi tranquille, je ne veux pas te voir. Cris-t-il.

Sur ces mots, mon cœur est profondément touché, je court et monte en trombe les escaliers. Je manque de tomber à plusieurs reprises, mais je rattrape sur les marches, je cours dans ces couloirs, mais ne laisse que ma tristesse parler et m'enferme dans cette chambre.

Aussitôt la porte claquée, je sens la pression redescendre lourdement. Je reprends lentement mon souffle, blessé par ses dires, je ne sens presque plus mon cœur battre. Il est étain.

- Putain... murmurai-je.

Mais il faut que je me souvienne que ça fait partie de lui, je ne peux pas être blessé à cause de ça. C'est un problème, c'est un problème, c'est un problème ! Après quelques minutes, j'entends des pas près de la porte.

Assise sur le bord de mon lit, je sens mon cœur battre, lourd et rapide, dans ma poitrine. La porte s'ouvre doucement, et quand je lève les yeux, je le vois, debout dans l'encadrement. Kenan. Son regard est sombre, indéchiffrable, mais il y a quelque chose dans ses yeux ce soir, une lueur presque vulnérable, si rare chez lui.

Il avance lentement, et chaque pas fait monter un peu plus la tension dans la pièce. Il s'arrête à quelques mètres, hésitant, une expression de regret difficile à discerner se dessinant sur son visage. Il glisse une main nerveuse dans ses cheveux, avant de briser enfin le silence.

- River... je suis désolé.

Sa voix est basse, presque rauque, comme s'il luttait avec les mots, incapable de dire tout ce qu'il ressent.

- Je n'aurais pas dû être aussi froid, ni me laisser emporter comme je l'ai fait. Ajoute-t-il.

Je ne réponds pas tout de suite. Ses mots avaient été tranchants, et son regard distant, glacial. Mais là maintenant, il semble différent, presque... désarmé.

Il s'approche de moi, s'agenouille devant le lit, et je sens son souffle effleurer ma peau. Ses yeux foncés trouvent les miens, et pendant un instant, je perds pied, incapable de détourner le regard.

- Tu ne mérites pas ça, putain, murmure-t-il. Je sais que je te repousse parfois, que je te tiens à distance, mais ce n'est pas parce que tu ne comptes pas...

Ses mots, aussi simples soient-ils, frappent quelque chose en moi.

Sans réfléchir, ma main se pose sur sa joue, mes doigts effleurant sa peau rugueuse. Il ferme les yeux à ce contact, et je sens qu'il se laisse aller, qu'il abandonne, juste un peu, cette armure qu'il porte en permanence. Ses doigts glissent lentement jusqu'à mon poignet, et je frissonne sous la douceur de son toucher.

Puis, il se redresse lentement, sans jamais lâcher mon regard, et je comprends ce qui va suivre avant même qu'il ne fasse le moindre mouvement. Son visage se rapproche du mien, et bientôt, je sens ses lèvres frôler les miennes, hésitantes. Un simple souffle, mais il suffit à enflammer chaque parcelle de mon être.

- Dis-moi d'arrêter, murmure-t-il, sa voix tremblante.

Mais je ne dis rien. Au lieu de ça, mes lèvres répondent aux siennes, et je sens toute sa tension, toute sa retenue, s'effondrer dans ce baiser.
Ce soir, il n'y a ni barrières ni secrets. Juste lui et moi, dans la pénombre de cette chambre, emportés par une force qui nous dépasse.

Très vite, le baiser s'intensifie...

Ses mains, d'abord hésitantes, trouvent enfin le chemin de mes hanches, puis de mon dos, m'attirant contre lui comme s'il voulait réduire toute la distance entre nous, comme si, pour un instant, il avait besoin de cette proximité pour ne pas se briser.

Je ressens la chaleur de sa peau contre la mienne, le contraste de nos rythmes : son urgence, ma retenue, notre lutte silencieuse et acharnée.

- River, murmure-t-il.

Sa voix emplie de ce désir et de cette fragilité que je n'ai jamais entendu chez lui, similaire à celle de tout à l'heure.

- Je ne mérite pas que tu sois là, bordel. Pas après la manière dont je t'ai traitée. Pas après tout ça.

Ses mots, ce mélange de passion et de culpabilité, résonnent en moi, éveillant à la fois une colère et une tendresse que je n'arrive pas à démêler. Je sens qu'il veut se punir, se protéger, mais il y a autre chose aussi... Comme s'il avait peur de se laisser aller, peur de ce que je pourrais voir en lui.

- Kenan, murmurais-je à mon tour, mes doigts traçant lentement la ligne de sa mâchoire. Ce n'est pas à toi de décider ce que je ressens ni ce que je veux.

Son regard se fait plus intense, ses pupilles dilatées, et je sais qu'il lutte contre lui-même, comme s'il essayait encore de se convaincre que c'est une erreur, qu'il ne devrait pas être ici dans cette chambre, avec moi.

Mais je le retiens. Mes doigts s'entrelacent aux siens, et pour la première fois, je le sens abandonner cette lutte. Il lâche prise, laisse tomber ce masque qu'il porte en permanence, et c'est comme si je voyais Kenan pour la première fois. À son état normal.

Il m'attire contre lui, et nous nous retrouvons allongés, ses bras m'enveloppant, son souffle brûlant sur ma peau. Ses mains glissent le long de mes épaules, de ma taille, explorant chaque parcelle de moi avec une douceur qui contraste tellement avec l'image qu'il projette au monde.

- Je ne veux pas te blesser, River, murmure-t-il.

- Tu ne me blesses pas. Répondis-je, mes lèvres se posent doucement sur les siennes, un baiser presque innocent, mais qui contient toute la promesse de ce que je ressens. Ce qui me ferait le plus mal, c'est de ne jamais savoir qui tu es vraiment.

Il me regarde, et dans ses yeux, je vois ce combat intérieur, cette tempête qu'il cache sous ses airs froids, distants et sa violence. Sans un mot de plus, il m'embrasse encore, mais cette fois, il n'y a plus d'hésitation, plus de peur.

Ses doigts se crispent contre ma peau, et je comprends qu'il est à moi, au moins pour cette nuit, au moins pour cet instant.

Kenan attrape délicatement le bas de mon haut, ses doigts glissant sur ma peau, créant des frissons partout où ils passent. Nos regards se croisent, une question silencieuse dans ses yeux, comme s'il attendait une confirmation. Je réponds en posant mes mains sur les siennes, l'aidant à retirer le tissu, le laissant tomber sur le sol sans un mot.

Il contemple mon corps avec une intensité qui me fait frémir, ses yeux sombres capturant chaque détail, chaque courbe, comme s'il s'imprégnait de cette image, comme s'il avait peur qu'elle s'échappe à tout jamais.
Son regard me brûle, mais je ne détourne pas les yeux ; au contraire, je m'ouvre à lui, vulnérable et sans défense.

Puis, lentement, il se penche vers moi, et je sens ses lèvres effleurer ma peau, déposant de légers baisers sur mon épaule, des baisers qui se transforment en une traînée brûlante alors qu'il descend le long de mon bras, avant de revenir, ses lèvres chaudes marquant chaque centimètre de ma clavicule.

- River, putain de merde. Tu n'as aucune idée de l'effet que tu as sur moi.

Je frissonne...

Mes doigts trouvent naturellement leur chemin dans ses cheveux, et je m'accroche à lui.

Il descend plus bas, ses baisers traçant une ligne le long de ma poitrine, chaque baiser plus appuyé, plus affamé que le précédent. Sa respiration devient plus profonde, et je sens qu'il perd peu à peu ce contrôle qu'il s'efforce de maintenir.

Je le sens s'abandonner, ses mains devenant plus fermes, plus assurées, comme s'il ne pouvait plus retenir ce désir qui l'anime.

- Kenan...

Le simple fait de prononcer son nom, de sentir sa peau contre la mienne, éveille en moi un tourbillon de sentiments incontrôlables.
Il relève la tête, ses yeux ancrés dans les miens.

Ses doigts effleurent mon épaule, glissant jusqu'à la fine bretelle de mon soutien-gorge en dentelle blanc, et je sens mon souffle se couper.

- Je ne te demande même pas la permission, murmure-t-il d'une voix rauque. J'en ai besoin.

Il fait glisser lentement les bretelles de mon soutien-gorge... Puis, avec une assurance qui me fait frissonner, il laisse le tissu de dentelle glisser, exposant ma peau sous son regard avide.

Mon soutien-gorge tombe au sol.

À cet instant, une chaleur monte en moi, mais aussi une timidité inattendue. Je sens le rouge me monter aux joues, et presque par réflexe, mes mains viennent se poser sur ma poitrine, tentant de cacher cette vulnérabilité soudaine. Mais Kenan attrape fermement mes poignets, ses yeux brûlant de désir et d'impatience.

- Non, dit-il, sa voix grave emplie d'une autorité indiscutable, tandis qu'il éloigne mes mains avec une force douce, mais résolue.

Son regard descend lentement le long de mon corps.

- Tu es une poupée. Ma poupée. Parfaite, magnifique... Je veux te voir, sans filtre, sans peur.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 03 ⏰

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