Prologue

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La lumière était terne et grisâtre alors qu'elle s'infiltrait difficilement par les fenêtres sales de la chambre, dans l'étroite fente entre des rideaux mal tirés. Remus émergeait lentement du sommeil, comme s'il s'était fait assommer avant de se coucher. C'était une sensation qu'il ne connaissait que trop, ces derniers temps. Sûrement due à un mélange excessif d'alcool et de potions de sommeil bien corsées. Il poussa un soupir lassé, comme si cette nouvelle journée le fatiguait déjà.

Dans sa chambre résonnait le terrible tic-tac de cette fichue horloge qui indiquait que midi était passé de pratiquement deux heures, déjà. Une quinte de toux l'obligea à se redresser d'un coup, sortant de ce fouillis de couvertures qu'était son lit. Accroché de travers à l'un des murs jaunâtres, le calendrier indiquait qu'il ne lui restait qu'à peine une semaine avant la prochaine pleine lune.

La chambre se mit soudainement à trembler, comme s'il y avait un tremblement de terre. Une pluie de poussières se mit à s'abattre du plafond tapissé de vieilles toiles d'araignées. Alors que toutes ces secousses continuaient avec un vacarme assourdissant à la clef, Remus passa une main sur ses joues dévorées par une barbe de trois jours, puis dans ses cheveux en fouillis. De ses yeux rougis, il regarda les lourds rideaux d'un brun dégoutant et songea durant quelques secondes à les ouvrir. Mais il changea vite d'avis. A quoi bon, de toute façon ? Il connaissait déjà la vue que pouvait lui offrir sa chambre. Quelques murs en briques pourris de l'Allée des Embrumes et un minuscule morceau de ciel d'un côté. De l'autre, une gare de Moldus de laquelle partait fréquemment leurs fichus trains. C'était ces machines infernales qui faisaient ce boucan de tous les diables, faisant trembler sa chambre comme si c'était un shaker à chaque fois qu'ils passaient juste au-dessus.

Sans se départir de son pyjama froissé, Remus sortit de son lit, chaussa ses pantoufles en baillant et attrapa sa robe de chambre qui avait était jetée sur une chaise pour l'enfiler en vitesse. Il enjamba l'étendue de linges sales qui recouvrait le plancher poussiéreux de sa chambre et entreprit de descendre en se frottant les yeux.

Le reste de son appartement n'était guère mieux que l'état de sa chambre. A peine arrivé dans ce minuscule rez-de-chaussée qui servait aussi bien de salon, de cuisine et de hall d'entrée, qu'une forte odeur de poubelles mêlée à celle de la friture ayant investi les murs et le papier-peint prit ses narines d'assaut. Des détritus traînaient partout. Souvent à cause de ces sacs poubelle qu'il n'avait jamais eu le courage de sortir, qui s'entassaient et qui, à la longue, finissaient inévitablement par se renverser.

Mais Remus ignora tout cela. Il enjamba ce qui traînait et se rendit aussitôt à sa cafetière pour remplir une tasse à la propreté douteuse. Alors que le café coulait et laissait dégager la seule bonne odeur qu'il allait pouvoir sentir aujourd'hui, son regard erra sur cette minuscule table de camping qui lui servait de plan de travail pour la cuisine ; elle menaçait à tout moment de s'écrouler sous le poids des innombrables bouteilles d'alcool (vides ou presque) qui s'y trouvaient.

Lorsque son café fut prêt, il n'eut guère le temps de prendre sa première gorgée. Par la petite fenêtre crasseuse, quelque chose toquait. Un hibou avec le dernier numéro de La Gazette du sorcier. Remus lui ouvrit la fenêtre et regarda l'oiseau voleter dans cuisine, lâcher le journal sur sa table – renversant au passage deux bouteilles d'hydromel bon marché – avant de se poser entre sa cafetière et lui pour réclamer le paiement.

Remus trouva difficilement de la petite monnaie dans les poches de sa cape de sorcier accrochée à un porte-manteau et lâcha quatre Noises dans la petite bourse attachée à la patte du hibou. Mais le volatile continuait à le regarder avec une lueur mécontente au fond des yeux.

Les Maraudeurs à la Croisée des chemins - Partie I (tome 8)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant