Les Maraudeurs à la Croisée des chemins - Partie I (tome 8)

Chapitre 67 - JAMES POTTER

Cette simple image... Les fenêtres de cette maison qu'il avait toujours connu illuminées comme durant son enfance... Elle lui évoqua une myriade d'images réconfortantes. Ces petites fenêtres quadrillées derrière lesquelles cette chaleureuse lumière orangée se dégageait. Il pouvait voir, dans sa tête, sa mère qui mettait la table d'un coup de baguette magique. Yuna, qui préparait le dîner. Son père qui entretenait le feu de la cheminée pendant que Foxy se prélassait dans sa niche. Jenna qui faisait ses devoirs à la table de la cuisine sous l'œil vigilant de Maman. Oncle Marius qui surgissait, comme toujours, à l'improviste du hall d'entrée et que l'on entendait dans toute la maison à cause de sa grosse voix de baryton. Toutes ces soirées d'automne, d'hiver, de toutes les saisons de son enfance, qu'il avait passé dans son foyer, sa famille...

Toutes ces images... Même si elles étaient à jamais révolues, elles suffirent à recharger les batteries de James. Raffermissant sa prise sur Sirius pour qu'il ne glisse pas parterre, il traversa le jardin de son enfance écrasé par la pluie pour franchir la porte de sa maison.

Le salon était rempli. Les yeux de James se posèrent d'abord sur la silhouette grande et mince d'Albus Dumbledore dans sa cape argentée qui semblait avoir souffert durant la bataille de Saltwood Hold. Il était debout, au beau milieu du salon. Autour de lui, plusieurs personnes l'écoutaient parler. Mais, au moment où James et Sirius arrivèrent dans le salon, se soutenant l'un l'autre, ils se retournèrent tous vers eux et un silence de plomb envahit la maison.

- Oh, mon Dieu, James !

Jenna venait de surgir de nulle part pour se jeter sur lui. Emmitouflée dans une couverture, les cheveux encore humides, elle s'était précipitée sur lui pour le serrer dans ses bras avec une telle force qu'il faillit tomber à la renverse. Il était tellement hébété qu'il ne put dire quoique ce soit. Il ne pouvait qu'entendre sa grande sœur qui sanglotait à son oreille.

- J'ai cru... J'ai cru que toi aussi je t'avais perdu... Comme j'ai eu peur... Comme j'ai eu peur...

Elle restait accrochée à lui. James vit Remus partager une accolade avec Sirius avant de le guider jusqu'au canapé, où il put s'asseoir pour soulager sa jambe blessée. Plus loin, Peter était assis sur les premières marches des escaliers menant à l'étage, le regard éteint, comme s'il se demandait comment ils en étaient arrivés là. Les yeux de James errèrent de Dumbledore à Sylvanus et Alastor Maugrey, de Kingsley Shacklebolt qui semblait sous le choc à Rubeus Hagrid qui tenait Crockdur contre lui, des frères Prewett aux deux trois autres ex-Aurors devenus membres de l'Ordre du Phénix.

Et Sirius fut le premier à exprimer ce que James ressentait.

- Si peu, souffla-t-il, si peu d'entre nous ont réussi à survivre.

L'ambiance restait clairement maussade malgré la lumière chaleureuse du salon. Jenna s'écarta doucement de James.

- Cela a été une attaque aussi brutale qu'inattendue, répliqua Dumbledore, c'est un coup terrible que Lord Voldemort a porté à notre ordre. Notre résistance va être clairement mise à mal dans les prochaines années.

- Mais... Albus, si nous ne résistons pas, qui va le faire ? répliqua un homme d'une trentaine d'années aux cheveux roux qui commençaient très légèrement à se dégarnir. Si nous ne résistons pas, nous laissons les Mangemorts libres de leurs mouvements. Nous leur offrons la victoire.

- Je suis d'accord avec Weasley, grogna Alastor, ce n'est certainement pas le Ministère de la Magie qui imposera une réelle résistance.

- Du calme, fils, fit Maugrey, à la guerre, il faut savoir ce dont on est capable. Et, aujourd'hui, nous ne sommes plus capables de rien, face aux hordes des Mangemorts. Regarde notre nombre. Nous sommes à peine une vingtaine.