Chapitre 11

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Avery

Je sais qu'Aaron ne va pas lâcher l'affaire aussi facilement. C'est le genre d'homme que je connais bien, il déteste perdre, surtout quand c'est une femme face à lui. J'ai un coup d'avance sur mes vengeances mais cela veut dire qu'il risque de frapper fort prochainement. Ce n'est plus qu'une petite bataille d'amusement, non, c'est une question de fierté. Aucun de nous ne voudra lâcher le premier et je suis loin d'avoir dit mon dernier mot.

Ce qui est certain, c'est que notre guerre n'en est qu'à ses débuts. Et bizarrement, ça m'amuse. J'aime voir jusqu'où il est prêt à aller, à quel point il est déterminé. Mais je suis prête à tout, je ne me laisserai pas abattre la première. Ce n'est plus une question de vengeance maintenant. C'est devenu mon défi personnel.

Je suis encore très fière de mon coup de cet après-midi. Me mettre seins nus devant toute une équipe de surf, même dans mes rêves les plus fous, jamais je n'y aurai cru. J'ai adoré ! Enfin, c'est voir Aaron se décomposer que j'ai aimé plus que tout. Je pensais malgré tout qu'il ferait n'importe quoi sur sa planche, du style, une nouvelle petite chute dans l'océan. Devant toute son équipe cette fois-ci. J'aurai pu payer pour revoir la scène de mes propres yeux.

Alors que je savoure encore cette petite victoire, un sourire en coin, on frappe à ma porte. Je m'attendais à ce qu'Aaron débarque furieux, mais en ouvrant, je tombe sur le coach. Je l'observe, surpris de le voir ici.

— Bonjour, Avery, dit-il d'une voix ferme. Je peux te parler quelques minutes.

Je le fais entrer d'un geste de la main, perplexe. Je ne sais même pas comment il a su que j'étais la voisine de l'un de ses surfeurs.

— Un café, coach ? Dis-je calmement.

— Noir s'il te plait.

Je m'attends à me prendre une rafale de critiques et de menaces pour que je laisse Aaron tranquille. C'est vrai que je me fais un mal et un plaisir à le perturber pendant ses entraînements alors que sa compétition est dans moins d'un mois.

— On a besoin de toi... je t'explique. Il pose sa main sur la table avant de continuer. L'image de l'équipe est mauvaise, encore plus depuis la vidéo.

— Celle de sa chute ? Ou celle où il me parle comme à un chien ? Répliquai-je.

Son regard cherche le mien, je ne sais pas encore quel est exactement le problème. Pourtant, j'ai déjà l'impression que ça va me donner du fil à retordre.

— Les deux. Si nous n'améliorons pas l'image de l'équipe, on fonce droit dans le mur. M'indique-t-il.

— Je ne comprends pas... enfin, pourquoi vous avez besoin de moi ?

— J'ai appris que tu étais en école de journalisme, je me suis dit que tu pourrais nous aider. Tu aurais peut-être des idées afin qu'on améliore notre image. Les autres équipes ont toutes un compte Instagram qui leur est dédié avec une tonne de photos et de vidéos. Peut-être que si on faisait pareil, on augmenterait notre notoriété. Tu es la seule à pouvoir nous sauver.

Je savais que l'équipe n'avait pas une image de dingue auprès des gens, mais de là à me demander de l'aide ? Ils doivent vraiment aller droit dans le mur pour faire cela. Surtout, qu'il sait pertinemment pour notre petite guerre avec Aaron. J'hésite quelques instants, devoir me consacrer à ça pendant quelques semaines va me prendre des heures et des heures. Par contre, immense avantage. Je vais pouvoir cocher pas mal de cases de ma bucket-list en passant mes journées avec l'équipe.

Hors de question d'accepter aussi facilement. Sinon, il va croire que j'attendais cette opportunité depuis le début. Je prends une profonde inspiration, puis je croise les bras. Je le fixe quelques secondes, analysant son expression avant de répondre.

— Et je gagne quoi en échange ? Sérieusement, vous voulez que je sauve votre image alors que votre capitaine passe son temps à me pourrir la vie ? Pourquoi je ferai ça ?

Le coach ne semble pas déstabilisé, il s'attendait à ce que je ne cède pas facilement. Il sort une enveloppe de sa poche et la fait glisser sur la table.

— Il y a un contrat là-dedans. Une collaboration officielle avec l'équipe. Une sacrée opportunité pour toi, non ? Tu as de l'ambition, Avery, et tu sais que ça peut t'ouvrir des portes dans le monde du journalisme.

À l'intérieur, je jubile. Ce type pense vraiment m'appâter avec une proposition en or. Je laisse le silence s'installer, puis je le regarde droit dans les yeux.

— Je vais y réfléchir, dis-je finalement, en haussant les épaules.

Il serre les dents un instant, visiblement prêt à tout pour sauver son équipe. J'ai envie d'exploser de rire. Il me prend au sérieux, j'adore !

— C'est d'accord, mais je veux poser mes conditions ? Dis-je en souriant.

Il me regarde un instant, ne sachant pas quoi répondre.

— On ne peut pas te payer, si c'est ce que tu veux dire. Le contrat est déjà bien.

— J'ai vraiment l'air d'avoir besoin d'argent ? Rétorquais-je.

Ils me prennent tous pour une femme qui ne veut que de l'argent ou quoi ? J'ai une tête à manquer de quelque chose ? Ils m'énervent tous à avoir une mauvaise image de moi.

— Je veux carte blanche, je ne compte pas me battre avec l'équipe alors vous leur parlez pour qu'ils coopèrent sans broncher. Je veux participer aussi hors entraînements, soirée, échauffements. Les gens voudront les connaître eux aussi pour les apprécier. Je croise les bras avant d'ajouter : Et je veux qu'Aaron m'apporte mon matcha et mon cookie au chocolat chaque matin.

Son sourire se forme à la fin de ma phrase, je ne vais quand même pas laisser cette opportunité passer. Je serais folle de faire ça.

— Je peux poser une seule condition ? Demande-t-il.

— La seule et l'unique. Dis-je sérieusement.

— Votre guerre avec Aaron, avant ou après les entraînements mais plus pendant.

Je plisse les yeux, mesurant ses mots. Il essaie de poser des limites, mais c'est exactement ce qui rend le jeu intéressant. Je le fixe un moment avant de répondre, mon ton restant calme et sérieux.

— Je vais être honnête, Coach. Si je dis oui, c'est parce que j'ai bien l'intention de continuer à jouer.

Il hoche la tête, comme s'il savait que ma réponse allait dans ce sens.

— Écoute, il y a une limite que je dois imposer. Pendant les heures d'entraînement, l'équipe doit rester concentrée. Tu veux jouer, pas de souci. En dehors, vous faites ce que vous voulez.

Son regard se durcit, et je sens qu'il est prêt à négocier jusqu'au bout pour avoir ce qu'il veut. Je me redresse, faisant mine de réfléchir. Puis il ajoute :

— Ils doivent vraiment rester concentrés, le concours approche. Les sponsors seront là, ils chercheront leur futur champion. Ils ont tous leur chance. Mais uniquement, s'ils se concentrent.

Je ne voyais pas les choses comme ça. Je pensais que c'était une compétition avec uniquement une coupe à la clé. À l'évidence, elle représente bien plus que ça.

— D'accord, Coach. J'accepte. Mais à une condition supplémentaire : si Aaron commence à me chercher pendant les entraînements, je me réserve le droit de répondre. Il n'a qu'à se tenir tranquille s'il veut éviter les ennuis. Dis-je en tendant ma main.

Il prend ma main et me la serre fermement.

— Deal. Fais ce que tu veux, mais garde-le à distance pendant les entraînements. Sinon, ce sera lui qui paiera les pots cassés.

Je sens un frisson d'excitation. J'ai carte blanche pour continuer à titiller Aaron en dehors des séances, et avec ça, je vais pouvoir cocher toutes les cases de ma liste.

Amour à Contre-CourantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant