Amour à Contre-Courant

Chapitre 47

Avery

Le bruit sourd des roulettes de ma valise résonne dans le hall de l'aéroport. Chaque pas que je fais me rapproche un peu plus de mon départ. Une partie de moi est soulagée, prête à laisser derrière elle tout ce chaos, mais une autre est lourde de regrets. Je n'ai pas arrêté de penser à Aaron, à tout ce qu'on a traversé.

Je me dirige vers le comptoir pour enregistrer mon billet. Jolie Cœur trottine à mes côtés, calme et fidèle. Elle semble sentir que quelque chose se trame, mais elle reste près de moi, silencieuse.

« Est-ce que c'est vraiment la bonne décision ? » Je me pose la question encore et encore, sans vraiment trouver de réponse claire. New York représente une nouvelle chance, une manière de tout recommencer. Mais partir signifie aussi laisser Aaron et... tout ce qu'il représente derrière moi.

Je sors mon téléphone pour vérifier l'heure : 15h30. Mon vol est dans une demi-heure. J'ai le temps de passer les contrôles de sécurité, puis... tout sera terminé. Le cœur lourd, je range mon téléphone dans mon sac, déterminée à aller jusqu'au bout. Je me dis que c'est pour le mieux, que je dois avancer.

Jolie Cœur tire doucement sur sa laisse, comme pour m'encourager à avancer, mais je m'arrête un instant, observant le flot incessant des voyageurs autour de moi. Tout le monde a une destination, un endroit où aller. Moi, je fuis quelque chose.

Un léger soupir m'échappe alors que je me dirige vers les contrôles. J'essaie de ne pas penser à tout ce que je laisse derrière, mais c'est plus difficile que prévu. Les souvenirs affluent, les bons comme les mauvais.

Je passe les contrôles de sécurité, le cœur lourd et me dirige vers la zone d'embarquement. Mon vol ne part que dans une demi-heure, une étrange lassitude m'envahit. J'essaie de ne pas penser à ce que je laisse derrière moi, mais c'est impossible. Chaque coin de ce lieu me rappelle des moments que je vais bientôt fuir.

Je repère un petit restaurant dans l'aéroport, un de ceux où les gens s'arrêtent rapidement avant de partir vers de nouveaux horizons. Une fois installée à une table près de la fenêtre, j'observe les avions décoller et atterrir, tout en attendant mon repas. Jolie Cœur est sagement couchée à mes pieds, fidèle et silencieuse. Son calme m'apaise, mais je sens au fond de moi que la paix que je recherche est loin d'être atteinte.

Alors que mon thé arrive, je me souviens du cadeau qu'Irina m'a donné avant mon départ. Je l'avais glissé dans mon sac sans trop y penser. Curieuse, je le sors et découvre une boite soigneusement emballée. Je défais le ruban avec lenteur, presque nerveusement. Quand j'ouvre le paquet, je découvre un album photo en cuir rose, à la couverture douce et usée, comme si elle avait été manipulée avec soin pendant des semaines.

Mon cœur se serre un peu en réalisant ce que c'est. Je tourne la première page et les souvenirs commencent à me submerger. Des photos de moi, de l'équipe... et d'Aaron. Chaque instant capturé, des moments de complicité que je n'avais jamais remarqués, saisis discrètement par Irina. Les sourires, les rires, les regards échangés avec l'équipe... et surtout avec lui.

Je m'arrête sur une photo de nous deux. Nous sommes sur la plage, riant à pleine gorge, un sourire que je ne peux pas feindre. C'était un moment simple, sans complications, avant que tout ne devienne compliqué. Mon cœur se serre encore plus fort. Je ne savais pas qu'Irina prenait ces photos et maintenant elles sont là, à me rappeler tout ce que je m'apprête à quitter.

Les pages suivantes sont remplies de souvenirs partagés. Les entraînements, les soirées à refaire le monde et même quelques moments volés entre Aaron et moi, capturés dans une pure sincérité. Je ne sais pas si elle avait prévu cet effet, mais en parcourant l'album, je me rends compte à quel point ces moments étaient précieux.

Mes doigts tremblent légèrement en tournant les dernières pages. Des photos d'Aaron, seul, son regard lointain, ou me regardant en coin avec une douceur que je n'avais jamais perçue sur le moment. Irina a immortalisé des fragments d'instants que je n'avais même pas vus venir.

Je repose l'album sur la table, incapable de continuer pour l'instant. Mon appétit a disparu. L'album est devant moi, ouvert, je me surprends à toucher doucement la photo de nous deux, ma gorge nouée.

Comment est-ce que je vais réussir à tourner la page en sachant que ce genre de moments ne reviendra jamais ?

Je me perds dans mes pensées en fixant la photo, mon esprit vagabondant entre le passé et le présent. Les images défilent devant mes yeux, mais c'est le sentiment que je ne peux plus ignorer qui me submerge. C'est comme si toutes les émotions refoulées revenaient d'un coup, m'inondant d'une clarté douloureuse.

Chaque instant capturé dans l'album me rappelle combien Aaron a compté pour moi. Je revois son sourire, sa tendresse et la manière dont il a toujours eu ce regard protecteur, presque comme s'il était prêt à faire n'importe quoi pour moi. Je me souviens des moments où nous avons partagé des rires, des confidences et des regards qui en disaient long.

Je réalise que ce n'était pas juste une simple histoire. Ce n'était pas juste un coup de foudre ou une aventure passagère. Il y avait quelque chose de plus profond, quelque chose que je n'avais pas pleinement compris ou accepté. Aaron était là pour moi, de manière sincère et désintéressée. Chaque geste, chaque mot, chaque sourire était empreint d'une affection que je ne peux plus ignorer.

Les souvenirs sont douloureux maintenant, car ils me rappellent ce que j'ai perdu et ce que je vais laisser derrière moi. La décision de partir était censée être une manière de me protéger, de me remettre de cette douleur, mais en voyant ces photos, je me demande si ce n'est pas moi qui fuis quelque chose de précieux.

Je me demande si Aaron a vraiment compris à quel point il a compté pour moi et si je l'ai suffisamment laissé me montrer ses véritables sentiments. Nos disputes, nos malentendus... peut-être que tout cela aurait pu être évité si nous avions été plus ouverts l'un envers l'autre.

Jolie Cœur renifle l'album, comme si elle sentait ma détresse. Je la caresse distraitement, cherchant un peu de réconfort dans sa présence. Mon cœur est lourd de regret, de culpabilité, mais aussi d'un amour qui ne semble pas vouloir disparaître malgré tout ce que j'ai essayé de faire.

La vérité, c'est que je ne suis pas prête à laisser Aaron partir complètement, même si je me le suis répété à maintes reprises. En regardant ces photos, je comprends que mon départ n'est pas seulement une fuite, mais une tentative maladroite de préserver ce que j'ai du mal à accepter : mes sentiments pour lui sont plus profonds que je ne l'avais imaginé. Putain ! Je l'aime !

Le dernier appel pour embarquer retentit dans le terminal, je me fige, mes pensées tourbillonnant dans ma tête. Je jette un dernier coup d'œil à l'album photo, qui est maintenant soigneusement rangé dans mon sac. Chaque photo me rappelle non seulement les bons moments passés avec l'équipe et Aaron, mais aussi à quel point ces souvenirs sont précieux pour moi.

Je prends une profonde inspiration, luttant pour rester calme. Mon cœur est en ébullition, la décision se précise à chaque instant. Si je pars maintenant, j'aurai le sentiment d'abandonner quelque chose de plus important que mon départ vers New York. Ce n'est pas seulement le lieu où la situation, c'est la vérité de mes sentiments pour Aaron.

Je comprends soudainement que fuir n'est pas la solution. Peut-être que la distance ne fera que rendre les choses plus compliquées. Ce que j'ai besoin maintenant, c'est de faire face à mes sentiments, de les confronter directement. J'ai besoin de voir Aaron, de lui parler, de lui expliquer ce que je ressens avant de prendre une décision définitive sur mon avenir.

Je me lève brusquement, attrapant mon sac et mes affaires avec une résolution nouvelle. Le personnel de l'aéroport me regarde avec curiosité alors que je traverse le hall, le terminal derrière moi, presque comme un souvenir déjà lointain.

Jolie Cœur me suit de près, ses oreilles dressées, comme si elle ressentait mon agitation. Je me dirige vers la sortie, attrape un taxi en hâte et lui indique la destination : l'île de Kauai, où l'équipe est censée se préparer pour la compétition.

Le trajet est long et chaotique, chaque minute me rapprochant de ce que je dois faire. Mes pensées vont de l'angoisse à l'espoir alors que le taxi roule sur la route menant à l'île.