Amour à Contre-Courant

Chapitre 35

Avery

Je prends un moment pour rassembler mes pensées, avant de commencer à partager ce que je garde habituellement pour moi-même.

— Vous savez, quand on m'a poussée dans l'eau tout à l'heure, je me suis sentie complètement vulnérable. Ce n'est pas facile pour moi de parler de ces cicatrices. Elles sont une partie de mon histoire que je préfère cacher, par peur de jugement ou de pitié. Mais maintenant que vous les avez vues, je me sens un peu obligée de vous expliquer.

— Avery... rien ne t'y oblige, ajoute Irina d'une voix douce.

Je prends une profonde inspiration, cherchant à exprimer ce qui me pèse sur le cœur.

— Ces cicatrices...J'avais cinq ans quand ça s'est produit... c'est ma mère qui me les a faites... J'étais très proche d'elle et un jour elle a changé, son comportement envers moi est devenu...cruel. Elle s'en prenait à moi et je n'en ai pas parlé à mon père directement.

Je fais une pause, laissant les souvenirs douloureux affluer.

— Un jour, elle a pris une casserole d'eau chaude qui était sur le feu et elle m'a balancé l'eau brûlante. J'avais tellement peur et je ne savais pas comment réagir. Ça m'a laissée avec des brûlures importantes et le pire, c'est que je ne comprenais pas pourquoi elle faisait ça. Elle était devenue un étranger, et moi, une petite fille perdue.

Je sens les larmes monter, mais je continue malgré tout, déterminée à finir mon récit.

— Après cet incident, je n'ai pas su comment parler de ce qui se passait. Mon père a fini par découvrir les brûlures et a pris des mesures, mais les cicatrices sont restées, tout comme les souvenirs. Je me suis longtemps sentie coupable et honteuse, comme si j'étais responsable de ce qui s'était passé.

Je regarde les membres du groupe, chacun réagissant avec une profonde empathie et une tristesse palpable.

— C'est difficile pour moi de montrer ces cicatrices et de parler de ce passé, mais je voulais que vous compreniez. Je ne veux pas que cela change la façon dont vous me voyez, mais je voulais être honnête avec vous.

Irina me prend la main, son expression pleine de compassion.

— Avery, tu es incroyablement courageuse. Ce que tu as traversé est horrifiant, mais tu es forte et tu mérites tout le soutien possible. Nous sommes là pour toi.

— Il y a autre chose que je devrais vous dire, ajoute-t-elle, une note de tristesse dans la voix. Le surnom "princesse"... Je déteste ce mot. Ma mère m'appelait comme ça avant que tout ne bascule. Au début, c'était avec tendresse, mais avec le temps, ce surnom est devenu un rappel douloureux de ce que j'ai enduré. Quand je l'entends maintenant, ça me renvoie directement à ces moments difficiles et ça ravive la douleur.

Les garçons se rapprochent, leurs visages montrant une sincérité profonde. Trey prend la parole avec un regard grave.

— On est vraiment désolés pour ce qui s'est passé. On n'aurait jamais dû faire des blagues ou être insensibles. On est là pour toi, maintenant et toujours.

Arthur acquiesce, sa voix empreinte de sérieux.

— Oui et on va faire tout ce qu'on peut pour te soutenir. On veut que tu te sentes en sécurité et respectée parmi nous.

Les mots de soutien et les gestes réconfortants commencent à dissiper une partie de la douleur et de l'angoisse que je ressentais. Bien que le passé ne puisse être effacé, le soutien sincère de mes amis me donne un sentiment de réconfort et d'acceptation. Je sais que ce ne sera pas facile, mais avec eux à mes côtés, je me sens prête à avancer.