Chapitre 54 : Nouveau départ

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Calliope

La nuit est tombée à l'extérieur, je n'en peux plus d'attendre. Mon cœur a besoin de sa dose de Newton pour pomper à nouveau mon fluide vital, sous peine de quoi je risque de m'effondrer totalement.

J'essuie mes larmes du revers de la main et me dirige vers ma fenêtre. Le plafonnier de la chambre de Newton est allumé, elle est la seule pièce à être éclairée. Comme une promesse d'un paradis sur Terre, comme un rêve éveillé qui m'attire.

J'ouvre ma vitre en reniflant les vestiges de ma peine et enjambe le rebord, bien décidée à m'échapper de cette baraque de malheur. La rue, simplement illuminée par la lueur des réverbères, me permet de me faufiler en catimini jusqu'à la maison d'en face.

Mon cerveau est trop amorphe pour réfléchir aux conséquences de mes actes. Mon cœur, à la limite de l'extinction, conduit mes membres à s'accrocher à la treille métallique pour grimper jusqu'à l'entrée qui marquera ma délivrance.

À hauteur de la fenêtre, je cogne délicatement contre le carreau. Newton apparaît presque aussitôt, un pli obscurcissant son visage qui semble être celui d'un ange.

— Cal ? Qu'est-ce que tu fais là ? m'interroge-t-il en ouvrant la fenêtre.

Sans répondre, je me faufile dans sa chambre, aidée par ses bras dans lesquels je m'écroule dès que mes pieds effleurent le sol. Je m'accroche à son tee-shirt, telle une bouée de sauvetage me permettant de recouvrer le souffle qui me manque. Mon cœur tressaute dans ma poitrine et de nouveaux sanglots font trembler mon corps fatigué.

— Beauté, tes parents t'ont fait du mal ?

Je hoche la tête contre son torse, lui arrachant un lourd soupir.

Sans jamais lâcher ma dépouille à deux doigts de l'effondrement, il referme sa fenêtre. L'une de ses mains se glisse à l'arrière de mon crâne, me faisant sursauter à cause de la douleur qui persiste.

— Désolé, dit-il en retirant brusquement sa main.

Sa voix de velours enveloppe mon organe creux, son odeur envoûte mon âme meurtrie. Il enroule ses bras autour de moi et me serre contre lui dans la quiétude agréable de la pièce. Plus aucun son éprouvant ne me parvient, seuls les battements réguliers du cœur de Newton résonnent dans mes tympans et apaisent les miens.

— Tu veux me raconter ?

— Ils me détestent. Et moi... moi je... je les aime. Mais eux, non. Newton, je ne devrais plus les aimer. Je n'y arrive pas, sangloté-je.

Son étreinte se fait un peu plus forte, m'empêchant d'effectuer le moindre mouvement. Il me permet d'assouvir mon besoin viscéral de m'épancher sur ma douleur. Ce besoin qui est devenu vital. Newton accueille mes pleurs silencieusement, sans jamais relâcher son emprise salvatrice.

— Ils ne méritent pas ton amour, ma beauté. Ils ne devraient pas pouvoir te faire souffrir. Tu es un trésor qui mérite d'être choyé et adoré. Si pure et si parfaite, tu mérites tout l'or du monde, Calliope.

Le tas de chair qui me sert de cœur se délecte de ses mots qui s'infiltrent dans chaque cellule de ma peau. La bonté de Newton est la dose de bonheur dont mon être avait besoin pour se remettre des souffrances causées par mes géniteurs.

— Merci, murmuré-je en reniflant.

Il m'écarte légèrement de son corps, puis passe ses deux pouces sous mes yeux pour essuyer les vestiges de ma peine, comme s'il balayait ce qui auparavant me rendait triste pour le remplacer par son regard de glace qui tranquillise mes tourments.

Face à faceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant