Chapitre 32 : Présent

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Calliope

Le regard perdu dans le vide et le cerveau embrumé, je marche sans réfléchir à travers les couloirs du lycée. Je fronce les sourcils en posant machinalement les doigts sur mes lèvres qui portent encore les marques invisibles de ce baiser inattendu. Newton a été clair ? Est-ce que ce baiser signifie que je lui plais ? N'aurait-il pas pu me le dire explicitement au lieu de me tourmenter de la sorte ?

Je suis restée toute la nuit éveillée à repenser à ses mots incompréhensibles et à sa réponse brûlante qui me fait encore frissonner même plusieurs heures après. Même après avoir passé la dernière nuit, les yeux rivés au plafond à tenter d'expliquer ce que ce baiser voulait dire, je ne ressens aucune fatigue. Ce rapprochement avec Newton m'a éteinte, il m'a rendue vide et silencieuse. En contrepartie, il m'a galvanisée d'une énergie inédite et puissante qui déflagre dans tout mon être.

— Eh, oh, Cal ?

Maverick se matérialise devant moi et stoppe mes mouvements. Je cille des paupières et pose mon regard sur lui qui m'observe curieusement.

— Quoi ?

— Ça va ? T'as l'air bizarre.

Je passe une main dans mes cheveux et me masse le crâne en tentant de recouvrer mes esprits.

— Ouais, tout va bien. Tu voulais me parler ?

Il arque un sourcil, un rictus malicieux étirant le coin de ses lèvres.

— Tu n'aurais pas quelque chose à me dire ?

Je me fige, les yeux exorbités et les battements de mon cœur coupés net. J'observe la lueur mutine de ses yeux et en déduis qu'il est au courant. Oh bordel !

Je jette un coup d'œil rapide autour de moi pour m'assurer que personne n'écoute et me penche légèrement en avant.

— Il te l'a dit ?! chuchoté-je.

— Ce sont les gars qui me l'ont dit.

Le choc me fait entrouvrir la bouche, mon estomac se noue. Je n'imaginais pas Newton à ce point ouvert. Annoncer à tous ses collègues qu'il m'a embrassée la veille, ça ne lui ressemble pas.

— Il ne voulait pas un mégaphone aussi ? pesté-je, excédée en plissant le nez.

Mave fronce les sourcils.

— Tu parles de Billy ?

À mon tour de froncer les sourcils. Qu'est-ce que Billy a à voir là-dedans ? Je veux bien qu'il fasse partie de l'équipe, mais cela m'étonne que Newton le lui ait confié à lui aussi. Et s'il l'avait fait dans le seul but de le rendre jaloux ? Après tout, lui est parvenu à m'embrasser, alors que j'ai rembarré Billy à deux reprises. Est-ce que Newton a fait tout cela uniquement pour prouver qu'il pouvait m'embrasser ?

Cette idée fait naître un brasier orageux au creux de mes tripes. Le regard dans le vague et les sourcils intensément froncés, je commence à ressentir les prémices d'une grande colère m'engourdir.

— Cal ? Putain, t'es défoncée ou quoi ?

Je secoue la tête en me frottant le visage.

— Tu crois vraiment que je suis défoncée ? T'es malade ou quoi ?

Maverick me scrute d'un air ahuri, ce qui me rend de plus en plus perplexe.

— Et qu'est-ce que tu sais au juste ? demandé-je en m'éclaircissant la voix.

— Les gars m'ont dit que tu as débarqué telle une furie et que tu as sauté à la gorge de Billy, à deux doigts de lui arracher les yeux. Coup de poing dans le nez et coup de pied dans les couilles, et le voilà à chialer sa mère par terre, glousse-t-il.

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