Chapitre 11 : La déesse du jeu

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Calliope

D'un rapide coup d'œil, je m'assure avoir semé Maverick. Je ne sais pas ce qui lui a pris de venir me proposer ce verre, mais bordel, c'était jouissif de l'emmerder encore une fois.

Pieds nus dans l'herbe chatoyante, je me tortille lentement pour rejoindre le salon où j'ai abandonné les chaussures que m'a prêtées Ash. Ces trucs sont une torture à porter, mais au moins je parais un poil plus grande avec mes échasses.

Je fais glisser mes pieds dans les escarpins noirs et fais pivoter ma tête dans tous les sens pour retrouver mes amis que j'ai perdus au cours de ma fuite.

La seule personne que je vois très clairement à travers la foule, c'est Newton. Il est là, à seulement quelques mètres de moi, assis dans un large canapé, son regard intensément planté dans le mien. Entouré par un épais nuage de fumée, il semble presque sortir tout droit de mes songes. Je ravale la boule qui me noue la gorge sans parvenir à bouger ne serait-ce que d'un centimètre. Sa mâchoire se contracte, mais son regard ne flanche pas, il fait naître une chaleur irradiante au creux de mon bas-ventre qui s'étend jusqu'à mes pommettes.

— Eh, oh, Cal, ici la Terre.

Une main qui remue devant mes yeux me fait reprendre le contrôle de mon corps. Joshua me regarde, les yeux plissés et un gobelet dans chaque main.

— Sérieux, sois plus discrète quand tu mates.

Je me rembrunis et pousse un geignement.

— N'importe quoi ! Y a personne à mater ici, que des enfoirés.

Il lève les yeux au ciel, puis me tend un gobelet rempli d'un liquide pétillant.

— C'est quoi ?

— De la bière.

Je me saisis du gobelet recouvert d'une fine humidité de condensation et le porte à mon nez. Je n'ai jamais goûté de la bière, je n'ai même jamais bu d'alcool de toute ma vie. À l'odeur, je note quelque chose de rond et d'agréable. Je porte le gobelet à mes lèvres et laisse le liquide glisser le long de ma gorge. Au goût, quelque chose de particulier, entre la douceur et l'amertume qui se dépose délicatement sur le bout de ma langue.

— Tu aimes ?

Je hoche la tête en souriant, puis reprends une gorgée.

— Fais attention de ne pas accepter de verre de n'importe qui et par pitié, ne bois pas trop. J'ai pas envie de te tenir compagnie aux chiottes toute la soirée.

— Oui papa, me moqué-je en roulant des yeux.

Il sourit, puis passe son bras autour de mes épaules et dépose un petit baiser sur ma tempe. Je pivote la tête et le regarde d'un air étrange.

— Qu'est-ce que tu fous ?!

— Je voulais voir un truc.

Sur ce, il s'en va, me laissant abasourdie par son comportement soudain et totalement bizarre. Ce n'est pas que je refuse, après tout il est le seul que je pourrais laisser m'enlacer ou me montrer la moindre marque d'affection, mais il sait que je ne suis pas une grande adepte de ce genre de chose. Je secoue la tête et tourne sur moi-même pour tenter de repérer Ash à travers la meute de lycéens qui s'agglutinent en tas dans cette villa immense et bruyante. Je les ai perdus de vue, elle et Billy qui est, je crois, allé saluer des gars de sa classe.

— Bellini !!

Sans que je n'aie le temps de me retourner, je suis violemment soulevée du sol par des bras puissants. Mon verre s'échoue par terre, je pousse un hurlement en me débattant comme une forcenée, alors que Maverick m'emmène à l'extérieur.

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