Chapitre 26 : Mélodie enivrante

89 12 18
                                    

Calliope

J'ai passé la dernière semaine à errer dans les couloirs tel un vampire se protégeant du soleil. Durant chacune de nos classes, j'ai senti le regard de Newton sur ma chair et je me suis armée de toute ma force pour ne pas le lui rendre. J'ai comme l'impression que depuis l'incident dans ma chambre, il tente de discuter avec moi, ce pourquoi je le fuis. Il n'y a rien à dire.

Josh et Ashley m'accompagnent jusqu'à la salle de concert pour ma répétition. Nous nous arrêtons tous les trois devant la porte, laissant passer l'un des flûtistes de l'orchestre.

— Vous allez venir demain soir ? leur demandé-je en souriant.

— Compte sur moi ! s'exclame Josh.

— Je serai au premier rang pour t'applaudir, ajoute Ash.

— Par pitié, ne me foutez pas la honte, gloussé-je.

Les deux s'adressent un regard complice, ce qui ne manque pas de me faire lever les yeux au ciel.

— Est-ce qu'il y a des beaux gosses dans ton groupe ? demande Ashley en se mettant sur la pointe des pieds pour observer les membres déjà en place.

— Et Cole ?

— Ce n'était pas pour moi, mais pour toi, rétorque-t-elle.

Je fronce les sourcils en croisant les bras.

— Il faut que tu oublies ce Newton qui ne t'apporte rien de bon.

Je roule des yeux, excédée que le sujet revienne constamment à lui depuis qu'ils sont au courant de mon exploit qui m'a valu une bonne gifle de ma mère.

— Je n'ai pas besoin de l'oublier, il n'occupe pas mes pensées. J'ai fait quelque chose de stupide et je ne recommencerai pas. Comme je vous l'ai dit, je ne sais même pas pourquoi je l'ai invité à entrer.

— Moi j'ai ma petite idée, rétorque Josh en jouant des sourcils.

Je secoue la tête en éludant ses sous-entendus d'un vague geste de la main. C'est plaisant d'avoir deux amis sincères à qui me confier. Je ne me suis pas sentie jugée une seule fois lorsque je leur ai raconté mes péripéties. J'ai bien évidemment fait l'impasse sur la peur de Newton, sentant qu'il s'agit de quelque chose de secret et d'intime que je ne peux pas confier à quelqu'un d'autre.

— Bon, je dois y aller. On se voit au spectacle ?

Mes deux amis me répondent affirmativement en chœur, ce qui me fait sourire.

Je les salue d'un dernier geste de la main avant de me diriger vers l'arrière de la scène pour y déposer l'étui de mon violon. Mon instrument en main, je rejoins les membres de l'orchestre qui prennent place sur la scène. Je me plante à l'endroit prévu pour moi, à savoir, debout à l'avant, au plus proche de notre professeur.

Une fois que les derniers retardataires se joignent à nous, le professeur se racle la gorge avant de prendre la parole :

— Dernière ligne droite avant le spectacle qui aura lieu demain soir. Je suis particulièrement ravi de vous annoncer que nous avons finalement reçu les costumes qui sont arrivés ce matin.

Lui arbore un grand sourire éclatant, d'autres applaudissent, moi en revanche, je me retiens de justesse de grogner. Le prof veut à tout prix que chacun d'entre nous porte un costume imitant les toilettes du 18e siècle, période connue comme l'âge d'or de la symphonie. Je ne suis pas spécialement à l'aise à l'idée de jouer du violon en portant une robe bouffante et lourde, mais quoi qu'il en soit, cela ne m'empêchera pas de ne faire aucune fausse note, j'en suis convaincue.

Face à faceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant