Calliope
Au cours de la nuit, un élancement vif me parcourt l'abdomen. Mon corps s'éveille à la douleur. Je me redresse dans mon lit, en nage, et me plie en deux en essayant de reprendre mon souffle.
En moins d'une seconde, une forte nausée m'ébranle, je me rue dans la salle de bains et me penche sur les toilettes pour vider les fluides de mon estomac. Les sucs gastriques m'incendient la gorge, attirant des larmes incontrôlables le long de mes joues. Au-dessus de la cuvette, je vomis plusieurs fois, puis m'affaisse sous le poids de la souffrance. J'ai froid, terriblement froid, pourtant, ma peau est si brûlante qu'on croirait que je m'embrase.
La bouche entrouverte pour instiller un maximum d'air dans mes poumons, je ploie la tête en arrière et la laisse retomber contre le mur derrière moi en fermant les yeux. Mon corps est parcouru de spasmes virulents qui contractent mes muscles courbaturés. J'ai mal partout, chacun de mes membres est aussi fatigué qu'après une journée intensive passée au sous-sol.
Je tente de me redresser et m'appuie sur le meuble-vasque pour me relever. Je me sens lourde, comme si ma carcasse était lestée et qu'elle pesait une tonne. Je me penche en avant et allume le robinet d'eau pour me rincer le visage et la bouche.
Avec difficulté, je parviens à regagner mon lit, traînant mes jambes ankylosées comme un poids mort qui me ralentit. Je replonge sous ma couette et rabats les deux plaids sur moi pour réchauffer mon enveloppe glacée pourtant incandescente.
Je crois délirer, ma tête tourne. Même lorsque je ferme les yeux, j'ai l'impression de tomber à l'infini. Ma gorge est si sèche que je peine à déglutir la salive qui stagne dans ma bouche pâteuse. Et lorsque je tousse âprement, un feu tapisse mon œsophage.
Je regarde l'heure une première fois, il est 3 h 49. Quelques minutes plus tard, il est 7 h 32. Je fronce les sourcils en battant des cils. Mes sens sont brouillés par la maladie qui me rend mal. À travers les interstices de mes volets, le soleil pointe son nez à l'horizon, mais mes membres sont bien trop endoloris pour me porter jusqu'au lycée ; d'ailleurs, je n'ai même pas entendu mon réveil sonner deux minutes plus tôt.
J'ai l'impression d'être une morte-vivante venant de s'éveiller après un long sommeil. Apathique, je peine à garder mon téléphone entre mes mains pour pianoter un SMS à l'attention de Josh. Je ne sais pas bien ce que je lui écris, j'espère seulement qu'il comprendra que je ne suis pas en forme pour aller en cours aujourd'hui.
Tremblante de froid, je me recroqueville sur moi-même, la tête enfouie sous la couette, mon téléphone en guise de veilleuse. Mes yeux se ferment sans que je puisse les contrôler et je me laisse de nouveau emporter par un profond sommeil.
∆
Newton
Planté sous l'abribus du quartier, je me trouve absolument ridicule. Les mains dans les poches et le regard rivé droit sur la maison d'à côté, j'attends que Calliope sorte enfin de chez elle. L'heure tourne, le bus ne devrait pas tarder, et j'aimerais lui parler avant que l'on ne soit entourés de tous les ploucs de Crestwood.
Trois minutes s'écoulent, les volets de sa chambre sont toujours fermés. Cinq minutes s'écoulent et mon attention se pose sur le véhicule qui tourne à l'angle de la rue. Je fronce les sourcils, hésitant à escalader la treille métallique comme je le fais parfois – quoique je pourrais bien sonner, il me semble que ses parents ne sont pas là. En avisant une nouvelle fois le bus qui s'arrête devant moi, je soupire et m'y engouffre, imaginant qu'elle a peut-être dormi ailleurs cette nuit – pourvu que ce ne soit pas chez son « meilleur ami ».
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Face à face
Roman d'amourPour Calliope, l'enfer rime avec lycée Crestwood High, et cette dernière année va d'autant plus forger sa conviction. Entre des parents absents, son harcèlement constant et une douleur qu'elle cache derrière une apparente froideur, sa vie est un vér...