Face à face

Chapitre 19 : Brûlure fantomatique

Calliope

Je me glisse dans la peau de la comtesse Dracula avec une élégance sinistre, voulant effrayer plutôt qu'attirer l'œil. Ma robe est d'un noir profond, drapée avec fluidité par quelques touches de rouge bordeaux. Quelques morceaux de dentelle d'un blanc intense ornent les manches longues et les bords de la robe, ajoutant une touche de sophistication macabre.

Je pivote sur moi-même devant le miroir, admirant la tenue que j'ai choisie avec l'aide de Josh. À part ma poitrine remontée par le corset et mise en valeur par un décolleté en cœur, le reste n'a rien de trop affriolant. De plus, la cape que je noue autour de mon cou suffira à camoufler ma gorge un peu trop exposée à mon goût.

Quoique, cela aurait pu être bien pire si j'avais accepté le déguisement qu'Ashley m'a proposé. Lorsqu'elle m'a dit qu'elle avait la tenue parfaite pour moi, je me suis empressée d'aller moi-même m'acheter un déguisement. Je me rappelle encore le fiasco de cette soirée et de cette robe à zip ; il était hors de question que je réitère.

Mon téléphone vibre derrière moi, me faisant pivoter sur moi-même. La cape noire, doublée de satin rouge sang, flotte derrière moi telle une ombre menaçante dans la nuit.

Mes mains rallongées par des faux ongles autocollants rouges, effilés comme des griffes, je peine à répondre au SMS de mon ami.

De Josh : Je passe te prendre à vingt heures, mes parents m'ont laissé la voiture.

De Calliope : oK. Jz t4attends.

Je maudis ces foutus ongles à la con qui cognent bruyamment l'écran de mon téléphone. Je me demande comment fait Ashley pour porter ces horreurs tous les jours.

De Josh : C'est un message codé ?

Il joint un GIF à son message qui me fait rire.

De Calliope : R1ppelle m9i dfe ne plus kamais porter d3 fauw ongles !!

Il me reste seulement une demi-heure pour parfaire mon look, et mes cheveux ne sont toujours pas coiffés. Les poings sur les hanches, je me rapproche de mon miroir, admirant une dernière fois le reflet de mes yeux, soulignés par un maquillage intense que j'ai mis près d'une heure à réaliser. Je suis loin d'être douée, j'ai l'impression d'avoir un coquard à chaque œil. Au moins, on peut dire que mon envie de faire peur est réussie.

J'applique une mousse coiffante dans mes cheveux, visant à apporter du volume à mes boucles et à les définir, puis je m'attaque à la coiffure, et là, c'est un carnage. Toute seule dans ma chambre, je râle, je souffle, je suis à deux doigts d'abandonner lorsque j'entends quelqu'un toquer à ma porte.

Ma mère passe la tête à travers l'entrebâillement avant de pénétrer totalement dans ma chambre.

— Tu as besoin de quelque chose ? demandé-je, les mains sur les hanches en fronçant les sourcils.

— Je suis venue voir si tu avais besoin d'aide, mais j'ai l'impression que tu te débrouilles.

Je rêve ou un très léger sourire étire ses lèvres ? Je ne sais pas ce qui leur arrive à tous les deux, mais bordel, qu'avez-vous fait de mes parents ?!

Alors qu'elle s'apprête à quitter la pièce, je l'interpelle :

— En fait, je n'arrive pas à me coiffer, dis-je faiblement. Est-ce que tu pourrais m'aider ?

Sophia Bellini a la même nature de cheveux que moi, de belles et grosses boucles dorées parfaitement définies. À la différence que, elle, parvient à leur donner une forme différente chaque jour.