Chapitre 38 : Guérir ses blessures

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Newton

Calliope m'observe, les bras chargés de cochonneries qui me tirent un sourire.

— Tu n'as pas dit que tu ne pourrais rien avaler ?

Elle hausse les épaules en comblant les quelques mètres qui nous séparent.

— Je n'ai pas faim, mais peut-être que toi, si.

J'aimerais lui répondre que j'ai faim d'elle et de ses lèvres, mais j'ai peur de l'effrayer. Je me contente de mimer son geste en haussant les épaules à mon tour.

— Alors, tu as trouvé un film à regarder ?

Je souffle par le nez, puis tourne l'écran vers elle. Calliope observe son ordinateur, sa tête se penchant sur le côté et un léger pli se formant entre ses deux sourcils.

— Love actually ? Sérieux ? glousse-t-elle en replantant son regard au mien.

Ma lèvre inférieure bloquée entre mes dents, je réprime mon rire en la voyant secouer la tête. Je suis certain que ce n'est pas le genre de film qu'elle regarde habituellement ; d'ailleurs, moi non plus.

— Ne me demande plus de choisir, ce n'est pas mon fort.

— OK, je prends note pour la prochaine fois.

Elle s'occupe de faire de la place sur l'une des tables de chevet pour poser son ordinateur. Moi, tout ce que je retiens, c'est qu'il y aura une prochaine fois.

Allongé sur son lit, je l'observe minutieusement, un rictus imperceptible au coin des lèvres. Elle met un temps infini à positionner et repositionner l'ordinateur afin de trouver la place parfaite qui nous permettra de regarder un film tous les deux.

Moi, Newton Adams, c'est bien la première fois que je passe autant de temps avec une fille sans me foutre à poil.

J'aime ça.

Calliope est différente, et pour elle, je suis prêt à passer des heures à mater un film gnian-gnian si elle le souhaite.

Je ne comprends pas ce qu'elle m'a fait pour m'envoûter aussi passionnément. Elle m'ensorcelle de son regard unique et si beau, de son timbre de voix apaisant et de ses lèvres douces qui m'obnubilent. Même sans ce foutu gloss à la fraise, je pourrais les embrasser sans m'arrêter pendant des heures.

Je m'installe sur le côté, le coude enfoncé dans le matelas et la tête contre ma paume. Calliope est postée devant son ordinateur, les mains sur les hanches en étudiant sa position.

— Tu vois bien si je le mets ici ? demande-t-elle en se tournant vers moi.

— C'est parfait, Cal.

Ses lèvres s'étirent en un sourire éclatant, le genre de sourire contagieux qui illumine les ombres et l'obscurité, le genre dont elle seule a le secret.

— En revanche, je t'en supplie, ne me dis pas que tu veux réellement voir ce film.

Son nez retroussé et ses yeux plissés m'arrachent un rire. Dieu soit loué, elle n'est pas du genre à regarder ces histoires à l'eau de rose qui me feront m'endormir à coup sûr.

— Choisis ce que tu veux, beauté.

Ses pommettes adoptent une couleur un peu plus soutenue, son visage rayonne toujours autant. Elle fait volte-face et pianote sur le clavier de son ordinateur pour dénicher un autre film.

J'adore observer ses réactions. Que ce soit lorsqu'elle est en colère, dépitée, heureuse ou bien gênée, son visage – et plus particulièrement ses yeux – est très expressif. Cette fille ne sait pas faire semblant, et elle ne cherche pas à le faire.

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