Chapitre 55 : Dernière danse

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Calliope

Debout face au miroir de ma chambre, je suis figée. Le reflet me renvoie l'image d'une fille qui me ressemble, mais qui paraît différente de celle que j'étais.

La journée passée à m'apprêter a été prolifique, je suppose. Mes boucles blondes sont relâchées et plus brillantes que jamais grâce aux soins que j'y ai apportés. Les traits de mon visage sont doux et détendus, bien que depuis deux semaines mes lèvres soient constamment étirées vers le haut.

L'échéance approche. Dans trois jours, je pourrai tirer un trait sur mon ancienne vie catastrophique et accueillir à bras ouverts mon futur paradisiaque auprès de celui qui fait battre mon cœur.

Ce jour marque déjà un tournant dans nos prochaines aventures. Le bal de promo est un événement important dans la vie de chaque lycéen, il fête l'obtention du diplôme ainsi que le départ pour la grande épopée qu'est la vie d'adulte.

Quand mon patronyme a été prononcé par le chef de l'établissement et que j'ai décroché l'une des clés de mon futur, j'ai été comblée de joie. Mais apercevoir le sourire de Newton lorsqu'il a serré la main de monsieur Elrick en recevant ce document roulé a été le summum de mon allégresse.

Je suis fière de lui, du chemin qu'il a parcouru et des difficultés auxquelles il a su faire face pour prouver à tout le monde qu'il est capable d'accomplir de grandes choses. Et je suis sûre que le meilleur reste à venir.

Mes paumes frôlent le tulle de ma robe bleu nuit que j'ai choisie pour l'occasion. En parfaite concordance avec ma personnalité : une coupe simple et peu affriolante – quoique, à cause de ma poitrine, le moindre décolleté paraît un peu trop révélateur. Le tissu drape avec fluidité mes jambes, jusqu'à presque recouvrir mes pieds.

Heureusement que mamie a de sacrés talents de couturière ! J'ai commencé à paniquer en voyant que je marchais sur la robe trop longue pour ma petite taille. Le tulle qui recouvre un tissu satiné a été sectionné avec brio et repose à présent à quelques millimètres du sol.

Mon buste est parfaitement moulé et mis en valeur par le tissu resserré au niveau de ma taille. Le décolleté souligne le galbe de mes seins sans être trop provocateur. En revanche, il faut que je me rende à l'évidence, une telle robe ne se porte pas avec un soutien-gorge dont la dentelle dépasse.

J'ai l'impression d'être revenue plusieurs mois en arrière lorsque je m'étais retrouvé cul nu au milieu de tous ces barges. À cet instant hors du temps dans cette chambre où j'avais rêvé de goûter les lèvres de Newton pour la première fois. Quand je repense au chemin que nous avons parcouru ensemble, je remercie le ciel de l'avoir mis sur ma route. Une route semée d'embûches que Newton est parvenu à briser pour m'ouvrir un accès jusqu'à mon paradis sur Terre.

D'un geste maîtrisé, je faufile mes doigts dans mon dos et dégrafe mon sous-vêtement.

Je m'admire une dernière fois dans ma globalité en tournoyant sur moi-même, puis m'avance pour jeter un ultime coup d'œil à mon maquillage.

Quatre heures, c'est le temps qu'il m'a fallu pour obtenir un résultat acceptable. Entre grognements, envie de m'arracher les cheveux et volonté de me pointer à ce bal vêtue d'un pyjama, j'ai finalement réussi à donner à mon visage une allure potable.

Mes paupières sont agrémentées de paillettes et de fards dans les tons prune, mes cils sont galbés par un mascara noir profond, mes pommettes sont rosies par un blush couleur pêche et mes lèvres sont repulpées par ce gloss à la fraise que Newton chérit tant.

Voyant l'heure fatidique approcher, j'expire un long souffle et essuie la moiteur de mes paumes sur ma robe. Un SMS fait vibrer mon téléphone et termine de faire grimper mon stress en flèche.

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