Chapitre 50 : Antidouleur

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Calliope

Une boule me tord les boyaux. Je fais les cent pas dans ma chambre, envahie par un stress constant qui crispe mes membres.

Je me croyais suffisamment courageuse pour enfin avouer mes sentiments à Newton, mais à présent que le moment est venu, je suis à deux doigts de me défiler.

Depuis près d'une semaine, ces mots campent mon esprit et trottent dans mon cerveau. Le bonheur que je ressens s'intensifie à chacune de nos retrouvailles, et plus particulièrement lorsqu'il me rend visite en secret, le soir dans ma chambre.

Ce soir, nous avons prévu de nous retrouver lorsque mes parents dormiront. Blindée de courage, j'ai annoncé à Josh que je me sentais prête à ouvrir mon cœur à Newton. Ce soir devait marquer un tournant dans notre relation, mais en fin de compte, je ne suis qu'une lâche.

J'essuie mes paumes moites sur mon bas de jogging et me fige devant ma fenêtre. Mes yeux se portent sur la maison d'en face, ce que j'y découvre me torture les entrailles. Le SUV de Baron Adams se stationne dans l'allée et met fin à l'espoir de voir Newton ce soir.

Je reprends mon souffle et me mords la lèvre inférieure en sentant une tout autre appréhension s'emparer de mon cœur. Newton va devoir faire face à son père qu'il n'a pas vu depuis des jours. Je sais qu'à chaque fois qu'il revient, il le fait souffrir. Cela me brise de l'imaginer abîmé une nouvelle fois.

Je me laisse tomber sur mon lit et prends mon visage entre mes mains en soufflant l'air accumulé dans mes poumons. Comme un mauvais signe du destin, le temps à l'extérieur m'arrache une grimace. La pluie s'échoue sur la vitre et le vent s'infiltre bruyamment dans les combles. Depuis près de deux heures, le ciel s'est recouvert d'une noirceur profonde, comme s'il voulait nous prévenir de ce qui allait s'abattre sur nous.

Je reste figée sur mon lit, l'esprit voilé par ce qui tourmente mon cœur et les yeux rivés sur les ténèbres qui se déchaînent dehors. Un éclair jaillit au loin, illuminant le ciel d'une lueur effrayante. Ma poitrine se serre lorsque le tonnerre gronde.

Je bondis de nouveau sur mes jambes tremblantes et passe une main dans mes cheveux en essayant d'apercevoir Newton à travers la fenêtre. La lumière de sa chambre est éteinte, seules celles du rez-de-chaussée demeurent.

Les gouttelettes d'eau qui glissent le long de ma vitre m'empêchent de voir quoi que ce soit. Mes pensées sont bloquées sur Newton qui, je l'espère, n'est pas pétrifié par cette peur qu'il ne parvient pas à dompter.

Un cri m'échappe lorsque l'orage tonne à nouveau et fait sauter les plombs de l'ensemble du quartier.

Mes palpitations cardiaques résonnent jusque dans mes tempes alors que je me retrouve noyée dans le noir. D'instinct, je me retourne et m'accroupis au sol pour tâtonner dans le vide et espérer mettre la main sur ma lampe. Des larmes chaudes se forment au creux de mes paupières tandis qu'une boule m'empêche de respirer convenablement.

Mon genou heurte violemment le coin de mon lit, mais aucune douleur ne m'assaille. Rien, hormis celle qui me déchire les tripes. De mes doigts tremblants, je parviens à sentir les contours de ma lampe portable que je peine à activer à cause de cette peur qui crispe mes articulations.

Une bouffée d'oxygène emplit mes poumons écorchés lorsqu'enfin la lumière chaleureuse m'apporte le réconfort dont j'ai besoin. Je me raccroche à la lueur faible et garde les yeux fixés dessus pour ne pas défaillir. Mon cœur tressaute dans ma cage thoracique et semble à deux doigts de s'en échapper.

Je pose ma main sur ma poitrine et opère des exercices de respiration visant à apaiser ses mouvements drastiques. Je m'agrippe aux couvertures pour me redresser sur mes jambes flageolantes qui soutiennent difficilement mon corps affaibli par la peur.

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