Chapitre 43 : Un besoin constant

41 9 16
                                    

Calliope

Je soupire de voir que Newton ne sera certainement pas en cours aujourd'hui non plus. Je rêve de l'une de ses étreintes qui pourraient raviver les flammes de mon cœur au bord du précipice.

Trois jours. Trois jours que ses volets sont fermés et que le SUV de son père n'a pas quitté l'allée. Trois jours qu'il est enfermé dans son enfer. Trois jours durant lesquels je passe mes soirées à scruter par ma fenêtre.

Je sors de ma chambre par des foulées paresseuses et rejoins mon père au rez-de-chaussée. Je ne prends pas la peine de les saluer, ni lui ni ma mère. Je les hais. Dès lors que je franchis la porte de cette baraque, mes lèvres se scellent et je leur offre un mutisme sans faille. Il est inutile de faire semblant. Notre famille est une mascarade. J'ai honte de les appeler « mes parents ».

Apprendre que je suis destinée à rester dans cette ville de malheur me foudroie le cœur. Mon rêve m'échappe, il file entre mes doigts, et je le regarde s'éloigner sans rien pouvoir y faire.

En grimpant dans la voiture de mon père, un SMS fait vibrer mon téléphone.

Josh : J'ai pris ma décision. Je leur dis ce soir. Tu penses que tu pourras manger chez moi ?

Je ferme les yeux en inspirant lourdement. Demander à mon père va m'écorcher les lèvres, mais j'ai promis à Josh, il est hors de question que mes parents me forcent à rompre ma promesse. Je serai là pour les personnes qui le méritent, et Josh le mérite.

Tandis que le 4x4 ralentit devant le lycée, je me tourne vers mon père.

- Je mange chez monsieur et madame Matthews ce soir. Josh me ramènera.

Je ne lui laisse pas le temps d'objecter, je m'échappe du véhicule en vitesse.

Mon meilleur ami m'attend comme toujours à l'entrée du lycée, les yeux rivés sur son smartphone. Lui qui est constamment jovial, il relève la tête et m'affiche son anxiété en pleine face. Je tente de le dérider en placardant un sourire qui, je l'espère, ne ressemble pas à une grimace tant rien ne pousse mes lèvres à s'étirer en ce moment.

- Je mange chez toi ce soir !

Le coin de sa bouche se retrousse, ses épaules s'affaissent légèrement.

- Ton père a dit oui ?

- J'en sais rien. Mais j'ai décidé que oui, dis-je en haussant les épaules.

Nous prenons la route de notre première salle de classe sans entrain, vraisemblablement aussi épuisés l'un que l'autre face à tout ce qui nous remue le cerveau. J'aperçois Maverick au loin, accompagné de quelques joueurs des Faucons. Lorsqu'il nous voit, il salue ses amis et nous rejoint en trottinant.

- Cal, tu as des nouvelles de Newton ?

Je l'observe en fronçant les sourcils. Si moi je n'ai pas de nouvelles, je pensais que lui en aurait. Une moue ourlant mes lèvres tristement, je secoue la tête, ce qui le fait soupirer. Il passe une main dans ses ondulations blondes en dégainant son portable.

- Il ne répond pas à mes messages.

- Je pourrais peut-être aller voir chez lui, suggéré-je, une grimace sur le visage en repensant à Baron Adams qui me fout les jetons.

- Ce n'est pas une bonne idée, souffle Maverick. Il finira par répondre.

Un faible rictus se dessine sur ses lèvres fines. J'imagine qu'il tente de me rassurer ou de se rassurer lui-même, mais cela ne fait qu'intensifier le nœud qui me barre la gorge tandis que j'imagine le pire.

Face à faceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant