Thierno, dans son dernier moment de lucidité, avait vu la vérité se dévoiler devant lui. Il n'avait pas pu échapper à la créature, ni à la folie de son père. Ses pensées se dissipèrent lentement, englouties par l'ombre qui l'encerclait, une entité qui semblait être l'incarnation même des ténèbres que son père avait nourries.Quand il rendit son dernier souffle, une étrange paix s'abattit sur lui, comme si la douleur et la terreur étaient soudainement remplacées par un vide absolu, un néant dans lequel il ne pouvait plus souffrir. Mais ce n'était pas la fin de son histoire. C'était plutôt le début d'une autre horreur.
Les funérailles de Thierno furent marquées par une lourde tristesse et une tension palpable. C'était comme si l'air lui-même était alourdi par la douleur, la confusion et la crainte de ce qui venait de se produire. Quand son corps fut retrouvé, ce fut un choc pour toute la famille. Thierno, cet homme toujours si calme, respecté et aimé par tous, ne pouvait pas être mort de manière aussi soudaine et violente. Son corps avait été retrouvé dans un état horrible, ses yeux fixés dans un vide immense, comme s'il avait été englouti par des ténèbres invisibles. Il semblait que même la mort l'avait marqué de manière anormale.
La famille se rassembla dans la maison familiale, une atmosphère lourde et pesante planant sur tous. Les femmes, en particulier, étaient inconsolables. La femme de Thierno, dévastée par la perte de son mari, pleurait sans cesse, la douleur tordant ses traits. Ses sanglots résonnaient dans toute la maison, brisant le silence funèbre. « Ay Thierno wakhoma wonn li! » (Oh, Thierno! C'est pas ce que tu m'avais promis!) criait-elle entre deux hoquets, sa voix brisée par la douleur.
Les frères et sœurs de Thierno étaient dans un état de choc. Leurs visages étaient marqués par la confusion, le déni, et l'incompréhension. Mais malgré leur peine, aucun d'eux n'osait remettre en question la cause de sa mort, leur esprit étant submergé par la peur, trop effrayé par ce qu'ils avaient vu et entendu. Ils se tournaient souvent vers leur mère, cherchant une réponse, une explication, mais celle-ci restait silencieuse, perdue dans ses pensées sombres.
Mor Talla, quant à lui, ne montra aucun signe de tristesse. Au contraire, il paraissait étrangement calme, presque indifférente. Ses yeux sombres fixaient le corps de son fils, mais sans véritable émotion. Mère Siré savait qu'au fond d'elle-même, Thierno n'était qu'une victime d'un plan bien plus vaste, qu'il n'avait pas échappé à la terrible destinée qui lui était réservée. Mais à aucun moment elle ne laissa paraître cette pensée. Elle était en train de calculer, cherchant un moyen de se sortir de la situation. Elle préférait observer, se tenir à l'écart des pleurs et des lamentations. Et si quelqu'un avait osé l'interroger sur sa position, elle aurait simplement répondu d'un ton froid : «Aujourd'hui, c'est ainsi. Tu ne sais pas, c'est tout. »
Ses filles, Niouma et Awa, quant à elles, se comportaient comme si la situation ne les touchait pas. Elles assistaient à la cérémonie , échangeant des regards furtifs entre elles, parlant à voix basse, mais jamais un mot de compassion. Les regards qu'elles lançaient à Fily étaient chargés de haine, accusateurs. Fily, dans son silence accablant, ne pouvait que supporter leur froide indifférence.
Le moment le plus poignant des funérailles fut celui où les hommes de la famille portèrent le cercueil. La cérémonie s'était déroulée dans une atmosphère tendue, l'hypocrisie régnant dans l'air. Pape n'avait pas montré la moindre émotion, se contentant de suivre les événements avec une sorte de froideur distante. Mais en lui, une part de culpabilité grandissait, bien qu'il essaie de la refouler. La culpabilité de ne pas avoir su protéger son frère, de ne pas avoir vu les signes avant-coureurs, tout en étant conscient que la main de son père se trouvait derrière tout cela.
Durant la cérémonie, le chant des hommes retentit dans la maison, accompagné des lamentations. « Oh Thierno, tu as été pris dans la douleur, mais tu vivras dans nos cœurs ».Les pleurs se mêlaient aux chants, mais Fily, à côté, restait figée, incapable de prononcer un mot. Elle se sentait déconnectée de tout ce qui se passait, comme si elle observait la scène depuis un autre monde, éloignée de la douleur et de la souffrance qui l'entouraient.
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Soleil de mes nuits...
General FictionSoleil de mes nuits est une plongée captivante dans les méandres de la trahison, de la rédemption et du pouvoir des liens invisibles qui nous unissent. Au cœur de cette histoire se trouvent Fily, une femme brisée par les ténèbres de son passé, et Mo...