Partie 61.

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La silhouette s'avança lentement, sa silhouette sombre se découpant dans la brume épaisse. Balam recula instinctivement, son cœur battant à tout rompre, un mélange de peur et d'incompréhension l'envahissant. La femme devant lui, bien que vieillis il la reconnaîtrait, elle semblait pourtant marquée par le poids du temps et des épreuves.

Elle ne répondit pas immédiatement, se contentant de le fixer avec une intensité glaciale. Ses yeux, d'un noir perçant, étaient vides de toute émotion, comme si le monde autour d'elle n'existait plus. Le vent souffla, emportant une volute de fumée, mais l'air semblait lourd et figé, comme si même le ciel attendait quelque chose.

— Malaado ? répéta Balam, plus fort cette fois, l'espoir se mêlant à la terreur dans sa voix. "Mais... c'est impossible... Tu es morte."

La femme, ou plutôt l'apparition qui se tenait devant lui, esquissa un sourire énigmatique, mais c'était un sourire cruel. Il n'y avait pas de réconfort, pas de reconnaissance dans ce geste.

— Malaado n'est plus, dit-elle d'une voix calme, mais pleine de menace. "Il n'y a plus que moi maintenant. L'ombre de ce que j'étais."

Balam, bien que désemparé, se redressa légèrement, cherchant une raison à cette vision. Il connaissait cette femme, une partie de son passé qu'il n'avait jamais osé affronter. Malaado, une alliée d'autrefois, une âme perdue qui avait été consumée par des forces qu'il ne comprenait pas. Mais comment était-elle revenue, et pourquoi maintenant ?

— Pourquoi ? demanda-t-il, ses yeux fouillant les siens. "Pourquoi revenir ici ? Pourquoi maintenant?"

La femme hocha la tête lentement, comme si elle mesurait ses paroles.

— Tu ne comprends pas, Balam. Mais tu comprendras bientôt.

Elle s'avança encore, et Balam sentit une pression, comme si le monde autour de lui devenait plus lourd, plus dense. L'atmosphère, déjà électrique, se chargea d'une énergie menaçante.

La tension dans la pièce monta d'un cran lorsque la porte s'ouvrit à nouveau. La silhouette imposante de Pape, fils aîné de Mor Talla, franchit le seuil, ses yeux brûlant de colère. À ses côtés, Dior, sa nouvelle compagne, se tenait droite, observant la scène avec un calme dérangeant. Fily, qui se tenait dans l'ombre, perçut immédiatement la menace qui émanait de lui. Un frisson glacé parcourut son corps, ses mains tremblèrent.

— C'est lui... murmura-t-elle, presque inaudible, son visage pâle. C'est lui, mon ex-mari...

Les mots, tels des lames, déchirèrent l'air lourd de la pièce. Mouhamadou, qui avait déjà senti l'angoisse se nouer dans la poitrine de Fily, se tourna brusquement vers elle. Il la prit dans ses bras, essayant de la calmer, mais son regard ne pouvait détacher ses yeux de Pape. La rage bouillonnait en lui, mais il savait que la priorité était Fily, qui, en proie à une crise d'angoisse, devenait de plus en plus fragile.

— Respire, Fily... dit-il doucement, ses mots pleins de douceur malgré la fureur qui dévorait son cœur. Ce n'est pas le moment, on est là, ensemble. Calme-toi, d'accord ?

Fily luttait pour reprendre son souffle, ses yeux fixés sur Pape, comme hypnotisés par la douleur de leur passé commun. La scène devenait irréelle. Elle sentait que tout ce qu'elle avait fui refaisait surface, plus menaçant que jamais.

Mor Talla, toujours nerveux, faisait les cents pas dans la pièce, ses pensées visibles sur son visage marqué par l'angoisse. Après la trahison de Coyote, l'imprévu de Cheikh Bamba Dieng, puis l'imminente menace venant de Moussa et de sa mère Siré, il était au bord de la rupture. Mais ce qui se passait maintenant avec son fils aîné était bien plus grave. Pape, son propre fils, semblait être un point de non-retour dans ses plans. Ce dernier était désormais impliqué dans ce qui échappait complètement au contrôle de Mor Talla, et chaque geste de Pape semblait faire écho à un destin que Mor Talla redoutait.

Soleil de mes nuits... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant