Chapitre 4 - Le mensonge

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Elle ouvrit enfin les yeux. Tout était flou. Le bruit des roues du train sur les rails s'était évanoui et remplacé par une résonance aiguë qui se répétait à intervalle régulier. Ses membres étaient encore engourdis, son corps paralysé sur un lit trop petit.

La lumière s'épaissit peu à peu pour finalement renvoyer le reflet d'un visage connu, celui de Georges !

- Georges ? dit-elle péniblement. Où suis-je ?

- Tu es à l'hôpital Lucie. Mais tout va bien, ne t'inquiète pas !

Elle tourna un peu les yeux. Christine était à côté de lui, inquiète.

- Que s'est-il passé ? demanda-t-elle difficilement.

- Nous t'expliquerons plus tard. Nous avons eu très peur pour toi mais maintenant tout va s'arranger.

Elle était trop épuisée pour pouvoir répondre quoi que ce soit. Elle ne comprenait plus rien à ce qui passait, mais visiblement le retour vers le futur n'avait pas été un succès. Elle ne se rappelait de rien et surtout elle n'avait pas revu Benjamin.

Elle replongea dans un sommeil profond pendant encore une heure. Lorsqu'elle ouvrit à nouveau les yeux, Georges et Christine n'avaient pas quitté leur poste.

- Est-ce que ça va ? demanda Christine les yeux rouges.

- Je me sens bizarre, répondit Lucie, mais ça va. Dites-moi ce qui s'est passé.

- Hier soir, nous t'avons retrouvée au lit. On n'arrivait pas à te réveiller. Puis, on a vu les somnifères et on a cru à une tentative de suicide. On a tout de suite appelé l'ambulance qui t'a fait un lavage d'estomac.

- Mais combien de somnifères ais-je pris ?

- Apparemment que deux ou trois, mais comme on ne savait pas combien tu en avais pris, on a tout de même fait un lavage.

- Quelle heure est-il ?

- Il est sept heures du matin. Nous avons veillé toute la nuit.

- Toi aussi, Christine ? demanda-t-elle perplexe.

- Oui, Georges m'a appelée au travail pour me dire ce qui se passait. Nous avons alors ensemble demandé une ambulance.

- Merci ! Mais je veux que vous sachiez que je n'ai pas tenté de me suicider. J'ai juste pris des somnifères pour dormir un peu...

- On sait, Lucie. On sait...

Georges s'en alla chercher du café. Lucie en profita pour parler à Christine.

- J'ai simplement voulu retomber dans mon rêve.

- Oui, j'avais compris. Dis-moi ce qui s'est passé.

- Rien, dit-elle déçue. Rien du tout ! Je ne comprends pas. Je me suis endormie et je ne suis pas retournée dans le Thalys à côté de Benjamin ! On dirait que le charme s'est rompu. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi.

- Ecoute, je conçois que la rencontre de Benjamin à la terrasse hier a été très perturbante. Mais tout peux s'expliquer. Peut-être as-tu vu Benjamin quelque part et que tu l'as simplement oublié. Ensuite il réapparaît dans ton rêve et quand tu le vois en vrai, tu crois en ton rêve. Mais parfois notre cerveau nous joue des mauvais tours. Tu devrais essayer d'oublier tout ça et de te reposer.

- Je ne peux pas oublier. C'était trop troublant et je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas retournée là-bas !

- C'est la preuve que tout ça n'était qu'un rêve et que tu ne retourneras plus jamais là-bas. C'est fini maintenant.

NévroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant