Chapitre 38 - Adieu mon Amour

148 20 13
                                    

Lucie et Thibaut avaient passé la nuit dans une des chambres du premier étage de la maison. Cela faisait longtemps qu'ils n'avaient plus partagés d'intimité dans la liberté totale, sans la crainte d'être surpris. Elle était aux anges. Malgré l'angoisse qu'elle ressentait en pensant à Charlotte, elle savait que l'homme de sa vie était près d'elle et qu'il pourrait la protéger.

Ce fut la première à se réveiller. Elle se leva et ouvrit les tentures. La lumière du soleil réveilla Thibaut à son tour.

Il sourit.

- Tu as passé une bonne nuit ? demanda-t-il doucement.

- Oui, grâce à toi. Nous sommes enfin réunis. C'est ce qui compte le plus pour moi.

- Je t'aime !

- Habille-toi, dit-elle après une courte pause. Didier nous a sûrement préparé le petit-déjeuner. Je n'ai pas envie qu'il sache que nous avons passé la nuit dans la même chambre.

- J'imagine !

- On se retrouve dans la cuisine.

Elle quitta la chambre comme une enfant qui avait commis une grosse bêtise. Le visage radieux, elle remonta dans sa salle de bain pour s'apprêter.

Elle s'habilla de sa plus belle robe. Elle était coiffée d'un chignon simple mais élégant. Un petit collier de perle ornait admirablement son cou tandis que des boucles d'oreilles dorées enjolivaient ses traits radieux.

Elle descendit les escaliers comme une princesse et rejoignit la cuisine le sourire en bouche. Didier était assis à table à côté de Thibaut. Ils attendaient impatiemment son arrivée. L'atmosphère était lourde. Les traits des deux hommes reflétaient une certaine angoisse.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-elle en laissant son sourire s'évanouir.

- Nous venons d'avoir un coup de fil de la police... s'exclama Didier la voix enrouée.

- Et alors ? osa-t-elle à peine rétorquer.

- On a retrouvé Charlotte sur son divan... sans vie. Apparemment, elle aurait fait une crise cardiaque.

Un silence mortel s'installa. Elle baissa la tête, choquée. Ses yeux fixaient le sol sans pouvoir s'en détacher. Soudainement, une tristesse intense se mêla à de la colère profonde. Elle ne dit pas un mot. Comme si elle venait d'être victime d'un accident violent, elle resta immobile, figée.

Thibaut se leva, inquiet.

- Est-ce que ça va ?

- Oui... dit-elle lentement. Je suis juste en état de choc...

- La roue vient à nouveau de tourner ! répliqua Didier sans transition.

- Nous en reparlerons plus tard, répondit Thibaut. Il faut que Lucie aille se reposer.

- Non ! dit-elle en levant la tête. Didier a raison, il faut qu'on en parle. Sa mort implique de nouvelles choses.

Elle s'assit à table, retenant au maximum ses larmes débordantes.

- Nous n'étions pas sûrs qu'elle était coupable, reprit-elle. Je ne veux pas avoir le souvenir d'une femme manipulatrice et meurtrière. Que peut-on faire pour savoir où est la vérité ?

- Nous sommes coincés, répondit Thibaut. Je te l'ai déjà dit. Si j'ordonne une expertise du corps de Julian, c'est toi qu'on inculpera de meurtre, pas Charlotte.

NévroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant