Chapitre 32 - L'exécution

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Comme une brume matinale caresse un lagon tranquille, l'esprit de Lucie vaguait dans un nuancé de quiétude et de bien-être. Son corps posé sur un nuage de coton reposait tel un enfant dans son berceau. Quelques sons d'une musique mélodieuse susurraient à ses oreilles un plaisir infini. Une chaleur intense et pure réchauffait son cœur endolori par des égratignures profondes frappées par la douleur. Elle ouvrit les yeux et c'est dans un océan bleu de l'encre de ses larmes qu'elle se réveilla lentement. Elle portait sur elle une longue robe blanche vierge de souillure. Un souffle brûlant choyait ses cheveux cendrés et les balayait sensuellement dans l'antre de ses seins. L'apparition d'un miroir se fondit dans un florilège de milles feux panachés aux couleurs de l'amour.

Elle se réveilla en sursaut, le souffle haletant. Tout était encore sombre, brumeux. Elle regarda tout autour d'elle comme une fille qui a perdu sa mère. Elle ne reconnaissait pas l'endroit, il était encore voilé par une épaisse couche de fumée. Mais soudain, elle se sentit secouée par les cris d'une voix familière. C'est ainsi qu'aussitôt les éléments se reconstituèrent. Face à elle, Karin observait effrayée le corps de Luca gisant à terre au milieu des milles morceaux d'argile.

- Oh mon Dieu ! s'écria Lucie. Partons ! Partons vite avant qu'il ne se réveille.

Karin ne répondait pas, livide.

- S'il te plaît Karin. Dépêche-toi, on doit partir !!

- Non... rétorqua-t-elle solennellement, il ne va pas se réveiller !

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?! Je l'ai simplement assommé. Il va probablement reprendre ses esprits dans quelques secondes. Il faut faire vite !

Karin ne bougeait pas, comme paralysée par une force surhumaine. Paniquée, Lucie s'approcha de son amie et la secoua pour la sortir de sa torpeur.

- S'il te plaît, allons-nous-en avant qu'il ne nous tue !

- Tu n'as pas compris, répliqua Karin. Il ne nous tuera pas.

- Mais comment peux-tu en être si certaine ?

En guise de réponse, Karin s'avança vers le bureau et ouvrit le deuxième tiroir. Sous le regard effaré de Lucie, elle en sortit un revolver. Sûre d'elle, elle s'approcha de Luca qui commençait déjà à ouvrir les yeux.

- Qu'est-ce que tu fais ? cria Lucie terrifiée.

- Je fais ce qu'il faut faire, dit-elle froidement.

Sans réfléchir une seconde de plus, avec sang froid, elle tira tout droit une balle sur la tempe de Luca. A une vitesse éclair elle transperça sa tête. Un jet puissant de sang éclaboussa la pièce entière.

Les murs transpiraient déjà de son sang encore chaud alors que Karin souriait sournoisement.

Au bord de l'évanouissement, Lucie recula d'un pas.

- Mais pourquoi ? sut-elle à peine s'exclamer. Pourquoi ?

Karin la regarda indifférente.

- Est-ce vraiment une question à poser ? dit-il la voix cinglante. Cet idiot voulait me faire porter le chapeau. Il n'avait plus le droit de vivre. Quiconque se met en travers de mon chemin finit par le payer un jour ou l'autre. Tu comprends, Lucie ? Est-ce que tu comprends ?

- Mais Karin...

- Non, tais-toi ! Tu ne comprends rien de toute façon. Tout ce que tu sais faire, c'est voler les maris des autres. Et ça, crois-moi, c'est passible de la peine de mort dans certains pays !

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