Chapitre 17 - La lettre

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Cet instant précis fut un feu d'artifice qui consuma son cœur en un instant. Le visage de Thibaut était maintenant bien éclatant dans ses souvenirs et ses sentiments plus limpides que jamais. Elle ne pouvait plus nier l'évidence, c'était bien lui l'homme qui partageait ses instants privilégiés chaque semaine au chalet. Elle ne comprenait pas comment elle en était arrivée là, pourtant, son cœur ne mentait plus, elle en était amoureuse, comme jamais elle n'avait aimé personne !

Toutefois, prendre connaissance de ces souvenirs était comme tomber d'une falaise vertigineuse sans espoir de pouvoir être sauvée.

Livide, elle retira sa main de la poitrine de son amant.

Pendant un long moment, un silence pesant envahit la pièce.

- C'était toi ! dit-elle toujours sous le choc.

- Oui, Lucie. C'était moi. C'était moi, répondit-il avec émotion.

- Mais... mais comment est-ce possible ?

- Nous nous aimons depuis la première fois que nos yeux se sont croisés. Depuis que tu as été internée, nous avons décidé de nous voir une fois par semaine. Mais il fallait rester discret, c'est pourquoi tu as eu l'excellente idée qu'on se rencontre au chalet, un endroit où personne ne pourrait nous voir. Précédemment, il était le lieu où Georges et Christine passaient leurs week-ends, mais depuis sa mort, Christine ne le fréquentait plus. Cependant, comme tu oubliais régulièrement que le chalet existait, tu as décidé de cacher l'adresse dans la bouche incendie. Chaque semaine je t'envoyais un mot, te demandant d'aller voir cette fameuse bouche et alors... alors tu te souvenais de moi quelques instants et tu venais me rejoindre.

- Je ne peux pas croire cela ! dit-elle en transe.

- C'est pourtant la vérité, Lucie. J'ai passé les meilleurs moments de ma vie là-bas. Régulièrement, je mettais de l'argent dans le tiroir, pour que tu puisses payer le taxi et partir en toute discrétion. Mon Dieu, comme je suis heureux de te retrouver enfin ! Je t'aime !

Fougueusement, il la prit dans ses bras et l'embrassa de toutes ces forces. Elle se dégagea de son étreinte, le visage tiré. Elle semblait complètement hors d'elle, comme si cette terrible vérité était une tare grave et insurmontable.

- Je n'ai pas pu faire une chose pareille ! Tu es marié à Karin, mon amie ! Comment ais-je pu lui voler son mari ?

- Je n'ai jamais vraiment aimé Karin, tu le savais. C'est toi dont je suis tombé amoureux, à la minute où je t'ai vu à cette fameuse terrasse ! Nous nous aimons Lucie. Ne le ressens-tu pas ?

De l'autre côté de la porte, Karin venait de tout entendre. Complètement dévastée par la vérité éclatante, elle s'effondra à terre, dos contre le mur. Les larmes silencieuses remplacèrent ses cris muets. Son sang bouillant s'était subitement desséché pour faire place à la désolation et l'agonie. Mortifiée, elle tenta de s'enfuir, mais elle était paralysée par la souffrance. Elle ne pouvait faire autrement qu'entendre le reste de la scène peinte d'horreur...

- Je ne comprends pas ce qui m'est arrivé ! J'étais amoureuse de Georges à l'époque. Pourquoi ais-je jeté mon dévolu sur toi ?

- Parce que tu as appris qu'il avait abusé de toi. Depuis notre rencontre à la terrasse, nos liens se sont renforcés. Et comme c'est moi qui m'occupais de l'enquête, j'avais souvent l'occasion de te voir et de te parler.

- Pourquoi t'es-tu marié avec Karin alors ? C'est complètement insensé !

- Ton amnésie jouait en ma défaveur. J'ai bien cru que notre amour ne serait jamais possible. Et... Karin était là... elle m'aimait et m'avait promis de m'aimer jusqu'à la fin de mes jours. Résigné, je me suis jeté dans ses bras. Mais j'ai commis la plus grosse erreur de ma vie, car c'est toi que j'aimais à travers elle.

NévroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant