Chapitre 40 - Le congélateur

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La porte de sa limousine s'ouvrit. Elle peina à sortir. Tout ce qu'elle venait d'apprendre la hantait déjà. Elle était comme dans un état second, plus rien n'atteignait complètement son esprit. Les mots de Julian résonnaient toujours dans sa tête, se bousculaient dans son cœur et déchiraient ses veines d'une douleur insupportable. A cet instant précis, elle se rendit compte qu'elle ne connaissait pas son défunt mari. Elle avait passé deux années de sa vie avec un homme qui lui avait caché son passé. Il avait gardé bien soigneusement ses secrets pour les révéler d'une manière trop théâtrale. Elle avait eu son compte d'intrigue et d'angoisse. Il était temps que ça cesse !

Elle avait déjà mal au ventre à l'idée de passer devant le notaire et de recevoir une humiliation de plus. Il fallait pourtant qu'elle soit présente et qu'elle affronte son avenir.

Elle ferma quelques secondes les yeux. La seule chose qui était encore réconfortante, était de sentir son enfant vivre à l'intérieur d'elle-même. C'était sa seule lumière, son espoir, sa vie. Il n'y avait plus que ça d'important dans son existence : le fruit de son amour avec Thibaut.

Elle sortit péniblement de la limousine et se dirigea lentement vers la porte d'entrée. Le ciel était gris, il menaçait sérieusement de pleuvoir des pluies torrentielles. Le temps était, pour une fois, en parfaite harmonie avec son humeur. Elle poussa la porte en espérant pouvoir s'effondrer en sanglot dans les bras de Thibaut. Mais après être passée dans toutes les pièces de son immense maison, elle ne le trouva pas.

Juliette apparut inopinément dans la cuisine.

- Bonjour Juliette ! Savez-vous où se trouve Thibaut ? Je ne vois pas non plus Didier. Où sont-ils passés ?

- Didier et monsieur Denale sont partis à toute vitesse, il y a une demi-heure environ.

- Pourquoi ? dit-elle effrayée.

- Je n'en ai aucune idée, madame. Je suis désolée.

Elle ne répondit pas et se précipita dans le salon pour rechercher son portable caché dans son sac à main. Elle sentait qu'il s'était passé quelque chose de grave. Tremblante, elle composa le numéro du portable de Thibaut. Après quelques tonalités, il répondit.

- Allô ?

- Thibaut ? C'est moi ! Où es-tu ? Je suis inquiète ! Juliette m'a dit que vous étiez partis à toute vitesse. Que s'est-il passé ?

- Ne t'inquiète pas. Vu que nous avions des soupçons, j'ai demandé ce matin à l'unité de la police régionale de me prévenir s'il se passait quelque chose avec Viviane Jamboux. Elle m'a appelé il y a une demi-heure pour me dire qu'elle avait été victime d'un cambriolage.

- Quoi ? Mais c'est impossible !

- Nous sommes sur place. Je vais entrer dans son appartement dans quelques secondes. Nous verrons ce qu'il en est réellement.

- Non, écoute-moi, dit-elle en haussant le ton, je te dis que c'est impossible ! Christine est là !

- Christine ? Que veux-tu dire ?

- Ce serait trop long à t'expliquer maintenant mais j'ai découvert la quasi culpabilité de Viviane. Christine m'a téléphoné et elle s'est proposée d'aller chez Viviane pour récupérer une cassette vidéo qui pourrait nous servir de preuve. Viviane ne s'est certainement pas fait cambrioler ! Il a dû se passer quelque chose ! Oh, je t'en prie, dit-elle affolée, il faut retrouver Christine au plus vite.

- D'accord. Je vais voir ce qui se passe.

Elle raccrocha, le souffle haletant. Un mauvais pressentiment envahit subitement son corps. Elle s'assit quelques secondes pour respirer un grand coup. Puis, après avoir attendu quelques secondes qui lui semblèrent une éternité, elle prit à nouveau son portable et composa le numéro de sa sœur...

NévroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant