Chapitre 9 - Révélations

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La photo de mariage de Christine et Georges brillait encore dans cet album poussiéreux. A côté des mariés, Karin et Lucie posaient en demoiselles d'honneur. Un petit mot inscrit en dessous de cette image effrayante indiquait la date de l'évènement : le 25 janvier 2002.

Karin tint Lucie par les bras avec prudence car elle semblait encore dans un état second. Elle fixait la photo, les yeux grands ouverts et le regard incrédule.

- Assieds-toi Lucie, répliqua immédiatement Karin anxieuse.

Elle ne bougeait pourtant pas.

- Lucie, s'il te plaît, assieds-toi.

Elle s'exécuta tout en fixant sans arrêt cette photo. Effrayée par l'état dans lequel cela mettait Lucie, Karin ferma l'album.

Les membres de Lucie restaient figés. Ses bras ne voulaient plus bouger, ses jambes étaient cimentées au sol. Ce n'était plus cette photo qui la paralysait mais bien ce qui venait de se produire avant son nouveau bon dans le futur.

- Je ne devrais pas être ici, s'exclama-t-elle lentement. Je devrais être morte !

Choquée, Karin courut jusqu'à la cuisine où elle prépara un grand verre d'eau. Elle retourna immédiatement au salon et jeta le verre sur le visage pétrifié de Lucie. Cette dernière poussa un cri de d'effarement avant de reprendre ses esprits.

- Est-ce que ça va ? demanda Karin après quelques secondes.

- Oui... oui..., dit-elle sans conviction.

- Que s'est-il passé ?

- Je suis retournée dans le présent... enfin... dans le passé !

- Tu te souviens maintenant ?

- Je ne sais pas...

- Viens, assieds-toi sur le divan. Je vais chercher les pâtes. Quand tu auras mangé, tout ira mieux.

Lucie s'exécuta et alla se reposer sur le fauteuil. La chaleur émanant du feu de bois transperçait sa peau. Une sensation de bien-être envahit son corps. Même si elle ne comprenait pas ce qu'elle faisait là ni pourquoi elle n'avait pas été tuée dans la salle de bain, cet endroit était réconfortant, si serein, si chaud, si bon.

Karin apporta le repas que Lucie dévora en un instant. Le sourire de son hôte était si agréable à voir. Ses yeux reflétaient de l'amour et de l'amitié pour elle. Cette femme ne pouvait être qu'une aubaine, quelqu'un sur qui elle pouvait compter, assurément.

- Raconte-moi tout, dit-elle. Qu'est-ce que ça t'a fait de voir la photo de mariage de Georges et Christine ?

- Un choc, comme tu as pu le voir. Mais ça m'a ouvert les yeux sur ce qui se passait réellement. J'espère seulement ne plus l'oublier.

- Tu as toujours été amoureuse de Georges et ton cerveau a volontairement oublié le fait qu'il était promis à ta sœur Christine. Tu t'es créé un monde à part où tu croyais que tes rêves étaient réalité.

- Peut-être. Mais Georges m'a fait croire que c'était la réalité !

- C'était d'un commun accord avec Christine. Le docteur a toujours assuré qu'il ne fallait pas te procurer des chocs sous peine que ton amnésie s'aggrave. Ce qui, cela dit en passant, a été démenti aujourd'hui. Lorsque ta mère est morte, tu n'avais plus nulle part où aller. C'est pourquoi Christine t'a hébergée chez elle. Quelques jours plus tard tu croyais déjà que Georges était ton mari et tu avais oublié que Christine était ta sœur. Je me rappelle encore la voir arriver chez moi en pleur, m'expliquant que tu avais encore tout oublié et que cette fois elle n'était même plus libre de vivre chez elle en toute liberté.

NévroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant