Chapitre 47 - Un repos éternel

85 18 7
                                    


Didier venait d'arriver dans sa grande maison. Il espérait de tout cœur que Juliette réapparaisse et qu'elle lui dise enfin ce qu'elle avait fait de Déborah. Il entra, le cœur haletant, rempli d'espoir. Le front en sueur, dans un état second, il entra au salon.

Juliette était là.

Couchée sur le divan, elle ne bougeait plus. Du sang sur son chemisier laissait présager une terrible histoire. Son visage coupé par des larmes abondantes inondait l'atmosphère d'un sentiment d'angoisse. Lorsqu'elle vit Didier, elle se leva, fragile et titubante.

- Juliette ! s'écria-t-il solennellement. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Muette, elle ne bougeait pas, le regard fixé au sol, comme si une tragédie horrible venait de frapper à nouveau.

- Parle-moi ! cria-t-il anxieux. Où est Déborah ? Où est-elle ?

Elle leva la tête, possédée par la malice.

- Elle est morte ! dit-elle froidement. Elle est morte !

Il ne répondit pas, livide. Un silence implacable s'empara de la pièce et plongea les deux acolytes dans un tourbillon d'effroi et de panique.

- Qu'est-ce que tu dis ? C'est impossible ?! Que s'est-il passé ?

Elle s'assit, tout en pleurant toutes les larmes de son corps.

- Je ne sais pas ce qui est arrivé, dit-elle avec conviction. Lorsque je suis sorti de l'hôpital, j'ai tout de suite sorti Déborah du panier mais... elle ne respirait plus !

- Oh mon Dieu !

- La couverture dans laquelle nous l'avons précieusement emmitouflée l'a étouffée ! Quand j'ai vu qu'elle était sans vie, j'ai paniqué, je ne savais plus quoi faire. Je ne pouvais pas vous rejoindre dans cette voiture et regarder en face Lucie pour lui avouer que sa fille était morte. Alors je me suis enfuie.

- Comment as-tu fais ?

- J'ai marché longuement. Puis un taxi m'a prise.

- Où as-tu été ?

- Je ne savais pas quoi faire du corps. J'étais tétanisée. J'avais l'impression que la police était à mes trousses et j'imaginais déjà la réaction de Thibaut et Lucie lorsqu'ils apprendraient la nouvelle. J'ai demandé au taxi qu'il m'amène près de la Seine. J'ai jeté l'enfant dans l'eau...

Elle sombra en sanglot, laissant les larmes de crocodiles courir sur ses joues rouges d'émotion. Choqué, Didier ne sut quoi répondre. Il s'assit à son tour, en transe. Il regarda Juliette, anéanti.

- C'est quoi le sang sur ton chemisier ?

- Je suis tombée près de la Seine, dans les bois. Je me suis blessée avec les branches d'arbre. Rien de grave.

Il acquiesça. Il se sentit tout à coup coupable d'avoir prit Juliette pour un traitre et d'avoir pensé qu'elle était complice de Viviane.

- Je dois prévenir Thibaut et Lucie.

- Qu'est-ce que je vais faire ? demanda-t-elle horrifiée. Je ne peux pas rester à Paris. La police doit me rechercher et je n'ai pas le courage de rejoindre Thibaut et Lucie. Je dois partir, je dois m'enfuir à nouveau.

- Pour l'instant tu ne fais rien. Il faut qu'on réfléchisse à la meilleure solution.

Il quitta le salon pour se rendre au bureau. La tâche de sang qu'il avait vu sur le chemisier de Juliette le troublait encore. Quelque chose clochait dans son récit, mais il était encore trop affecté par toute cette histoire d'évasion qu'il n'y prêta pas plus attention.

NévroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant